Vaccins Covid-19 : nouveaux épisodes

Publié par jfl-seronet le 03.04.2021
3 009 lectures
Notez l'article : 
0
 
ChiffresCovid-19

L’actualité autour de la Covid-19 ne faiblit pas. Les résultats de l’enquête de l’OMS sur l’origine de la pandémie laissent sceptiques certains pays et entretiennent la méfiance à l’égard de la Chine. Scepticisme autour du vaccin d’AstraZeneca et de ses supposés effets indésirables. Le débat n’est pas complètement tranché, d’où les précautions à géométrie variable des pays sur son usage. Sinon, la « réponse européenne » à la Covid-19 montre qu’elle est loin d’être consensuelle, quant à l’accès des vaccins dans le monde, il est plus inégalitaire que jamais !

Une enquête et des mystères

Le rapport des experts-es de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur l'origine du Sars-CoV-2 a conclu que l'hypothèse d'un incident de laboratoire reste « extrêmement improbable ». En revanche, l'étude conjointe des experts-es de l'OMS et chinois-es a conclu que la transmission à l'homme du virus de la Covid-19 par un « animal intermédiaire » (qui n’est pas le pangolin) est une hypothèse « probable à très probable ». Selon la version finale du rapport, les spécialistes ont jugé que « compte tenu de la littérature sur le rôle des animaux d'élevage en tant qu'hôtes intermédiaires pour les maladies émergentes, il est nécessaire de réaliser d'autres enquêtes incluant une plus grande étendue géographique » en Chine et ailleurs. Ce nouveau rapport confirme les premières conclusions des experts-es qu'ils-elles avaient présentées le 9 février dans la ville chinoise de Wuhan où est apparu le virus. Les experts-es privilégient la théorie généralement admise de la transmission naturelle du virus d'un animal réservoir - probablement la chauve-souris - à l'homme, par l'intermédiaire d'un autre animal qui n'a pas encore été identifié. On n’en sait pas plus. Dans ses conclusions, le rapport indique que les études de la chaîne d'approvisionnement du marché de Huanan (et d'autres marchés de Wuhan) n'ont pas permis de trouver « des éléments de preuves de la présence d'animaux infectés, mais l'analyse des chaînes d'approvisionnement a fourni des informations » utiles pour des études de suivi ciblées, notamment dans des régions voisines. Les experts appellent également à « ne pas négliger les produits d'origine animale provenant de régions situées en dehors de l'Asie du sud-est ». Et de conclure : « Les enquêtes doivent être conduites (...) dans des zones plus vastes et dans un plus grand nombre de pays ».

Les États-Unis et treize autres pays ont exprimé mardi 30 mars leurs « préoccupations » dans une déclaration commune au sujet du rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l’origine de la Covid-19, réclamant à la Chine de donner « pleinement accès » à ses données. Ces pays réaffirment leur soutien à l’agence de santé de l’Onu, mais font part de leurs « préoccupations partagées au sujet de la récente étude initiée par l’OMS en Chine ». L’OMS a diligenté, il y a quelques semaines, une étude en Chine pour comprendre comment avait démarré l’épidémie de Covid-19 dans le pays avant de s’étendre au reste du monde. L’idée n’a jamais plu aux autorités chinoises qui ont multiplié les obstacles (refus de visas pour les experts-es, délais caricaturaux pour bloquer le processus, pressions politiques et diplomatiques, etc.). Tout récemment, l’OMS a publié un rapport qui n’apprend quasiment rien. On en sait autant qu’avant le déroulement de l’enquête de l’OMS. C’est ce résultat qui fait l’objet des « préoccupations » actuelles. « Il est aussi essentiel d’exprimer nos préoccupations partagées sur le fait que l’étude d’experts internationaux sur l’origine du virus Sars-CoV-2 a été retardée de manière significative et n’a pas eu accès de manière exhaustive aux données et échantillons originaux », affirme le gouvernement américain avec les autres pays, dont le Royaume-Uni, Israël, le Canada, le Japon, l’Australie, le Danemark, ou encore la Norvège. « Il est crucial que des experts indépendants puissent avoir pleinement accès à toutes les données humaines, animales et environnementales pertinentes, ainsi qu’aux recherches et au personnel impliqué dans les premières phases de l’épidémie, susceptibles de contribuer à déterminer comment cette pandémie a éclaté », ajoutent ces pays, parmi lesquels figurent aussi la République tchèque, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovénie et la Corée du Sud. Selon ces gouvernements, « de telles missions scientifiques devraient pouvoir mener leur travail dans des conditions permettant de produire des conclusions et des recommandations indépendantes et objectives ». En l’occurrence, on en est loin. « Nous partageons nos inquiétudes non seulement pour apprendre tout ce que nous pouvons sur les origines de cette pandémie, mais aussi pour ouvrir la voie à un processus rapide, transparent et basé sur les preuves pour la prochaine étape de cette étude ainsi que pour les crises sanitaires futures », ajoutent-ils. Selon les éléments du rapport, ses auteurs-rices jugent la transmission du virus à l’être humain par un animal intermédiaire « probable à très probable », tandis que l’hypothèse d’un incident de laboratoire est, au contraire, qualifiée d’« extrêmement improbable ». Les pays prennent acte de ces conclusions, mais exhortent à une prochaine étape de l’enquête, réclamant un « engagement renouvelé de l’OMS et de tous ses États membres en faveur de l’accès, de la transparence et de la rapidité ». C’est l’administration américaine de Joe Biden qui est à cette initiative, mais elle a voulu s’entourer de plusieurs pays alliés pour cette prise de position délicate. Elle a pris soin de ne pas attaquer de front l’OMS, ni de se prononcer sur les différentes hypothèses sur l’origine du virus.

Polémique sur AstraZeneca

Il avait déjà une réputation mitigée, autant lui donner un nom moche et particulièrement difficile à prononcer : Vaxzevria. L'Agence européenne des médicaments a approuvé le 25 mars, à la demande du laboratoire pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca, le nom de Vaxzevria pour son vaccin. « Ce nouveau nom ne change rien au vaccin », précise Le Figaro (30 mars). Le personnel soignant doit cependant être « conscient du changement car les informations sur le produit, l'étiquetage et l'emballage peuvent être différents » peut-on lire sur le site de Lakemedelsverket, l'agence suédoise des médicaments, citée par le quotidien français.

Invoquant une mesure de « précaution », les autorités sanitaires ont décidé de suspendre le recours à ce vaccin pour les moins de 60 ans à Berlin et Munich, explique l’AFP (30 mars). La ville de Berlin a donc annoncé suspendre « par précaution » l'utilisation du vaccin AstraZeneca pour les personnes, hommes et femmes, de moins de 60 ans, dans l'attente de nouvelles recommandations nationales. Selon la chaîne régionale publique Rbb, la région du Brandebourg, qui entoure Berlin, a pris une décision similaire. « Nous avons décidé, par précaution, d'arrêter la vaccination des moins de 60 ans avec AstraZeneca », a indiqué la responsable de la Santé pour le Sénat de Berlin, Dilek Kalayci. Les responsables sanitaires de Munich ont suivi le mouvement, défendant cette suspension « jusqu'à ce que la question de possibles complications soit éclaircie ». Dans la grande région de Rhénanie du Nord-Westphalie, les responsables de cinq des six hôpitaux universitaires se sont également prononcés en faveur d'un arrêt temporaire de la vaccination des jeunes femmes par AstraZeneca, en raison des risques, selon une lettre commune adressée au ministère de la Santé et reprise dans les médias allemands. L'institut médical Paul-Ehrlich, qui conseille le gouvernement en matière de vaccins, examine actuellement 31 signalements de caillots sanguins survenus chez des personnes ayant reçu le vaccin AstraZeneca en Allemagne, a rapporté (30 mars) le magazine Spiegel. Suivant les préconisations de l'autorité sanitaire européenne EMA, l'Allemagne avait repris, mi-mars, l'utilisation de ce vaccin pour toutes les tranches d'âge. L'Allemagne, qui a injecté au moins une dose de vaccin à environ 11 % de sa population, a besoin d'accélérer sa campagne de protection contre le coronavirus alors qu'une troisième vague épidémique touche le pays. À la suite des décisions locales, c’est finalement (31 mars), l’Allemagne, toute entière, qui a restreint l’usage du vaccin d’AstraZeneca pour les moins de 60 ans. Les moins de 60 ans qui le souhaitent pourront toutefois décider de recevoir le vaccin, mais seulement après « consultation d’un médecin pratiquant la vaccination (…) et une analyse personnalisée des risques », ont précisé les ministres des seize régions allemandes et Jens Spahn, le ministre fédéral, dans un communiqué commun.

Les autorités de santé du Canada ont recommandé, fin mars, aux provinces du pays de réserver l’administration de ce vaccin contre la Covid-19 aux personnes âgées de plus de 55 ans, dans l’attente d’une analyse plus complète des risques et bénéfices pour les personnes plus jeunes. La décision du Canada a été officialisée par le Comité consultatif national de l’immunisation, un comité d’experts-es indépendant qui fournit des conseils à l’Agence de la santé publique du Canada, selon l’AFP. « De ce que nous savons maintenant, il existe une incertitude substantielle concernant l'avantage d'offrir le vaccin d'AstraZeneca aux adultes âgés de moins de 55 ans », a souligné le docteur Howard Njoo, chef-adjoint de l'Agence de la santé publique du Canada. Ce vaccin fait l’objet d’interrogations, voire de suspicions après des cas graves de formation de caillots sanguins. Plusieurs pays ont annoncé la suspension des vaccinations avec ce vaccin pour les jeunes, dont la Suède, la Finlande, l’Islande, et la France. L’Agence européenne des médicaments (EMA) a établi que le vaccin AstraZeneca est « sûr et efficace » et n’est pas lié à un risque plus élevé de caillots sanguins sans toutefois être en mesure d’« exclure définitivement » un lien entre le vaccin et des troubles de la coagulation rares. Le Canada a commandé 20 millions de doses du vaccin d’AstraZeneca, qui est l’un des quatre vaccins qui ont, jusqu’à présent, été approuvés par Ottawa avec ceux de Pfizer-BioNTech, Moderna, et Johnson & Johnson.

La docteure Annie-Pierre Jonville-Béra est présidente du réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV). On en compte 31 sur le territoire français. Le 28 mars, elle était interviewée par Le Monde sur le rapport bénéfice/risque du vaccin d’AstraZeneca. Ces dernières semaines, plusieurs cas de thromboses (caillots sanguins) atypiques après vaccination par le produit AstraZeneca, occasionnant parfois des décès ont été constatés. Ces cas font l’objet d’études dans différentes agences de sécurité du médicament. Qu’en pense cette spécialiste ? « Cette problématique, en cours d’examen à l’Europe, concerne des thromboses veineuses très particulières, à la fois par leur localisation, au niveau des veines cérébrales notamment, et par leur association à une thrombopénie (faible taux de plaquettes dans le sang) ou une coagulation intravasculaire disséminée, qui est un trouble de coagulation. Spontanément, cette association n’est pas classique. En revanche, le risque de thromboses veineuses habituelles – au niveau des membres inférieurs – et d’embolies pulmonaires n’est pas augmenté par le vaccin AstraZeneca, selon l’évaluation de l’Agence européenne du médicament [EMA] », explique-elle dans les colonnes du Monde. « C’est également ce que nous constatons en France. Toutes les observations rapportées concernent des personnes qui avaient des facteurs de risque classiques de thrombose veineuse : obésité, contraception… S’agissant des neuf cas de thromboses atypiques déclarés en France, leur profil est comparable à ceux décrits auparavant dans d’autres pays d’Europe. Ce sont des personnes plutôt jeunes (43 ans en moyenne), qui ont déclaré des symptômes dans les huit à quinze jours suivant la vaccination ». Et l’experte de poursuivre : « À la suite de l’évaluation européenne, une mention sur ces thromboses atypiques a été ajoutée dans le résumé des caractéristiques du produit de ce vaccin, et une information a été envoyée aux professionnels de santé à ce sujet. À ce stade, comme l’a confirmé l’EMA, le rapport bénéfice risque reste favorable, car il s’agit d’évènements exceptionnels, alors que le bénéfice est avéré et majeur ».

Spoutnik V pour l'Autriche

Chacun pour soi ?  L’Union européenne tente, depuis des semaines, de nous prouver que la solidarité y est de mise et que le bloc européen fait front commun à la crise de la Covid-19. Dans les faits, c’est assez différent. Ainsi, l’Autriche discute actuellement avec la Russie de l'achat d'un million de doses du vaccin Spoutnik V. Un vaccin contre la Covid-19 qui n’est pas encore homologué par l'Agence européenne des médicaments (Ema). L’examen est en cours. Le chef du gouvernement autrichien, le chancelier autrichien Sebastian Kurz, est critiqué par l'opposition qui estime que le pays aurait pu disposer de davantage de doses de vaccins en s'affranchissant du système mis en place par la Commission européenne pour l'acquisition en commun des vaccins. « Il ne doit pas y avoir d'œillères géopolitiques concernant les vaccins », a déclaré Sebastian Kurz, dans un communiqué officiel.  « La seule chose qui doit compter est de savoir si le vaccin est efficace et sûr », a-t-il ajouté.  Le communiqué précise que l'Autriche est en discussion avec la Russie, qui a proposé de fournir à Vienne un million de doses de son vaccin en avril.  Le chancelier avait jusqu'ici indiqué que l'Autriche n'utiliserait le vaccin Spoutnik V que s'il était approuvé par l'Ema. Le 8 mars dernier, une haute représentante de l'Ema avait incité les pays membres de l'Union européenne à s'abstenir d'approuver l'utilisation de Spoutnik V le temps que l'agence vérifie la sécurité et l'efficacité du vaccin russe, en cours d'examen depuis le 4 mars.  Le vaccin Spoutnik V a été approuvé dans 58 pays, a annoncé, de son côté, le Fonds d'investissement direct russe (RDIF), chargé de promouvoir le vaccin à l'étranger. En Europe, la Hongrie et la Slovaquie ont déjà acheté des doses du vaccin Spoutnik V, mais seule la Hongrie a déjà commencé à l'administrer dans le cadre de sa campagne vaccinale.  La région italienne de Campanie a, pour sa part, signé un accord en vue de l'achat de ce vaccin, mais l'a conditionné au feu vert de l'Ema.  En France, le maire de Nice, Christian Estrosi a souhaité (30 mars) une accélération de la campagne vaccinale avec éventuellement le recours au vaccin russe. À la question de savoir si le département des Alpes-Maritimes avait passé des pré-commandes pour le vaccin Spoutnik V, il a répondu sur BFMTV : « On peut le considérer comme tel ».  Le vaccin Spoutnik V présente une efficacité à près de 92 %, selon les résultats des essais de phase III publiés le mois dernier dans la revue médicale à comité de lecture The Lancet. Comme on le voit, c’est le bazar complet et la communication européenne sur une réponse unitaire aux enjeux de la vaccination, montre bien qu’on est loin du compte.

Conséquences désastreuses

La pandémie de Covid-19 a « brisé » la vie de millions de femmes et accentué les inégalités, a estimé (29 mars) le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, dans un message à l’occasion de l’ouverture d’une rencontre internationale sur l’égalité des genres à Mexico. « Les secousses sismiques de la pandémie de Covid-19 ont brisé la vie de millions de femmes et de filles et détruit grand nombre de nos acquis », a expliqué Antonio Guterres. « Dans de nombreux endroits, l’idée même d’égalité entre les genres a été attaquée. Les lois régressives sont de retour et les violences à l’égard des femmes augmentent », a ajouté le secrétaire général de l’Onu. Il  a souligné qu’au moment où le monde espère sortir progressivement de la pandémie, des mesures doivent être prises pour garantir l’égalité des droits.  « La crise de la Covid-19 nous a tous affectés. Elle nous a rappelé aussi la persistance de la violence que subissent les femmes (...) Elle nous a rappelé les inégalités économiques et sociales que subissent aussi au premier chef les femmes dans le monde », a déclaré Emmanuel Macron, un-e des intervenants-es. L’objectif de cet événement est de faire un bilan du « Programme d’action de Pékin », issu de la Conférence mondiale sur les femmes organisée en Chine en 1995, selon l’agence des Nations unies. Le Forum au Mexique doit permettre d’élaborer un programme d’engagements, qui sera discuté à Paris, afin de mettre en œuvre un plan d’actions concrètes.

668 800 décès sont survenus en 2020, toutes causes confondues, soit 55 000 de plus qu'en 2019. Cette surmortalité a surtout concerné les personnes âgées de plus de 70 ans. C’est ce qu’indiquent les données récentes de deux études de l’Insee. Ces nombreux décès expliquent une surmortalité de 9,1 % par rapport à l'année précédente, un chiffre inédit depuis 70 ans, et donc supérieur à celui observé lors des épisodes caniculaires, de 2003 notamment, note Le Figaro (30 mars). « En raison de l'épidémie de Covid-19 (...), l'espérance de vie a reculé de six mois pour les femmes (85,1 ans) par rapport à 2019, et de 7,2 mois (79,1 ans) pour les hommes », indique l'Insee. La hausse des décès a été plus forte chez les hommes (+10 %) que chez les femmes (+8 %). « En mars-avril 2020, 27 300 décès supplémentaires sont survenus par rapport à la même période de 2019 (+27 %). L'excédent de décès entre septembre et décembre est, quant à lui, moins intense mais a duré plus longtemps : il s'avère au final plus important que celui de la première vague (+34 300, soit +17 %) », détaille l’Insee. La majorité des décès ont été constatés chez les plus de 70 ans. La surmortalité a bondi à 14 % chez les 70-79 ans, à 9 % chez les 80-89 ans, et à 12 % chez les personnes plus âgées.

En France, les oppositions passent régulièrement au crible les annonces et décisions gouvernementales en réponse à la pandémie. L’Assemblée nationale et le Sénat ont d’ailleurs conduit leurs commissions d’enquêtes ou missions d’informations respectives, dont les conclusions, très sévères, ont été rendues publiques. Les députés-es  socialistes ont demandé lundi 29 mars la création d'une commission d'enquête « sur la préparation et la gestion de la campagne vaccinale » contre la Covid-19, alors que la « première course contre la montre contre le virus et ses variants a été perdue » selon eux-elles, indique l’AFP. Et les parlementaires PS d’expliquer dans un courrier destiné au président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) : « Dès le mois de janvier, nous avions alerté le Premier ministre sur la nécessité d'engager une véritable course contre la montre à la lumière des projections épidémiques ». Trois mois plus tard, le groupe politique, emmené par la députée Valérie Rabault, estime que « nous n'avons pas été en mesure de vacciner assez vite, assez massivement, pour protéger le plus grand nombre possible de nos concitoyens avant l'arrivée de la troisième vague ». « Les retards de livraison des doses ne sauraient masquer et expliquer à eux seuls la lenteur de la France en matière de vaccination. Pourquoi avoir attendu début mars pour ouvrir la vaccination le week-end ? Pourquoi les doses de vaccin AstraZeneca reçues peinent-elles à être administrées ? », interrogent ces parlementaires. « Comment la France entend-elle renforcer massivement sa capacité de vaccination pour administrer les plus de onze millions de doses de vaccin qu'elle devrait recevoir d'ici la fin du mois d'avril ? », questionnent-ils-elles encore, en demandant une commission d'enquête. « Il nous paraît urgent que notre Assemblée puisse reprendre toute sa place dans la gestion de la crise et son contrôle », poursuivent les parlementaires, alors qu'une mission d'information sur la gestion de la crise a cessé ses travaux fin janvier. Les députés-es PS demandent sa « réinstallation immédiate » ainsi qu'un nouveau « comité scientifique auquel le Parlement pourrait avoir accès de manière indépendante ».

Des annonces multidoses !

Jusqu'à 400 millions de doses du vaccin contre la Covid-19 de Johnson & Johnson vont être livrées aux pays de l'Union africaine, a annoncé (29 mars) le géant pharmaceutique américain. Selon les termes de l'accord, 220 millions de doses de ce vaccin, qui ne nécessite qu'une seule injection, seront distribuées aux 55 pays membres de l'Union africaine, les livraisons débutant au troisième trimestre 2021. Les pays concernés pourront s'ils le jugent nécessaire commander 180 millions de doses complémentaires, pour un total de 400 millions de vaccins Johnson & Johnson acheminés d'ici 2022. En janvier, Johnson & Johnson avait annoncé que son vaccin était efficace à 66 % contre la Covid-19, rappelle l’AFP. Le vaccin de Johnson & Johnson est un vaccin à « vecteur viral ». Ces vaccins utilisent comme support un autre virus peu virulent, transformé pour y ajouter des instructions génétiques d'une partie du virus responsable de la Covid-19. Ce vaccin présente un autre avantage important : il peut être stocké à des températures de réfrigérateur plutôt que de congélateurs, ce qui facilite considérablement sa distribution. Entre mi-février et fin décembre 2020, 2,8 millions de cas d'infections par le coronavirus ont été enregistrés dans les 55 pays de l'Union africaine, soit seulement 3 % du total mondial, et 65 602 décès ont été comptabilisés, selon une étude, fin mars, dans la revue britannique The Lancet.

Le laboratoire allemand BioNTech a annoncé mardi 30 mars qu’il comptait fabriquer en 2021 jusqu’à 2,5 milliards de doses de son vaccin développé avec l’américain Pfizer, soit 25 % de plus qu’annoncé initialement. Les capacités de production devraient augmenter en raison d’une « optimisation des processus de production », de « l’expansion du réseau de production », ainsi que de l’autorisation de tirer six doses d’un flacon, explique l’entreprise dans un communiqué, repris par l’AFP. L’homologation, mi-mars, d’un nouveau site de production en Allemagne, à Marbourg (sud du pays), doit soutenir la hausse de ces capacités avec une production de 250 millions de doses prévue au premier semestre, pour atteindre à terme un milliard de doses par an. Le vaccin, qui avait été le premier à être autorisé aux États-Unis et dans l’Union européenne, est désormais administré dans « plus de 65 pays et régions », selon Ugur Sahin, patron et co-fondateur de BioNTech basé à Mayence (ouest du pays). « Nous voyons déjà des premiers signes d’une baisse des cas de Covid-19 et de la mortalité dans plusieurs pays », a-t-il expliqué, ajoutant que le laboratoire planche désormais sur les variants et des essais cliniques supplémentaires. Une étude du vaccin sur des enfants entre 6 mois et 12 ans a notamment été lancée en mars. Au total, BioNTech a des commandes pour 1,4 milliard de doses en 2021 et prévoit une « hausse de la demande », selon un communiqué. Par ailleurs, récemment, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a autorisé le stockage de ce vaccin à des températures de congélateur, plus élevées que celles jusqu’ici autorisées, ce qui facilitera sa distribution.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde lundi 29 mars contre l'écart grandissant entre le nombre de vaccins contre la Covid-19 disponibles pour les pays riches et ceux distribués aux nations à revenus faibles par le biais du mécanisme Covax, indique l’AFP. Cette mise en garde fait suite à une déclaration du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a critiqué dimanche 28 mars, le « stockage » excessif de vaccins par les pays développés, en appelant ces derniers à les partager avec le reste du monde. « L'écart entre le nombre de vaccins administrés dans les pays riches et le nombre de vaccins administrés par le biais de Covax se creuse chaque jour », a confirmé le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. « La distribution inéquitable des vaccins n'est pas seulement un outrage moral, elle est aussi économiquement destructrice », a-t-il ajouté. « Tant que le virus continuera à circuler, des gens continueront à mourir, le commerce et les voyages continueront à être perturbés, et la reprise économique sera retardée », a-t-il poursuivi. Ce n’est pas la première fois que ce constat est fait, mais que cela ne fait pas pour autant changer les décisions politiques.

Plus de 510 millions de vaccins ont été distribués dans le monde, selon les responsables de la santé, mais les écarts entre les pays restent importants, ce qui a amené l'OMS à lancer récemment un appel aux nations les plus riches pour qu'elles fassent don de vaccins aux pays plus pauvres. L'OMS a indiqué (lundi 29 mars) que 36 pays n'avaient toujours pas reçu la moindre dose. Seize d'entre eux devraient recevoir leurs premières doses par le biais de Covax au cours des deux prochaines semaines, a-t-il déclaré. Pour sa part, l'Unicef a exhorté les pays riches à faire des dons pour assurer une distribution équitable des vaccins, ajoutant que 510 millions de dollars sont nécessaires pour soutenir la distribution dans le monde entier. « Nous avons besoin que les fabricants de vaccins donnent la priorité à Covax et s'efforcent d'obtenir l'approbation réglementaire pour une distribution rapide, équitable et abordable », a déclaré Henrietta Fore, directrice générale de l'agence onusienne pour l'enfance. « Nous avons besoin que les nations les plus riches fassent don de doses supplémentaires par le biais de Covax ». Covax est le système destiné à approvisionner les pays défavorisés. Il devrait permettre de distribuer quelque 238 millions de doses dans le monde d'ici à la fin du mois de mai mais à ce jour, seuls 32 millions de doses ont été expédiées, selon le site internet de cette initiative. Gap !