Vaccins Covid-19 : le feuilleton

Publié par jfl-seronet le 07.02.2021
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ThérapeutiqueCovid-19vaccination

Côté lutte contre la Covid-19, la période récente aura été marquée par des problèmes d’import/export concernant les vaccins, des pressions politiques en tous sens, l’arrivée de nouveaux vaccins qui viendraient compléter la panoplie actuellement disponible. En France, la campagne de vaccination connaît toujours des soubresauts et les nouvelles ne sont pas enthousiasmantes sur le développement des variants.

659 cas d’effets indésirables signalés

Un nouveau point sur les effets indésirables a été réalisé fin janvier. Dans le cadre de la surveillance renforcée des vaccins utilisés contre la Covid-19, une enquête de pharmacovigilance est mise en place pour surveiller en temps réel le profil de sécurité des vaccins qui sont administrés. Les signalements d’effets indésirables peuvent être faits par les professionnels-les de santé, les personnes vaccinées ou leur entourage. Les résultats de cette évaluation et de ce suivi sont présentés et discutés collégialement de façon hebdomadaire au sein d’un comité spécifique de l’Agence nationale de sécurité du médicament avec les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV). Le deuxième rapport de pharmacovigilance réalisé par les CRPV et l’ANSM indique que « depuis le début de la vaccination, 659 cas d’effets indésirables ont été analysés » en France.

Nombre de malades hospitalisés élevé

Le nombre de malades de la Covid-19 hospitalisés reste à un niveau élevé, en France, autour de 27 000, de même que celui des personnes en réanimation (environ 3 000), selon les chiffres diffusés samedi 30 janvier par l'agence sanitaire Santé publique France. Trois semaines plus tôt, le 9 janvier, on comptait environ 24 000 malades de la Covid hospitalisés, dont 2 600 en réanimation. En moyenne, sur les sept derniers jours, environ 1 600 nouveaux malades de la Covid sont hospitalisés chaque jour en France, dont 250 en service de réanimation. Par ailleurs, quatre semaines après le début de la vaccination en France, près de 1,45 million de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin. Parmi elles, un peu plus de 41 000 ont déjà reçu les deux doses, selon Santé publique France. Malgré une situation épidémique jugée « préoccupante », le gouvernement a décidé de jouer une dernière carte pour éviter un troisième confinement, en renforçant plusieurs mesures de restriction.

Les pharmacies demandent à vacciner

Les pharmaciens-nes demandent à vacciner contre le Covid-19 « le plus rapidement possible, même s'il n'y a pas beaucoup de doses » disponibles pour « infuser (…) au plus profond du territoire », a indiqué le 28 janvier le Conseil de l'Ordre, qui attend un feu vert officiel. « On peut se féliciter du grand nombre de personnes vaccinées aujourd'hui mais le problème c'est que l'on ne cible pas encore assez la population cible, les personnes âgées de plus de 75 ans », a indiqué la présidente de l'Ordre des pharmaciens, Carine Wolf-Thal, à la presse. C'est une nouvelle qui pourrait faire connaître à la vaccination en France, une sérieuse accélération. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a annoncé, le 1er février, que les pharmaciens-nes seront « mobilisés dans la campagne de vaccination », une fois que le vaccin AstraZeneca sera disponible en France, ce qui devrait être le cas courant février.  « Ils vont pouvoir vacciner, évidemment, parce qu'on a besoin d'eux, parce qu'on a un maillage d'officines sur notre territoire qui est extrêmement dense », a déclaré le ministre lors d’une interview sur France 5. Ce vaccin peut se conserver dans des frigos standards, ce qui facilitera son déploiement.

Brouille entre les 27 et AstraZeneca

Guerre des nerfs ! Le groupe pharmaceutique suédo-britannique AstraZeneca subit depuis plusieurs jours les foudres des dirigeants-es de l'Union européenne, en raison de retards de livraisons. AstraZeneca avait argué, il y a quelques jours, d'une « baisse de rendement » sur un site de fabrication européen, expliquant ne pouvoir livrer « qu’un quart » des doses initialement promises à l'Union européenne au premier trimestre. Une annonce qui ne passe pas auprès de Bruxelles, qui a précommandé jusqu'à 400 millions de doses du vaccin. L’Union européenne n'est pas convaincue par ces justifications, les jugeant « insatisfaisantes ». Elle a d’ailleurs demandé une inspection d'une usine belge du laboratoire. L'inspection a eu lieu et « certains documents et données » saisis sont « en cours d'examen », a rapporté (28 janvier), l’AFP citant une porte-parole de l'agence fédérale belge des médicaments et des produits de santé (AFMPS). Deux problèmes se posent : l’incapacité du labo a honoré les clauses de son contrat, la question de l’utilisation dudit vaccin chez les personnes de plus de 65 ans. En effet, si l'accès du vaccin AstraZeneca devait être réservé uniquement aux moins de 65 ans, cela contraindrait la plupart des gouvernements européens à réexaminer leur stratégie axée sur la vaccination prioritaire des plus âgés-es. L'Union européenne doit explorer les moyens juridiques dont elle dispose afin de sécuriser les approvisionnements en vaccins précommandés dans le cas où les négociations avec les entreprises sur les retards de livraison s'avéraient infructueuses, a déclaré dans une lettre le président du Conseil européen, Charles Michel. Certains des Vingt-Sept ont, en outre, proposé d'intenter une action en justice pour contraindre les sociétés pharmaceutiques à honorer leurs engagements. La lettre de Charles Michel, écrite à l'attention de quatre dirigeants européens, suggère que cette option est désormais sérieusement envisagée. L'UE pourrait, si cela était « jugé politiquement opportun », avoir recours à l'article 122 en vertu duquel les États membres de l'Union prendraient « des mesures appropriées à la situation économique ». Les membres du bloc communautaire européen et AstraZeneca ne sont en effet pas parvenus à s'entendre, fin janvier, sur la question du retard pris par le laboratoire, a indiqué la commissaire européenne chargée de la Santé Stella Kyriakides.

L’affaire AstraZeneca crispe tant l’Union européenne que Bruxelles a décidé de mettre sur pied un mécanisme pour contrôler les acheminements hors de l’UE des vaccins contre le Covid qui y sont produits et interdire les exportations non « légitimes », ont indiqué le 28 janvier des responsables européens. Ce « mécanisme de transparence et d’autorisation pour l’exportation » est une « mesure d’urgence », ont expliqué ces responsables, cités par l’AFP. Il permettra d’obtenir des informations sur l’exportation hors du bloc des vaccins contre le Covid-19 produits dans des usines localisées dans l’UE, l’une des principales régions productrices de vaccins dans le monde. En pratique, les entreprises voulant acheminer des vaccins hors de l’UE devront contacter les autorités de l’État membre où est située l’usine afin d’obtenir un feu vert, qui devrait en principe être accordé « en l’espace de quelques heures », soutient un haut responsable européen. Des exceptions, notamment pour les acheminements à visée humanitaire, sont prévues. « Il sera possible, dans certaines circonstances, de ne pas donner d’autorisation », et ce « dans de rares cas », mais « le principe de base est que les exportations prévues auront bien lieu », selon un autre responsable. Et d’insister: « Il ne s’agit pas d’une interdiction des exportations. Ce n’est pas notre intention (...) L’idée est que tout le monde, dans un contexte possible de tensions, soit assuré que ces exportations sont légitimes », et ne se font pas au détriment des contrats signés avec l’UE. Dans une lettre envoyée à quatre des Vingt-sept États membres, le président du Conseil européen Charles Michel a salué l’initiative, « un instrument garantissant que les doses destinées aux États membres ne seront pas indûment exportées ailleurs ». Le dispositif est fondé sur une réglementation européenne à laquelle l’UE avait déjà recouru l’an dernier pour réguler les exportations de matériel médical. Bruxelles assure se conformer aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Après que la Commission a massivement investi pour aider les laboratoires à développer des vaccins et accroître leurs capacités, ce contrôle est « quelque chose que nous devons aux citoyens (...) aux contribuables », souligne un responsable, jugeant qu’« aucune entreprise en particulier » n’est visée.

Le laboratoire allemand BioNTech a annoncé lundi 1er février une accélération des livraisons à l'Union européenne de son vaccin développé avec l'américain Pfizer, promettant jusqu'à 75 millions de doses supplémentaires au deuxième trimestre 2021. L'objectif : fournir « la quantité de doses sur laquelle nous nous sommes engagés au premier trimestre » ainsi que « jusqu'à 75 millions de doses supplémentaires à l'Union européenne au deuxième trimestre » dans le cadre des contrats existants, a expliqué Sierk Poetting, directeur financier, cité par l’AFP. L'UE a commandé en tout 600 millions de doses de ce vaccin baptisé « Comirnaty ».

Le vaccin AstraZeneca dès 18 ans

L'Agence européenne des médicaments (EMA) a approuvé le 29 janvier dernier l'utilisation dans l'Union européenne du vaccin AstraZeneca/Oxford contre la Covid-19, pour toutes les personnes âgées de 18 ans et plus, affirmant que le vaccin est également adapté aux personnes âgées. Point qui fait pourtant débat en Allemagne. « Le vaccin Covid-19 d'AstraZeneca est actuellement recommandé uniquement pour les personnes âgées de 18 à 64 ans », a d’ailleurs écrit jeudi 28 janvier la commission allemande de vaccination (Stiko) dans un document consulté par l'AFP. Son avis précise que « les données disponibles actuellement sont insuffisantes pour évaluer l'efficacité du vaccin au-delà de 65 ans ». AstraZeneca a aussitôt réagi assurant que « les dernières analyses (...) confirment l'efficacité du vaccin dans le groupe des plus de 65 ans ». «L 'EMA a recommandé l'octroi d'une autorisation de mise sur le marché conditionnelle pour le vaccin contre le Covid-19 AstraZeneca (...) chez les personnes à partir de 18 ans », a déclaré dans un communiqué le régulateur européen, basé à Amsterdam. C’est une bonne nouvelle puisque cela élargit les offres vaccinales avec désormais trois vaccins utilisables dans l’Union européenne.

La Haute autorité de santé (HAS) a publié un avis dans lequel elle recommande l’utilisation du vaccin anti-Covid d’AstraZeneca chez les professionnels-les de santé et les personnes de 50 à 64 ans, en commençant par celles qui présentent des comorbidités. En revanche, les données chez les personnes de plus de 65 ans n'étant pas encore assez robustes pour ce vaccin, la HAS recommande de vacciner ces dernières préférentiellement avec un vaccin à ARN messager. C’est-à-dire avec les vaccins actuellement disponibles en France. Le vaccin AZD1222 d’AstraZeneca est un vaccin à vecteur viral recombinant. Cette technologie consiste à utiliser un virus non pathogène, modifié afin de l'empêcher de se répliquer. Ensuite est intégrée dans son génome la séquence codant la protéine S du Sars-CoV-2, et ce afin d'induire une réponse immunitaire de l'organisme dirigée spécifiquement contre la protéine S, et donc contre le Sars-CoV-2, détaille un communiqué de la HAS. Co-développé par l'université d'Oxford et AstraZeneca, ce vaccin est le troisième à avoir obtenu, le 29 janvier, une autorisation de mise sur le marché conditionnelle dans l'Union européenne. Son efficacité est satisfaisante (entre 62 % et 70 % selon les études), sa tolérance est très bonne et ses modalités de conservation vont faciliter son déploiement sur le territoire. La HAS considère que ce « vaccin a toute sa place dans la stratégie vaccinale dans un contexte de circulation active du virus et d'évolution épidémique préoccupante ».

Novavax efficace à 89 %

Le vaccin de Novavax entre en piste. Les essais cliniques du vaccin contre la Covid-19 en deux doses de Novavax ont montré une efficacité de 89,3 %, a affirmé l’entreprise de biotechnologie américaine dans un communiqué, publié le 28 janvier dernier, se fondant sur des résultats d’essais de phase 3. Baptisé NVX-CoV2373, le vaccin de Novavax a le « potentiel pour jouer un rôle important dans la résolution de cette crise sanitaire publique mondiale », a fanfaronné le PDG de l’entreprise Stanley Erck. Reste que la nouvelle, « positive », a été contrebalancée par l’annonce conjointe que ce vaccin est bien moins efficace face au variant identifié en premier en Afrique du Sud. Variant que les scientifiques considèrent comme plus contagieux. Du coup, la firme pharmaceutique va se lancer dans le développement d’un nouveau vaccin ciblant précisément ce variant. Les essais cliniques, conduits au Royaume-Uni, ont impliqué 15 000 personnes âgées de 18 à 84 ans, dont 27 % avaient plus de 65 ans. La première analyse intermédiaire s’est fondée sur 62 cas de Covid-19, dont 56 ont été observés parmi le groupe placebo, contre six cas parmi ceux ayant reçu le vaccin NVX-CoV2373. L’analyse préliminaire indique que le variant identifié en premier en Angleterre a été détecté dans plus de 50 % des cas confirmés. L’efficacité du vaccin a été estimée à 95,6 % contre la souche initiale du coronavirus, et à 85,6 % contre le variant apparu au Royaume-Uni. L’efficacité apparaît bien plus basse dans une étude de plus petite ampleur conduite en Afrique du Sud. Cette dernière a impliqué un peu plus de 4 400 personnes, de septembre à mi-janvier, période durant laquelle le variant sud-africain s’est fortement répandu dans le pays. L’efficacité globale du vaccin était de 49,4 % dans ces essais, mais le nombre montait à 60 % parmi les 94 % de participants-es séronégatifs-ves au VIH, précise l’AFP.

Le vaccin de J&J efficace à 66 %

Nouveau venu, et de deux ! le laboratoire pharmaceutique Johnson & Johnson a annoncé vendredi 29 janvier que son vaccin contre la Covid-19 était efficace à 72 % pour prévenir la maladie. Ces résultats sont tirés d’un essai conduit aux États-Unis. Un essai plus large, sur trois continents et face à plusieurs variants du virus, a montré une efficacité moindre, de 66 %. Dans un essai clinique portant sur 44 000 volontaires, le niveau de protection contre les formes modérées et sévères de la Covid-19 est ressorti à 66 % en Amérique latine et à seulement 57 % en Afrique du Sud, où a été détecté un variant du coronavirus plus contagieux. Ces résultats sont inférieurs au niveau d'efficacité d'environ 95 % revendiqué par les deux vaccins autorisés (Pfizer-BioNTech et Moderna). Les essais de ces deux vaccins ont toutefois été conduits principalement aux États-Unis et avant la découverte de variants du virus. On sait aujourd’hui qu’ils sont efficaces sur le variant britannique, le plus présent en Europe.

GSK et CureVac travaillent à un nouveau vaccin

Le laboratoire pharmaceutique britannique GSK et son concurrent allemand CureVac ont annoncé mercredi 3 février s’unir pour développer un vaccin à ARN messager contre les nouveaux variants du coronavirus avec l’espoir d’être prêts pour 2022, indique l’AFP. L’objectif est de développer « un candidat vaccin qui réponde aux variants qui surviennent » pendant la pandémie, selon un communiqué. Il ciblera les variants qui émergent déjà et ceux qui pourraient arriver par la suite, selon les deux groupes pharmaceutiques. Les travaux vont commencer immédiatement avec l’espoir de pouvoir aboutir en 2022 sous réserve d’avoir le feu vert des autorités sanitaires. L’accord prévoit que GSK va verser 150 millions à la start-up allemande, ce qui permettra au britannique de détenir les droits du nouveau vaccin dans tous les pays sauf l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse. « Nous pensons que la prochaine génération de vaccin sera cruciale dans la lutte qui se poursuit contre la Covid-19 », a déclaré Emma Walmsley, directrice générale de GSK. Le labo indique dans un communiqué qu’il va, dans un premier temps, aider en 2021 à la production d’un premier vaccin déjà mis au point par CureVac et qui se trouve actuellement en phase 3 des essais cliniques. GSK s’engage à en fabriquer jusqu’à 100 millions de doses.

Trois semaines entre les injections

Trois semaines et pas plus. L’Agence européenne des médicaments (EMA) a recommandé jeudi 28 janvier un intervalle de trois semaines entre les deux injections du vaccin Pfizer/BioNTech, alors que l’espacement des doses pour les vaccins contre le Covid-19 fait débat. Les informations du produit, qui ont été mises à jour, « recommandent désormais l’administration de la deuxième dose trois semaines après la première », a déclaré l’agence dans un communiqué. Ces informations indiquaient auparavant « que l’intervalle devait être « d’au moins 21 jours », a ajouté l’EMA, précisant que cette décision a été prise par son Comité des médicaments à usage humain « afin de clarifier sa position » sur l’espacement des doses. Le vaccin contre le Covid-19 développé par l’américain Pfizer et l’allemand BioNTech, premier à avoir été autorisé dans l’Union européenne, en décembre 2020, repose sur l’injection de deux doses. L’EMA a rappelé que les participants-es dont les données ont été utilisées pour évaluer l’efficacité du vaccin ont reçu la deuxième dose « dans les 19 à 42 jours après la première », et que 93,1 % d’entre eux l’ont reçue dans un intervalle de « 19 à 23 jours ». « Il n’existe actuellement aucune donnée clinique sur l’efficacité du vaccin administré au-delà des intervalles utilisés dans l’essai clinique », a souligné l’agence. Cette annonce intervient alors que la possibilité d’espacer les doses de vaccins contre le Covid-19 de six semaines au lieu de trois ou quatre fait débat, des médecins craignant que cela nuise à l’efficacité de la vaccination. Récemment, le ministre français de la Santé Olivier Véran a annoncé que le délai entre les deux doses du vaccin Pfizer/BioNTech sera maintenu à « trois ou quatre semaines », en dépit des avis de deux autorités sanitaires, dont celui de la Haute autorité de santé (HAS) qui estimaient qu’on pouvait l’allonger à six semaines pour vacciner davantage de personnes.

Le vaccin Spoutnik… en orbite ?

Décision santé a demandé à Marie-Paule Kieny, directrice de recherche à l’Inserm et présidente du comité vaccin 19, si les vaccins chinois et russes pouvaient constituer une alternative face à la pénurie de vaccins. Réponse de l’experte : « Le vaccin russe Spoutnik est très certainement efficace. Nous avons conduit une mission française à Moscou où les résultats du vaccin Spoutnik nous ont été présentés de façon très collaborative », indique-t-elle. Elle ne croit pas, pour différentes raisons, que le vaccin russe puisse pallier les pénuries actuelles, même si elle note que les autorités russes ont déposé un dossier à l’autorité de régulation des médicaments européenne concernant leur vaccin. « En ce qui concerne les vaccins chinois inactivés, le règlement européen permettrait d'envisager un enregistrement national. Celui développé par Sinovac présente une efficacité de 50 % contre toute forme de Covid-19 (…) Ce laboratoire a signé un accord avec le Brésil et d’autres pays. Quant à celui de Sinopharm, son efficacité serait de 78 %. Il a été acheté par plusieurs pays, dont le Maroc », a-t-elle indiqué.

Le vaccin Spoutnik V est efficace à 91,6 % contre les formes symptomatiques de la Covid-19, selon des résultats publiés mardi 2 février dans la revue médicale The Lancet et validés par des experts-es indépendants-es, indique l’AFP.  « Le développement du vaccin Spoutnik V a été critiqué pour sa précipitation, le fait qu'il ait brûlé des étapes et une absence de transparence. Mais les résultats rapportés ici sont clairs et le principe scientifique de cette vaccination est démontré », ont estimé deux spécialistes britanniques, les professeurs Ian Jones et Polly Roy, dans un commentaire joint à l'étude du Lancet. Cela « veut dire qu'un vaccin supplémentaire peut désormais rejoindre le combat pour réduire l'incidence du Covid-19 », ont insisté ces chercheurs qui n'ont pas eux-mêmes été impliqués dans l'étude. Ces premiers résultats vérifiés d'efficacité corroborent les affirmations initiales de la Russie, accueillies avec méfiance à l'automne dernier par la communauté scientifique internationale… en l’absence de données publiées. Les résultats publiés dans The Lancet proviennent du dernier stade des essais cliniques du vaccin, la phase 3, qui porte sur près de 20 000 participants-es. « D'autres recherches sont nécessaires pour cerner l'efficacité du vaccin sur les cas asymptomatiques et sur la transmission » de la maladie, poursuit The Lancet dans un communiqué consacré à cette étude. Le Spoutnik V russe est un vaccin « à vecteur viral » : on prend pour base d'autres virus, rendus inoffensifs et adaptés pour combattre le Covid. C'est également la technique utilisée par le vaccin d'AstraZeneca/Oxford, efficace à 60 % selon l'Agence européenne des médicaments (EMA).

Faut-il redouter les variants ?

La question a été récemment posée à la professeure Marie-Paule Kieny, directrice de recherche à l’Inserm et présidente du comité vaccin 19, par le site Décision santé. « À ce jour, le variant brésilien nous paraît le plus préoccupant même s'il n'y a pas urgence de santé publique en Europe », indique le chercheuse. « Le mutant en Afrique du Sud a émergé dans une zone à forte circulation de virus associée à une population comprenant de nombreux patients immunodéprimés, voire traités avec des anticorps monoclonaux. Il faut s'habituer à vivre avec des variants. On dispose d'une certaine expérience avec la grippe. D'où l'importance à mener en permanence une épidémiologie moléculaire fine de ce virus ». Interrogé par Libération (25 janvier), le professeur Jean-François Delfraisy, président du conseil scientifique, a expliqué à propos de la présence du variant anglais (20I/501Y.V1) : « Les données consolidées de la première enquête Flash, effectuées les 7 et 8 janvier, montrent qu’environ 2 % des cas de Covid-19 diagnostiqués à ces dates étaient liés au variant anglais. Avec une hétérogénéité régionale, puisqu’en Île-de-France, on était un peu plus élevé, autour de 3 % ». On trouve de nouvelles précisions sur le site de Santé publique France. L’agence sanitaire indique que les 7 et 8 janvier : le variant 20I/501Y.V1 représentait plus de trois cas de Covid-19 sur 100. La découverte de variants du Sars-CoV-2 plus contagieux a conduit à mettre en place des études pour l’évaluation de leur degré de diffusion en France. Afin d’établir une première cartographie, le CNR Virus des infections respiratoires (Laboratoire associé de Lyon) et Santé publique France, en lien avec l’ANRS Maladies infectieuses émergentes, ont proposé à tous les laboratoires de biologie médicale (LBM) publics et privés de transmettre, pour confirmation par séquençage, les échantillons avec un résultat de RT-PCR suspectant un variant rendu les 7 et 8 janvier. Au total : 135 laboratoires (+46 par rapport aux résultats préliminaires présentés précemment), répartis sur douze régions de France métropolitaine, ont participé à cette enquête. Cette première enquête Flash a permis d’estimer que les variants 20I/501Y.V1 étaient responsables de 3,3 % des cas de Covid-19 diagnostiqués par RT-PCR en France au moment de l’enquête avec une présence hétérogène sur le territoire national pouvant varier de 0,2 % en Bourgogne-Franche-Comté à 6,9 % en Île-de-France. Une seconde enquête Flash a été lancée. Elle analysera les résultats des tests effectués le 27 janvier 2021. L’objectif de cette seconde enquête est de déterminer le niveau de circulation du variant 20I/501Y.V1 (Grande-Bretagne) mais aussi ceux des variants 20H/501Y.V2 (Afrique du Sud) ou 20J/501Y.V3 (Brésil).

Les noirs-es sous-représentés-es

Les personnes noires n'ont représenté que 5 % des personnes vaccinées contre la Covid-19 pendant le premier mois de la campagne de vaccination aux États-Unis, selon une étude des autorités sanitaires publiée lundi 1er février, alors qu'elles sont statistiquement plus touchées par la maladie, rappelle l’AFP. Entre le 14 décembre et le 14 janvier, près de 13 millions de personnes ont reçu au moins une dose de l'un des deux vaccins autorisés dans le pays, ont rapporté les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique dans le pays. L'ethnie d'environ la moitié d'entre elles est connue, soit environ 6,7 millions de personnes. Parmi celles-ci, seules 5,4 % se sont déclarées noires, contre 60,4 % se déclarant blanches, 11,5 % hispaniques, et 6 % asiatiques. Or, les personnes noires constituent aux États-Unis, où les statistiques ethniques sont très courantes, environ 15 % des deux catégories de population ayant prioritairement reçu une injection durant la première phase de vaccination : les soignants-es et les pensionnaires de maisons de retraite. Ces données sont publiées au moment où l'inquiétude grandit dans le pays sur les disparités en termes d'accès aux vaccins.  Les Afro-Américains-es ont 2,9 fois plus de risques d'être hospitalisés-es pour cause de Covid-19, et 2,1 fois plus d'en mourir, a rappelé le 1er février la Dr Marcella Nunez-Smith, chargée par le président Joe Biden de coordonner une réponse équitable à la crise du coronavirus.

Covax : les premiers pays bénéficiaires

Le dispositif Covax, destiné à fournir des vaccins contre la Covid-19, en particulier aux pays défavorisés, a publié mercredi 3 février la liste des premiers bénéficiaires et la quantité de vaccins qu'ils obtiendront au cours du premier semestre 2021. La distribution des vaccins se fera « en proportion de la taille de la population » des 145 pays qui figurent sur la liste, a déclaré Ann Lindstrand, spécialiste de la vaccination à l'Organsiation mondiale de la santé. Selon la liste, les pays qui recevront le plus grand nombre de doses au cours de ce semestre sont : l'Inde, le Nigeria, le Pakistan, l'Indonésie, le Brésil et le Bangladesh. Au total, les doses - environ 337,2 millions d'unités - couvriront 3,3 % de la population de ces 145 pays, indique l’OMS. Il s'agit de vacciner les plus vulnérables et notamment le personnel soignant. Piloté par l'OMS et l'Alliance du Vaccin (Gavi), Covax vise à fournir d'ici fin 2021 des doses à 20 % de la population des nations participantes.

L'ECDC suit les vaccinations

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a lancé lundi 1er février un nouvel outil permettant de suivre les vaccinations contre la Covid-19 à travers l'Europe. Ce qui permet d’avoir un aperçu de l'évolution des campagnes de vaccination dans chaque pays. L'ECDC, qui regroupe les 27 pays de l'Union européenne ainsi que le Liechtenstein, la Norvège et l'Islande, a publié sur son site une première série de données toutefois encore incomplète, note l’AFP. Si les États membres doivent communiquer leurs chiffres deux fois par semaine, certains, dont la France, n'ont pas encore fourni de données nationales. Selon les données dont dispose l'agence : 8,23 millions de doses de vaccins ont été administrées dans ses États membres - bien que ce nombre soit en réalité beaucoup plus élevé, prévient-elle.

L’OMS mène l’enquête à Wuhan

Interdiction, tracasseries administratives, pressions multiples… l’affaire commençait à prendre un tour singulier qui pourrait inspirer un récit façon John Le Carré. Finalement, les experts-es de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont enfin entamé vendredi 29 janvier à Wuhan (au centre de la Chine) leur enquête de terrain sur l’origine du coronavirus. Cette enquête doit les mener notamment sur des sites sensibles, commente l’AFP. Sortis-es de 14 jours de quarantaine, les membres de l’équipe de l’OMS ont discuté avec des scientifiques chinois avant de quitter leur hôtel pour se rendre dans un hôpital de Wuhan, où l’épidémie a débuté fin 2019. L’OMS a confirmé que ses enquêteurs-rices iraient bien au désormais célèbre Institut de virologie de Wuhan, qui est équipé de laboratoires P3 et P4 de haute sécurité. C’est ce laboratoire qui manipulait notamment des coronavirus à des fins de recherche. Dès le début de la pandémie, l’établissement a fait l’objet d’hypothèses, largement reprises par l’administration de l’ex-président américain Donald Trump, selon lesquelles le virus aurait pu s’en échapper avant de contaminer la planète. Une théorie qui ne s’appuie pour l’instant sur rien de tangible et que les autorités chinoises contestent. La dizaine d’experts-es doit se rendre au marché Huanan, premier foyer où l’épidémie de Covid-19 s’est manifestée et où étaient notamment vendus vivants des animaux sauvages qui auraint été porteurs du virus et l’auraient transmis à l’humain. Ce marché est fermé depuis plus d’un an. « L’équipe prévoit de visiter des hôpitaux, laboratoires et marchés », a souligné l’OMS sur Twitter. « Ils et elles s’entretiendront avec les premiers intervenants (contre la maladie) et certains des premiers malades de la Covid-19 ». L’emploi du temps précis des experts reste toutefois opaque. Leurs tweets et ceux de l’OMS constituent les principales sources d’information, la Chine étant quasi-muette sur cette visite, qu’elle ne semble pas apprécier et qui est, pour elle, « ultra-sensible politiquement », sur le plan intérieur comme international.

L’OMS appelle à vacciner plus vite

Mise en garde. L'Europe doit s'unir pour accélérer sa campagne de vaccination contre la Covid-19 avec l'appui de tous les laboratoires, a appelé, vendredi 5 février, le directeur de l'OMS en Europe. Hans Kluge a indiqué être inquiet sur le risque posé par les variants pour l'efficacité des vaccins. « Nous devons nous préparer » à d'autres mutations problématiques du virus, notamment en renforçant encore le séquençage, a-t-il affirmé auprès de l’AFP. Dans l'Union européenne, le taux de la population ayant reçu une première dose atteint à peine les 2,5 %, même si l'annonce par plusieurs laboratoires d'une augmentation de leurs livraisons a relancé les espoirs d'une accélération de la vaccination. « Nous devons nous unir pour accélérer la vaccination », a appelé Hans Kluge. Quant au fait de savoir si ces vaccins anti-Covid arrivés sur le marché depuis décembre vont rester efficaces contre les nouveaux variants, « c'est la grande question. Je suis inquiet », a-t-il admis. « C'est un rappel cruel que le virus a encore le dessus sur l'être humain, mais ce n'est pas un nouveau virus, c'est une évolution d'un virus qui essaie de s'adapter à son hôte humain », a-t-il rappelé. « Je suis honnête : je pense que le tunnel est un peu plus long que nous ne le pensions en décembre, mais cela va rester une année plus gérable » que l'an passé, a-t-il affirmé.

Beaucoup de dollars pour Pfizer

Pactole. Pfizer prévoit que les ventes de son vaccin contre la Covid-19, développé avec son partenaire allemand BioNTech, s'élèveront cette année à 15 milliards de dollars (12,47 milliards d'euros). Le groupe pharmaceutique a annoncé, début février, qu'il s'attendait à un chiffre d'affaires 2021 compris entre 59,4 milliards et 61,4 milliards de dollars. Le vaccin Pfizer BioNTech a été l'un des premiers à être autorisé en urgence aux États-Unis et dans plusieurs autres pays.  Au quatrième trimestre, le vaccin a généré 154 millions de dollars.