Vaccin anti-HPV : bientôt pour les hommes en France ?

Publié par Emy-seronet le 10.03.2010
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HPVcondylomescancer du col de l’utéruscancer anal
Une étude américaine vient de confirmer que Gardasil, l’un des vaccins qui protègent du papillomavirus humain (HPV), est très efficace dans la prévention du cancer anal chez les hommes gays.
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Alors que, depuis 2006 en France et 2007 au Canada, il n’était conseillé qu’aux jeunes femmes, le vaccin vient d’être recommandé aux hommes par les autorités canadiennes. A raison ? Très certainement. Selon une étude américaine récente, Gardasil, le vaccin anti-HPV, réduirait de 78% le risque de développer des lésions anales précancéreuses (dites dysplasies) chez les hommes gays. Ils sont 598 jeunes hommes (18-26 ans) ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes à avoir été vaccinés ; la moitié d’entre eux avec Gardasil, l’autre moitié avec un vaccin placebo (sans principe actif). Les formes de virus les plus fréquentes sont HPV 6, 11, 16 et 18 ; aucun des volontaires n’en était porteur avant le début de l’étude. Après deux ans et demi de suivi, les résultats sont tombés. Les responsables de l’étude ont constaté l’apparition de cellules précancéreuses dues au HPV chez vingt-quatre des candidats vaccinés avec le placebo, et seulement chez cinq des candidats vaccinés avec Gardasil. Aucun n’a développé de cancer. Depuis septembre 2009, aux Etats-Unis, le vaccin est conseillé aux garçons de 9 à 26 ans – avec la même condition que pour les filles : ne pas avoir eu de relations sexuelles ou avoir eu sa première relation sexuelle dans l’année précédant l’injection. Après les Etats-Unis et la Canada, ce vaccin va-t-il être recommandé pour les hommes en France ?

Gays et personnes séropositives : des groupes vulnérables au HPV

Déjà très efficaces pour prévenir le cancer du col de l’utérus chez les femmes, les deux vaccins anti-HPV commercialisés en France, Gardasil et Cervarix, sont recommandés aux jeunes femmes et remboursés à 65% par la sécurité sociale pour les jeunes femmes de moins de vingt-trois ans. Sachant qu’une dose de Gardasil coûte 135 (111€ pour Cervarix) et qu’il faut trois injections, la vaccination reste difficilement accessible pour les autres. En France, l’obstacle actuel à sa recommandation aux jeunes hommes semble être l’insuffisance de preuves pour faire le lien entre l’infection par le HPV et l’apparition de dysplasies (cellules précancéreuses) dans le canal anal. En attendant, l’évolution croissante des cancers liés au HPV dans la population masculine, et plus particulièrement dans la population gay, mérite l'attention. Des données américaines estiment que le virus est présent chez 65% des hommes gays et chez plus de 95% des hommes gays porteurs du VIH. Chez un homme gay, le risque de développer un cancer anal est 20% supérieur à la moyenne générale. Chez un homme gay séropositif, il est supérieur de 40%.

En attendant le vaccin pour tous…
Les HPV responsables des cancers se transmettent par contact direct entre des condylomes (lésions aussi appelées crêtes de coq ou verrues vénériennes) et des muqueuses non infectées - le plus souvent lors d’un rapport sexuel - mais le simple contact entre des organes génitaux infectés et non infectés, les doigts ayant touché des condylomes et le linge souillé peuvent également être vecteurs du virus. Le vaccin sonnerait la fin des symptômes disgracieux, douloureux et parfois fatals causés par le virus : apparitions de verrues dans les cas bénins ; lésions précancéreuses et cancéreuses dans les cas plus sévères. Il permettrait également d’en finir avec les traitements parfois lourds et contraignants qui sont actuellement utilisés pour traiter ces lésions au fort taux de récidive (électrocoagulation, cryothérapie (brulure des lésions par le froid), laser, application locale de crème à base de podophyllotoxine (Condyline) ou d’imiquimod (Aldara)). Mais nous n’en sommes pas encore là. Pour l’instant, pour prévenir le papillomavirus chez les hommes, les dépistages réguliers demeurent indispensables. Un dépistage systématique chez les personnes infectées par le VIH devrait être proposé et un examen proctologique (de la région anale) annuel est fortement conseillé aux hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes.

Les HPV responsables de cancers dans la gorge et le pharynx
Un dernier point en faveur de la vaccination des garçons. Ces dernières années, d’autres cas de cancers liés au HPV se sont multipliés dans les pays nordiques : les cancers de l’oropharynx et de la gorge. Les HPV qui en sont responsables se transmettent lors des rapports sexuels bucco-génitaux. Même s’ils semblent mieux répondre aux traitements que les cancers habituels (liés au tabagisme et à la consommation excessive d’alcool), les cancers de l’oropharynx et de la gorge liés au HPV posent un problème de santé publique. Le virus est présent chez tous, femmes et hommes, et toutes les catégories de population y sont exposées. Aujourd’hui, la conclusion semble difficilement contestable : le virus ne pourra être éradiqué par la seule vaccination des personnes de sexe féminin.

 Photo : ATunska

Commentaires

Portrait de romainparis

mon médecin traitant ne me parle pas de tous ces risques ! N'est-ce pas aberrant que ce soit moi qui doive chercher des infos.... Il est temps que je change de médecin.
Portrait de Kaaphar

salut,

L'éradication du HPV par le vaccin ce sera très bien pour les jeunes (femmes et hommes) qui arrivent sur le marché. Mais pour nous ? L'article mentionne une étude américaine qui estime que 95% des gays séropo seraient également séropos au HPV ! Ce qui est mon cas et très certainement le votre chers camarades "du bâtiment". J'ai "fait" régulièrement des condylomes qui ont été "brulés" (au laser) par mon cher hépato qui est donc également "procto" (l'avantage des coinfs !!).

Je vais vous raconter l'histoire d'un copain, homo S+ et à dominante passive. Tout sa vie, il a été emmerdé par des condylomes (comme dit dans l'article, ça récidive quasiment systématiquement) qui étaient "brulés" régulièrement. Jusqu'au jour où ont lui a annoncé ces mots "dysplasie de haut grade" ! On lui a alors proposé une radiothérapie (rayons qui détruisent les cellules présumées cancéreuse) qui marche dans 95% des cas !! Manque de pot, il est dans les 5% chez qui ça na pas marché. La seule alternative a été un ANUS ARTIFICIEL !!!! Mon père et d'autres personnes de mon entourage ont eu des "anus artificiel" (colostomies en langage médical) ; pour n'importe qui ce genre d'intervention, en ce qu'elle modifie sérieusement le schéma corporel et "l'image de soi" n'est pas facile à accepter mais d'autant plus pour quelqu'un/une pour qui le cul ne sert pas qu'à chier !

Donc, donc !! à toutes celles et ceux qui aiment se faire tâter la rondelle, il est TRÈS important d'aller faire un tour régulièrement chez un procto (les MG ne sont pas équipés d'anuscopes). Cette histoire vraie, c'est juste pour rappeler l'importance à s'en soucier, en rappelant que les radiothérapies (si on doit en arriver là) marchent dans 95% des cas.

surveillez vos petites fesses si vous voulez en profiter longtemps (et qu"'on" en profite longtemps...)

Kaaphar

Portrait de guppy

Salut Est-il normal d'aller voir son virologue sans que celui ci ne vous fasse déshabiller pour vous ausculter, n'est pas son devoir? Pourquoi faut-il toujours que je fasse la demande de vérifier si j'ai des condylomes ou pas. N y a t'il pas là un certain laissez aller de la part des médecins enfin pas tous j'espère.