TTF : Robin des Bois met le paquet !

Publié par jfl-seronet le 14.10.2011
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La place de la Bourse toujours… Une deuxième fois, Robin des Bois est venu à Paris, le 14 octobre, en marge d’une importante réunion des ministre des finances du G20 pour défendre la taxe sur les transactions financières (Taxe Robin des Bois). Il avait promis de payer de sa personne pour défendre cette idée juste… il a tenu parole… lui. Nicolas Sarkozy fera-t-il de même ?
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"Nous sommes à un moment critique. Nous sommes passés de l’amusement distrait concernant cette proposition à la distance intéressée, puis à une phase plus réaliste, jusqu’à la faisabilité… maintenant, il ne reste plus qu’à !". C’est ainsi que Luc Lamprière, directeur général d’Oxfam France, résume les étapes qu’a connues la taxe sur les transactions financières (TTF ou Taxe Robin). Une nouvelle étape, c’est le pari que font les militants de AIDES et Oxfam France qui ont organisé le 14 octobre un rassemblement sur la place de la Bourse à Paris. La date n’a pas été choisie au hasard, elle coïncide avec une réunion de deux jours des ministres des finances du G20. Qu’attendre d’un tel rendez-vous ? "Nous n’attendons pas d’annonces particulières car elles seront réservées aux chefs d’Etat lors du G20 de Cannes, début novembre, mais que les pays qui ont déjà indiqué qu’ils étaient plutôt favorables à cette taxe sortent plus clairement du bois", précise Luc Lamprière.

Si la bande de Robin revient à Paris, c’est pour faire entendre un message : "Il n’y a plus d’excuse" aujourd’hui aux tergiversations. La TTF doit être créée. "0,05% [c’est le montant du prélèvement qui s’appliquerait aux transactions financières, ndlr], ce n’est pas grand-chose, mais pour le monde en développement cela peut tout changer (….) Des chefs d’Etat français et allemand aux parlements français et européen, en passant par la Commission européenne et même Bill Gates… tous s’accordent sur la faisabilité et la nécessité d’une telle taxe", explique AIDES qui a bien mobilisé pour être aux côtés de Robin pour ce come back parisien.
D’ailleurs, le voilà qui s’avance entouré de musiciens (créneau fanfare des Balkans pour BO des films de Kusturica). Ça sonne bien, ça sonne juste. Quant à Robin, il tonne fort. "Ensemble, depuis février, nous avons parcouru des kilomètres, rencontré des journalistes, des députés, des personnalités politiques, des économistes, des militants et des citoyens aux quatre coins de la planète, et plus particulièrement ici en France", indique l’homme au chapeau vert. Il rappelle que quelque 150 000 personnes ont déjà signé la "pétition pour demander au G20 l’instauration de la taxe sur les transactions financières". C’est "formidable" lâche le héros des bois car il y a urgence à ce que cette taxe voit le jour. "Car si ici [au Nord, ndlr], c’est la crise. Là-bas dans les pays du sud, les répercussions sont si fortes que les gens meurent. Dans la corne de l’Afrique, l’augmentation du prix des matières premières a plongé dans la famine 12 millions de personnes. En Ethiopie, le prix des aliments a augmenté de 45% rien qu’en juin 2011, rappelle Robin. Du côté de la santé, l’aide pour la lutte contre le sida au niveau mondial a baissé de 10% l’année dernière. Depuis, les malades africains souffrent de ruptures d’approvisionnement en médicaments et meurent". Du côté des organisateurs de la manifestation, on avance que ce sont les pays du G20 qui ont "créé et entretenu le système financier corrompu" qui a provoqué cette crise. Mais ce qui est plus insupportable encore, c’est que ce sont ces mêmes pays qui "coupent les vivres à ceux qui souffrent le plus de ses répercussions. Les spéculations inconséquentes du Nord ont fait des millions de victimes et de morts au Sud".

"Cette injustice est devenue insupportable. Taxer la spéculation, c’est aujourd’hui une urgence. Chaque jour qui passe sans cette taxe est une insulte aux peuples du monde (…) Et pourtant que nous proposent nos dirigeants ? D’attendre. Et d’attendre quoi ? De s’attendre les uns, les autres ! Nicolas Sarkozy dit : "La France ne taxera pas sans l’Allemagne". Angela Merkel dit : "L’Allemagne ne taxera pas sans la zone euro"? Et la zone euro répond que cela ne sera pas possible de taxer sans l’accord de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis qui, tous deux, refusent de taxer", ironise Robin des Bois. Avec ce schéma, on voit mal comment on pourrait aboutir dans quelques semaines à une conclusion heureuse : un accord, même partiel, en faveur de la TTF. "Il y a déjà eu des engagements, certes insuffisants, mais les signes en faveur de cette taxe sont réels, explique Luc Lamprière d’Oxfam France. La crise que nous connaissons a servi de révélateur, démontré la responsabilité de la finance et prouvé l’intérêt de notre demande. La question qui se pose pour nous porte surtout sur l’affectation du produit de cette taxe. Nous ne voulons pas qu’il soit affecté à d’autres choses que les grands défis que sont les urgences sociales et environnementales. Indépendamment de ce qui se passera en novembre prochain au G20 de Cannes, nous devons peser au niveau national, faire pression sur les candidats à l’élection présidentielle pour que cette taxe soit créée, y compris par la France seule, et que son produit ne soit pas détourné pour combler les déficits publics. C’est aux militants, à ceux de AIDES, et d’Oxfam, très mobilisés dans ce combat, de convaincre leurs députés, de sensibiliser leur entourage…".

Le pari pourrait être difficile. D’une part parce que la tentation va être forte d’utiliser cet outil pour combler rapidement les déficits publics. Après tout, si on en croit Robin des Bois, même avec un taux de 0,05%, la TTF est particulièrement rémunératrice. "Appliquée en France, une taxe (…) rapporterait 12 milliards d’euros par an. Une même taxe en Allemagne rapporterait 21 milliards d’euros", a-t-il expliqué lors du rassemblement de la place de la Bourse. Il va également être difficile car on voit bien que l’Europe a déjà son idée sur l’attribution. Commissaire européen au développement, Andris Piebalgs explique ainsi dans une interview au "Monde" (14 octobre). "Une partie de cette taxe doit être affectée au développement. La Commission [européenne] a arrêté le principe [d’une taxe sur les transactions financières] sans dire à quoi elle servirait. Chaque chose en son temps. Je n’exclus pas des financements innovants de source nationale, comme la taxe sur les billets d’avion. Mais, face à des problèmes aussi globaux que le changement climatique ou la faim, seule la taxe sur les transactions financières me semble à la hauteur des enjeux". Le pari est difficile aussi car la majorité actuelle en France ne soutient pas fortement ce projet. "Je note que des députés de l’UMP n’ont pas voté en commission des finances les deux amendements déposés à la loi de finances 2012 portant sur la création de cette taxe, y compris l’amendement déposé par l’UMP", note Luc Lamprière d’Oxfam France.

Du côté de Robin des Bois, on n’entend pas lâcher. Le héros des pauvres entend démontrer qu’il est bien de tenir ses promesses. C’est noble et surtout moral. Les organisateurs de la manifestation de la place de la Bourse avaient ainsi promis que Robin ne conserverait sur lui que 0,05% de ses vêtements… Un symbole, un geste… Eh bien, malgré le froid, place de la Bourse, Robin a tenu parole avant de bomber sur une banderole le montant de 0,05%. Il n’a conservé sur lui qu’un slip : 0,05 % de ses vêtements. Il faut du courage pour braver le froid (un strip tease à Paris en octobre, ce n’est pas rien). Il faut du courage pour tenir ses promesses. On verra si Nicolas Sarkozy en est capable !
La pétition sur la taxe sur les transactions financières peut être signée en ligne.