Vaccins Covid-19 : le feuilleton continue

Publié par jfl-seronet le 06.03.2021
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ThérapeutiqueCovid-19vaccin

Côté lutte contre la Covid-19, la période récente aura été marquée par des interrogations sur la capacité de la France à faire le séquençage, qui est pourtant une des clefs pour contrôler l'épidémie. Il y a toujours des problèmes d’import/export concernant les vaccins, des pressions politiques en tous sens, l’arrivée de nouveaux vaccins qui viennent compléter la panoplie disponible, et désormais un engagement de l’Europe contre les variants. On assiste aussi à une mobilisation pour un accès des pays à revenus faibles et limités au vaccin anti-Covid. De chercheurs-ses réfléchissent déjà à demain pour les nouvelles épidémies à venir.

Le séquençage traîne en France

Séquencer le génome du coronavirus. De l’avis de tous-tes les experts-es, l'opération est cruciale pour contrôler l'épidémie de Covid-19, en repérant l'apparition de nouvelles souches. Mais la France en fait très peu, poussant chercheurs-ses à s'inquiéter et laboratoires privés à proposer leurs services à l'État, explique l’AFP (18 février). « La France a énormément de retard sur ce sujet », regrettait récemment l'épidémiologiste Samuel Alizon, dans un entretien au site The Conversation. Le séquençage est une opération qui consiste à dresser un portrait détaillé du virus, via son génome, après l'avoir dépisté chez une personne infectée. En le faisant à grande échelle, on repère l'apparition de nouvelles souches comme les variants britannique, brésilien ou sud-africain détectés depuis fin 2020 et probablement plus contagieux que le Sars-CoV-2. C'est un outil essentiel pour maîtriser l'épidémie. Mais, en France « après (des) débuts encourageants, le séquençage s'est arrêté presque aussi net », regrette Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS et Institut de recherche pour le développement (IRD).

Sur l'ensemble des personnes testées positives au coronavirus en France, environ 0,15 % ont fait à ce jour l'objet d'un séquençage, selon Gisaid, la base de données de référence alimentée par des chercheurs-ses à travers le monde. Même si de nombreux autres pays sont à la traîne, comme l'Allemagne et l'Italie, cette proportion contraste avec des pays pratiquant un séquençage plus intensif comme le Danemark (20 %) et le Royaume-Uni (5 %). Ces derniers jours, plusieurs chercheurs-ses, comme Samuel Alizon, ont accentué leurs critiques sur ce retard, donnant aux opposants-es au gouvernement du grain à moudre  Interpellé à l’Assemblée nationale, le ministre de la Santé, Olivier Véran, s'est défendu d'un suivi insuffisant de l'épidémie en soulignant que des opérations de « criblage » du coronavirus étaient déjà menées à grande échelle.  Elles ont, ainsi, permis d'établir la présence importante de plusieurs nouvelles souches (sud-africaine et brésilienne) en Moselle, souligne l’AFP. Mais le criblage n'est pas le séquençage. C'est une opération bien plus partielle, qui ne permet que d'identifier des variants déjà connus. « Les complétement nouveaux, vous ne les voyez pas et les variants de la variante, vous ne les voyez pas non plus », souligne auprès de l'AFP le généticien Philippe Froguel. « Si ce variant mute, ça vous ne le voyez pas : c'est le séquençage qui vous le dira », insiste-t-il, notant que le criblage tend à donner une image déformée de la réalité en surestimant la présence des variants connus. Le criblage permet de prendre des mesures d'urgence, comme l'envoi de doses supplémentaires de vaccins en Moselle.  Mais, pour éviter d'être pris de court par l'apparition d'une souche plus contagieuse ou plus mortelle chez l'individu, le séquençage donne bien plus de visibilité. Pour être efficace, ce n'est pas la peine de séquencer tous les cas positifs, mais seulement un échantillon représentatif, précise le généticien. Il juge ainsi que 5 % serait suffisant. On en est loin, une situation attribuée par plusieurs chercheurs-ses à un manque d'investissement public de longue date en la matière, qui se traduit actuellement par un manque de personnel et d'efficacité technique. Dans ce contexte, des laboratoires privés expriment leur volonté de participer plus avant à ces opérations de séquençage, pour l'essentiel menées par des instituts publics de recherche. « Nous souhaitons vraiment contribuer de manière active à cette recherche épidémiologique pour traquer les nouveaux variants de demain », déclarait récemment sur Franceinfo Sylvie Cado, PDG des laboratoires Cerba. « Nous pouvons séquencer jusqu'à 500 échantillons par semaine, ce qui permet vraiment une surveillance épidémique de qualité », a-t-elle détaillé. Interrogé par l'AFP sur le sujet d'une collaboration plus avancée avec le privé, le ministère de la Santé n'a pas répondu, rappelant juste que les laboratoires étaient déjà autorisés à effectuer des séquençages.

Point sur les effets indésirables

Transparence. Dans le cadre de la surveillance renforcée des vaccins utilisés contre la Covid-19, une enquête de pharmacovigilance est mise en place pour surveiller en temps réel le profil de sécurité des vaccins disponibles en France à partir des déclarations réalisées par les professionnels-les de santé, les personnes vaccinées ou leur entourage. De nouveaux résultats de cette évaluation et de ce suivi ont été présentés et discutés collégialement lors du comité de suivi de l’ANSM et les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV). Ce cinquième rapport de pharmacovigilance sur les effets indésirables rapportés avec le vaccin Comirnaty de Pfizer-BioNTech couvre les données validées du 5 au 11 février 2021. Depuis le début de la vaccination, 3 634 cas d’effets indésirables ont été analysés. La majorité des effets indésirables sont attendus et non graves. L’analyse des nouveaux cas d’hypertension artérielle (pour un total cumulé de 55 cas graves) et de troubles du rythme cardiaque (pour un total cumulé de 42 cas graves) confirme qu’ils constituent un signal, indique un communiqué de l’ANSM. « Les données actuellement disponibles montrent que pour la plupart des cas, ces effets indésirables ont été transitoires et rapidement réversibles. La survenue de ces effets indésirables ne remet pas en cause le rapport bénéfice/risque du vaccin », indique l’ANSM. Le deuxième rapport de pharmacovigilance sur les effets indésirables rapportés avec le vaccin de Moderna couvre les données validées du 5 février au 11 février 2021. Depuis le début de la vaccination avec le vaccin Moderna, 87 cas d’effets indésirables ont été analysés. « Parmi ces cas un certain nombre de déclarations concernent des réactions retardées locales non graves pouvant survenir de 7 à 15 jours après la vaccination. À ce jour, il n’y a pas de signal de sécurité avec le vaccin Moderna » indique l’ANSM. Concernant le vaccin AstraZeneca, des cas de syndromes pseudo-grippaux survenus chez les professionnels-les de santé des établissements de santé vaccinés-es ont été constatés. Au total au 16 février 2021, 363 cas de syndromes pseudo-grippaux souvent de forte intensité (fièvre élevée, courbatures, céphalées) chez des personnes vaccinées ont été analysés. « Les cas déclarés concernent des personnes très majoritairement âgés de moins de 50 ans (âge moyen 31 ans). Ce signal de syndromes pseudo-grippaux avec le vaccin AstraZeneca se confirme avec les nouveaux cas reçus (…) et les informations remontées par les agences régionales de santé et les établissements de santé, mais ne remet pas en cause le rapport bénéfice/risque du vaccin », indique le point de l’ANSM.

Quatre médecins de plus au conseil scientifique

Créé le 10 mars pour éclairer l’exécutif dans la gestion de l’épidémie, le conseil comprend désormais dix-sept membres venant d’un vaste éventail de disciplines scientifiques. Quatre nouveaux membres ont été désignés le 17 février dernier. Il s’agit de : Catherine Chirouze, infectiologue au centre hospitalo-universitaire (CHU) de Besançon ; Angèle Consoli, pédopsychiatre à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière ; Thierry Lefrançois, vétérinaire spécialiste en épidémiologie des maladies infectieuses animales tropicales au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) de Montpellier ; Olivier Guérin, chef du pôle gériatrie du CHU de Nice et président de la Société française de gériatrie. Le conseil scientifique est présidé par le médecin et immunologiste Jean-François Delfraissy.

Vaccin Sanofi

Le groupe pharmaceutique français Sanofi prévoit de lancer au deuxième semestre 2021 une étude clinique de phase trois, dernière étape avant une éventuelle demande de mise sur le marché, pour son deuxième vaccin anti-Covid, a indiqué le laboratoire pharmaceutique, dimanche 14 février, indique l’AFP. Ce vaccin, développé avec la société américaine Translate Bio, repose sur la technologie de l'ARN messager, déjà utilisée pour les vaccins déjà mis sur le marché par ses concurrents Pfizer/BioNTech et Moderna. « Nous allons débuter une étude de phase 1/2 au premier trimestre 2021 et nous prévoyons une phase 3 au second semestre 2021 », a fait savoir le groupe dans un communiqué. « Sanofi tient à préciser qu'il n'y a aucun changement ni de nouveau retard dans le développement de ses [autres, ndlr] vaccins-candidats contre la Covid-19 », assure le groupe dans son communiqué. Cette mise au point fait donc suite à un entretien paru dans Le Journal du dimanche (14 février), où son PDG Paul Hudson dit que « ce vaccin ne sera pas prêt cette année, mais pourrait se révéler utile plus tard, surtout si le combat contre les variants devait se poursuivre ». La firme a indiqué qu’elle conservait bien son calendrier soit son deuxième vaccin au deuxième semestre 2021, donc cette année. La question est sensible. Le patron de Sanofi France a récemment dénoncé le « bashing » auquel le laboratoire fait face depuis qu'il a annoncé un retard pour son principal candidat-vaccin contre la Covid-19, développé cette fois avec le britannique GSK et utilisant la technologie de la protéine recombinante. Ce vaccin, initialement annoncé pour l'été 2021, devrait finalement être prêt seulement d'ici à la fin de cette année, suite à des essais cliniques décevants. Le laboratoire va lancer « un nouvel essai de phase 2 ce mois-ci, en février 2021, avec une formulation optimisée », a-t-il précisé au JDD. « L'objectif est d'obtenir l'approbation des autorités sanitaires au quatrième trimestre 2021 et, ensuite, de mettre les premières doses de notre vaccin à la disposition des populations du monde entier », a-t-il détaillé.

Le laboratoire Sanofi a annoncé, fin février, qu’il allait produire en France le vaccin contre la Covid-19 de son concurrent américain Johnson & Johnson. Sanofi se chargera de la formulation et du remplissage des flacons dans un site, près de Lyon, « à partir du troisième trimestre » et « à un rythme d’environ douze millions de doses par mois », affirme le laboratoire dans un communiqué, cité par l’AFP et Reuters. « Notre ambition, c’est d’en faire le plus possible. Si on peut en faire plus, pourquoi pas ? », a précisé Thomas Triomphe, le vice-président exécutif et responsable de Sanofi Pasteur. Cette décision est « une très bonne nouvelle » qui va « élargir l’offre » dans la campagne vaccinale, a salué l’Élysée. Cette annonce a été faite par le groupe pharmaceutique français à l’issue d’un entretien entre Emmanuel Macron et le directeur général de Sanofi, Paul Hudson. C’est la deuxième fois que Sanofi met au service de la concurrence ses outils de production : il fabriquera à partir de l’été dans son usine allemande de Francfort plus de 125 millions de doses du vaccin à ARN messager mis au point par Pfizer-BioNTech.

Vaccin Johnson & Johnson

L'Agence américaine des médicaments (FDA) a confirmé mercredi 25 février l'efficacité du vaccin unidose contre la Covid-19 de Johnson & Johnson. L'efficacité du vaccin était de 85,9 % contre les formes graves de la maladie aux États-Unis, et il était également efficace contre ces formes graves à 81,7 % en Afrique du Sud et 87,6 % au Brésil. Le gouvernement américain a autorisé samedi 27 février le vaccin développé par Johnson & Johnson après que la Food and Drug administration (FDA) américaine avait voté à l'unanimité en faveur de l'autorisation du vaccin. Le président américain, Joe Biden, a salué l'autorisation avant d'ajouter que « la situation va sûrement empirer avec la propagation des variants » dans un communiqué, appelant la population à pratiquer les gestes barrières et à respecter la distanciation sociale. Le vaccin ne nécessite l'administration que d'une seule dose et s'est révélé efficace à 66 % pour prévenir les formes modérées à graves de Covid-19 quatre semaines après l'inoculation, et à 100 % pour prévenir les hospitalisations et les décès dus au virus. Le groupe pharmaceutique a déposé, mi-février, une demande d'autorisation pour son vaccin dans l'Union européenne, a annoncé l'Agence européenne des médicaments (EMA), précisant qu'une décision était attendue en mars. Ce vaccin à injection unique serait le quatrième à être approuvé dans l'Union européenne s'il recevait le feu vert de l'agence. Les experts-es européens-nes « pourraient émettre une opinion à la mi-mars 2021, à condition que les données de la compagnie sur l'efficacité, la sûreté et la qualité du vaccin soient suffisamment complètes et convaincantes », selon l'EMA. Le vaccin de Johnson & Johnson a été soumis à une évaluation continue par l'EMA depuis le 1er décembre 2020.

Vaccin Moderna

L'Union européenne a discuté, mi-février, avec Moderna de l'achat supplémentaire de vaccins contre la Covid-19, tandis que le laboratoire AstraZeneca a laissé entendre qu'il pourrait fournir des doses produites en dehors d'Europe pour compenser la baisse prévue de ses livraisons, ont déclaré à Reuters deux sources européennes. L'UE, qui a précommandé déjà au total près de 2,3 milliards de doses de vaccins auprès de six laboratoires, s'est fixé pour objectif de vacciner d'ici la fin de l'été 70 % des adultes qui composent sa population de 450 millions d'habitants-es, mais le bloc européen peine, pour le moment, à obtenir les doses promises par les groupes pharmaceutiques. La Commission européenne discute d'un nouvel accord d'approvisionnement avec Moderna qui pourrait lui permettre de pratiquement doubler le volume de vaccins qu'elle reçoit du laboratoire américain. Dans le cadre de cet accord, l'UE aurait la garantie de recevoir 150 millions de doses supplémentaires du vaccin de Moderna, en plus des 160 millions déjà réservées au laboratoire américain. Selon l'une des sources européennes de Reuters, une partie des doses prévues dans le nouvel accord pourrait être livrée d'ici le mois de juin. La deuxième source s'est montrée plus « prudente », pointant du doigt les difficultés de Moderna, qui n'est parvenue à livrer à l'UE que 10 millions de doses au premier trimestre. Le groupe américain n'a souhaité faire aucun commentaire sur les discussions avec l'UE. Il a dit cependant discuter avec les autorités de régulation de plusieurs pays de la possibilité de porter le nombre de doses dans ses flacons de 10 à 15.

La société américaine de biotechnologie Moderna a annoncé (24 février) qu’une version modifiée de son vaccin, développée spécifiquement contre le variant sud-africain, était prête à être testée sur des humains dans le cadre d’essais cliniques, explique l’AFP. « Moderna a envoyé des doses de son vaccin candidat spécifique contre le variant (...) d’abord identifié en Afrique du Sud aux NIH (Instituts nationaux de santé américains, NDLR), pour une étude clinique », a indiqué l’entreprise dans un communiqué. « Moderna s’engage à faire autant de modifications à notre vaccin que nécessaire, jusqu’à ce que la pandémie soit sous contrôle », a indiqué Stéphane Bancel, patron de Moderna. L’Agence américaine des médicaments (FDA) a indiqué (22 février) que les fabricants n’auront pas à passer à nouveau le long processus d’autorisation pour les vaccins déjà approuvés, en cas de modification de ces derniers pour lutter contre l’apparition de nouveaux variants du coronavirus, ce qui devrait grandement raccourcir le processus.

Vaccin Pfizer-BioNtech

Vraie bonne nouvelle. La première dose du vaccin contre la Covid-19 développé par Pfizer/BioNtech est efficace à 85 % deux à quatre semaines après son injection. C’est ce que conclue une étude isralienne publiée dans la revue scientifique The Lancet. Pour autant, l’étude invite à ne pas renoncer à administrer la seconde dose, puisque le schéma vaccinal a été conçu et validé ainsi. L'État israélien a lancé le 19 décembre 2020 une vaste campagne de vaccination contre la Covid-19 à la faveur d'un accord avec Pfizer, permettant au pays d'obtenir rapidement des millions de doses en échange de données biomédicales sur l'effet du vaccin dans ce pays où les fichiers médicaux de la population sont numérisés, rappelle le Quotidien du médecin. Mi-février, quelque 4,23 millions d'Israéliens-nes (47 % de la population) avaient reçu au moins la première dose du vaccin, dont 2,85 millions ont eu la seconde dose nécessaire, selon le ministère de la Santé. Si de récentes études israéliennes ont chiffré à 95 % l'efficacité du vaccin une semaine après la seconde dose, cette nouvelle étude menée par l'hôpital israélien Sheba, le plus grand du pays, l'estime à 85 % de deux à quatre semaines après la première injection, souligne le quotidien médical.

Vaccin AstraZeneca

L'Organisation mondiale de la santé a accordé le 15 février son homologation d'urgence au vaccin anti-Covid d'AstraZeneca qui ouvre la voie à la distribution de centaines de millions de doses à des pays défavorisés, a annoncé l'agence onusienne dans un communiqué. Cette procédure aide les pays qui n'ont pas les moyens de déterminer d'eux-mêmes l'efficacité et l'innocuité d'un médicament à avoir plus rapidement accès à des thérapies, et permet au dispositif Covax, mis en place pour assurer un accès équitable au vaccin, d'en commencer la distribution. Le vaccin d'AstraZeneca représente l'immense majorité des 337,2 millions de doses de vaccins que le dispositif Covax, piloté par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Alliance du vaccin (Gavi) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (Cepi), entend distribuer au premier semestre de cette année. Ces doses destinées à Covax sont fabriquées en Corée du Sud et en Inde par le Serum Institute of India (SII). L'homologation concerne ces deux versions, selon un communiqué officiel, cité par l’AFP. La semaine précédente, le vaccin avait déjà été recommandé par le comité d'experts-es en vaccins de l'OMS pour toute personne de 18 ans ou plus, y compris dans des pays où des variants plus contagieux circulent.

L'UE étudie les variants

La Commission européenne a lancé, mi-février, un nouveau programme consacré à l'étude des mutations du coronavirus, lesquelles « inquiètent beaucoup » l'Union européenne, a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, dans un entretien aux Échos. « L'ensemble de nos réponses (aux mutations du virus) doivent être plus réactives (...) Nous devons assurer un échange d'information permanent avec l'Agence européenne des médicaments (EMA) pour qu'elle puisse accélérer son processus d'autorisation des futurs vaccins réadaptés aux mutations », dit-elle. « Il faut aider les industriels à développer des capacités de production de ces vaccins de deuxième génération », poursuit Ursula von der Leyen. « Nous allons lancer pour cela un nouveau programme dédié à l'étude des mutations du virus. Il réunira les laboratoires, les autorités sanitaires, les scientifiques et la Commission européenne ».  À la question de savoir si les nouveaux variants du coronavirus pouvaient remettre en cause la stratégie vaccinale de l'Europe, la présidente de la Commission déclare aux Échos que « nous pourrions nous retrouver avec la nécessité de régulièrement revacciner les populations à risque. C'est un processus que nous maîtrisons avec la grippe. Il faut se préparer à le reproduire, si nécessaire, à plus grande échelle avec la Covid-19 ».

Le variant dit britannique du coronavirus est déjà présent dans 26 des 27 pays membres de l'Union européenne, a fait savoir jeudi 25 février Ursula von der Leyen, lors d'une conférence de presse. « Il y a une fatigue croissante parmi nos citoyens (...) Mais nous ne devons pas baisser la garde. Non seulement la situation demeure grave dans de nombreuses régions d'Europe, mais nous devons aussi surveiller les nouveaux variants qui se propagent », a-t-elle déclaré à l'issue d'une réunion des dirigeants-es de l'UE sur la crise sanitaire.

Ne pas désavantager l'Afrique

Emmanuel Macron a jugé (17 février) « inexplicable et intolérable » la lenteur du démarrage de la campagne de vaccination contre la Covid-19 en Afrique, victime de l'inégalité entre pays pauvres et riches dans l'accès aux vaccins, au cours d'une visioconférence avec des dirigeants-es africains-es. « Nous devons répondre à cette inégalité criante », a déclaré le président en s'entretenant avec ses homologues égyptien Abdel Fattah al-Sissi, sénégalais Macky Sall, sud-africain Cyril Ramaphosa, de RDC Félix Tshisekedi et des Comores Azali Assoumani, ainsi qu'avec le président de la Commission de l'Union africaine Moussa Faki et John Nkengasong, directeur pour l'Afrique des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Cette réunion visait « à identifier les axes d'effort prioritaires » des pays africains afin de "porter leurs voix" au G7. « Nous sommes à un moment de vérité si nous voulons agir plus efficacement (…) La morale et l'intérêt bien compris » le demandent car « si nous n'éradiquons pas sur tout le globe ce virus, il continuera par tourner et faire des variants », a défendu Emmanuel Macron. Cette situation est due au « goulot d'étranglement » dans la production de vaccins au niveau mondial et dans la distribution, selon lui. Pour Emmanuel Macron, les priorités sont « d’augmenter les capacités de production » en Afrique, en s'inspirant du « modèle indien », mais aussi « d’imposer la transparence sur le prix des vaccins de la part des industriels ». Car, il n'est pas acceptable, selon lui, que certains pays africains achètent plus cher des doses que les pays occidentaux. Il a par ailleurs proposé que le G7 s'entende pour donner un « mandat commun » à l'OMS et l'OMC (Organisation mondiale du commerce) pour « lever les barrières » à l'accès au vaccin, considéré comme un « bien commun ».

L'Organisation mondiale du Commerce (OMC) doit aider à améliorer l'accès aux vaccins contre l'épidémie de Covid-19 dans les pays pauvres, a plaidé, mardi 16 février, sa nouvelle dirigeante, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, dans un entretien à l'AFP. « Je pense que l'OMC peut contribuer davantage à la résolution de la pandémie de Covid-19 en aidant à améliorer l'accès aux vaccins des pays pauvres », a déclaré la responsable qui estime aussi que l'organisation internationale doit s'atteler à son but premier, celui «d'améliorer les niveaux de vie» dans les pays pauvres.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a apporté (23 février) son soutien à un appel du président français Emmanuel Macron visant à donner des doses de vaccin au personnel médical en Afrique. « Les vaccins sont encore rares partout, mais il en va de notre intérêt commun de partager », a expliqué Ursula von der Leyen lors d'une visioconférence avec l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).  « Je soutiens par conséquent la proposition du président Macron de faire don de doses de vaccin qui sont nécessaires pour vacciner les travailleurs de la santé en Afrique », a-t-elle ajouté. L'UE a fait savoir, mi-février, qu'elle allouait 500 millions d'euros supplémentaires au programme Covax de l'OMS pour fournir des vaccins contre la Covid-19 aux économies émergentes, doublant ainsi la contribution initiale de l’UE.

Le président américain Joe Biden a annoncé, lors de la dernière réunion du G7, qu’il verserait quatre milliards de dollars pour le dispositif Covax de vaccination anti-Covid. Une première tranche de deux milliards de dollars sera débloquée « très rapidement », a indiqué un haut responsable américain. Une deuxième tranche de deux milliards sera progressivement débloquée sur deux ans, en 2021 et 2022. Le programme Covax vise à fournir, cette année, des vaccins anti-Covid à 20 % de la population de près de 200 pays et territoires participants, mais il comporte surtout un mécanisme de financement qui permet à 92 économies à faibles et moyens revenus d'avoir accès aux précieuses doses.

200 millions de doses administrées

Peut mieux faire. Plus de 200 millions de doses de vaccins anti-Covid ont été administrées dans au moins 107 pays ou territoires, dont 45 % dans les pays riches du G7, selon un bilan de l'AFP, établi le 20 février dernier. À cette date, au moins 201 042 149 doses avaient été administrées dans le monde, selon un comptage réalisé par l'AFP à partir de sources officielles. Ce chiffre est toutefois sous-estimé, car deux grands pays, la Chine et la Russie, n'ont pas communiqué de nouvelles données depuis une dizaine de jours. Quelque 45 % des injections ont été réalisées dans les pays du G7, qui n'hébergent pourtant que 10 % de la population mondiale. Ses sept membres (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie, Japon) ont pris, mi-février, des engagements en faveur d'une meilleure répartition des doses avec les pays pauvres. Ils ont annoncé plus que doubler leur soutien collectif à la vaccination anti-Covid, à 7,5 milliards de dollars, notamment via le programme onusien Covax, piloté par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). À ce jour, plus de neuf doses sur dix (92 %) ont été administrées dans des pays à revenu « élevé » ou « intermédiaire de la tranche supérieure ». Parmi les 29 pays à « faible » revenu, seuls la Guinée et le Rwanda ont commencé à vacciner. Parmi les pays qui ont passé la barre des 10 % de population ayant reçu au moins une dose figurent notamment le Royaume-Uni (25 %), Bahrein (16 %), les États-Unis (13 %), le Chili (12 %), les Seychelles (43 %) et les Maldives (12 %). En valeur absolue, ce sont les États-Unis qui font la course en tête, avec 59,6 millions de doses administrées, devant la Chine (40,5 millions au 9 février), le Royaume-Uni (17,5 millions), l'Inde (10,7 millions) et Israël (7,1 millions).

 

Commentaires

Portrait de Élise17

Si on regarde les résultats des premiers essais réalisés avec les vaccins BNT162b2 codant pour le RBD et le BNT162b2 pour la protéine spike P2 S, et relatés sur le site de la HAS, que voit-on ? :

-          L’objectif principal était d’évaluer la tolérance et l’immunogénicité (définition : Une molécule est dite immunogène lorsqu'elle est capable d'induire une réaction immunitaire.). Cela ne permet que de voir si le corps réagit à ce qu’on lui injecte.

-          A plus long terme : de regarder l’efficacité et la tolérance lors de l’essai de phase III, soit ce que nous vivons en population générale.

Premier constat important :

-          l’efficacité vaccinale sur la transmission virale n’a pas été évaluée

Donc on ne sait pas si le vaccin joue son rôle…

Furent inclus 43 448 participants aux Etats-Unis, en Argentine, au Brésil, en Turquie et en Afrique du sud, mais d’emblée des données sont prévues pour être écartées et d’autres précisées comme suit :

-          Un cas de COVID-19 confirmé était défini par la présence d’au moins un des symptômes suivants de SARS-CoV-2 et une PCR positive dans les 4 jours précédents ou suivants.

-          Un cas de COVID-19 confirmé grave était défini par la présence d’un cas de COVID-19 confirmé et la présence d’au moins un des symptômes suivants (la liste étant insuffisance respiratoire nécessitant un débit d’oxygène ou plus, état de choc, maladie systémique grave, dysfonctionnement rénal, hépatique ou neurologique aigu, admission en soins intensifs, décès)

Donc pour que d’après leurs critères, il y ait un cas covid simple, il fallait au minimum être symptomatique et pour un cas grave, être à la limite de la mort (c’est plus clair dit ainsi). 

Pour que l’on comprenne bien, ils précisent que sont asymptomatiques tous les autres y compris s’ils ont un test positif!

L’efficacité vaccinale fut quand même recherchée dans les résultats et selon les critères précités, il y des estimations hypothétiques qui concluaient que il pourrait y avoir une efficacité vaccinale > 30%. Mais tout est au conditionnel puisque le tri est fait quant aux patients à compter ou non.

« A noter cependant qu’à ce jour aucun corrélat immunologique de protection n’a été établi pour la Covid-19. » 

De nombreux patients furent exclus des données incluses pour l’analyse d’efficacité et de tolérance, comme par exemple :

-          Les 160 sujets atteints de VIH

Pas étonnant puisque le but était je le rappelle : montrer que la vaccination par BNT162b2 induit une réponse lymphocytaire T CD4+ de type Th1 et T CD8+ spécifiques de la protéine S.

-          ont été exclus ceux n’avaient pas reçu toutes les vaccinations ou n’ont pas reçu la dose 2 dans la fenêtre prédéfinie

-          les données ne comportent ni la répartition des comorbidités et ni l’indice de masse corporelle (IMC).

-          Pour la population des personnes âgées : absence de données descriptives détaillées sur leur âge et leurs comorbidités associées

-          Absence de données détaillées descriptives sur les comorbidités associées et d’analyse du critère principal par type de comorbidité

-          les femmes enceintes et les enfants

-          Absence de données de tolérance chez les sujets inclus ayant des antécédents de Covid19

-          Aucune donnée immunologique n’est disponible chez des populations vaccinées présentant une comorbidité, une obésité ou une immunodépression, ni chez les 12-15 ans/16-17 ans.

Et puis aussi toutes les personnes ayant eu des effets avant le 7ème jour suivant la 2nde dose ne comptaient pas : « L’objectif principal de cette étude est d’évaluer l'innocuité, la tolérance, l’immunogénicité et l’EV, à compter du 7ème jour suivant l’administration de la 2ème dose de vaccin. ». D’où : « Un certain nombre de cas confirmés de Covid-19 ne sont pas capturés dans l’analyse principale notamment car ils se sont produits moins de 7 jours après la dose 2. » Mais quel nombre ?...

Donc en gros, absence de données pour toutes les personnes qui pourraient être à risque de formes sévères et tous ceux qui ont eu un « problème » trop tôt. La suite de l’essai étant une extrapolation de ce qu’il pourrait peut-être se passer mais sans aucune certitude. Et surtout :

− Absence de données d’efficacité à plus long terme ;

− Absence de données d’efficacité sur la transmission du virus ;

Concernant la tolérance :

− Absence de données de tolérance à plus long terme ;

− Absence de données de tolérance chez les sujets inclus ayant des antécédents de Covid19 ;

− Absence de données de tolérance spécifiques chez les sujets obèses (IMC>30kg/m2) ou présentant une(des) comorbidité(s), en particulier chez les sujet greffés,

− Chez des sujets en phase d’incubation ou après exposition.

Ils proposent de voir sur la population, après, ce que cela donnera !

Par contre concernant les effets indésirables rencontrés par conséquent sur des sujets à la santé que l’on peut qualifier de « solide », puisque tous les autres n’entrent pas dans les calculs :

Ils estiment que la « fréquence d’effet indésirables sévères et d’effets indésirables mettant en jeu le pronostic vital est faible ». Voyons ce qui est appelé « faible » :

-          « les EI sévères et les EI mettant en jeu le pronostic vital sont respectivement rapportés chez 1,1% et 0,1% des participants au groupe vacciné par BNT162b2 vs 0,7% et 0,1% dans le groupe placebo. » si mes calculs sont bons cela signifie que le delta entre le groupe vacciné et le groupe non vaccine concernant les EI graves est de 0.4% pour une maladie qui est mortelle à 0.05%....  

-          « 0,3% vaccinés par BNT162b2 ont présenté une lymphadénopathie (dont 47 ont été considérées en lien avec la vaccination) »

-          « 3 cas de paralysies faciales (paralysies de Bell) sont survenus dans le groupe vacciné par BNT162b2 (dont 2 ont été considérées en lien avec la vaccination) »

-          6 décès dans le groupe ayant eu le vaccin versus 4 dans l’autre groupe.

On peut dire que la différence n’est que de 2 décès ou qu’il y a 1fois et ½ plus de décès parmi le groupe vacciné que dans l’autre groupe (tout dépend de la façon de présenter les choses…).

C’est le problème dans l’ensemble de cet essai : le phrasé.

Il y a de nombreuses phrases qui je cite « suggère l’absence d’aggravation de la maladie par la vaccination. » Toujours du conditionnel.