Vaccins Covid-19 : quelle efficacité chez les PVVIH ?

Publié par Fred Lebreton le 13.01.2022
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ThérapeutiquevaccinationCovid-19

Quel est le niveau d’efficacité des vaccins contre la Covid-19 chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) un an après le début des campagnes de vaccination ? Le magazine américain Poz a fait le point sur les dernières études. Des données rassurantes même si certaines personnes ne répondent pas aussi bien que d’autres. Explications.

Premier point important à rappeler : les vaccins anti-Covid-19 sont sans danger pour les PVVIH. Face à un flot continu de rumeurs et de fausses informations véhiculées via les réseaux sociaux par les « vaccino sceptiques », l’Onusida avait publié un communiqué en janvier 2021, sans ambiguïté, intitulé : « Les vaccins contre la Covid-19 sont sans danger pour les personnes vivant avec le VIH ». « Toutes les informations indiquent que les vaccins contre la Covid-19 en cours de développement ou autorisés par les agences de santé sont sans danger pour la grande majorité de la population, y compris pour les personnes vivant avec le VIH », soulignait le programme commun des Nations unies sur le VIH/sida.

Les premières données concernant la réponse immunitaire des PVVIH suite à une infection du Sars-CoV-2 (virus responsable de la Covid-19) ont été présentées en juillet 2021 lors de la 11e édition de l’IAS, la conférence internationale scientifique sur le VIH. Une étude a comparé deux groupes de personnes qui ont contracté le Sars-CoV-2 et qui en ont guéri. Dans le groupe des PVVIH sous traitement antirétroviral (ARV), 73 % des personnes avaient toujours des anticorps du Sars-CoV-2 détectables contre 94 % dans le groupe des personnes séronégatives. Les deux groupes avaient un niveau similaire de cellules immunitaires « mémoires » qui luttent contre le virus (lymphocyte B et T CD4).

Concernant l’efficacité des vaccins anti Covid, le Dr John Mellors de l’Université de médecine de Pittsburg (États-Unis) et son équipe, ont comparé la réponse vaccinale entre 107 personnes en bonne santé et 489 personnes immunodéprimées. Seulement, 37 % des personnes qui étaient receveuses de greffe et 55 % des personnes qui souffraient de leucémie ont produit des anticorps contre le Sars-CoV-2, tandis que 95 % des personnes vivant avec un VIH contrôlé en produisaient (un taux similaire aux personnes séronégatives en bonne santé). Une autre étude menée en Israël par la Dre Galia Rahav (Tel Aviv) et ses collègues, a comparé la réponse vaccinale anti Covid-19 entre 143 personnes vivant avec le VIH sous ARV et 400 personnes séronégatives au VIH. La plupart des PVVIH avaient une charge virale indétectable et un taux moyen de 700 CD4/mm3. Dans ce groupe, 98 % des personnes ont produit un taux d’anticorps similaire au groupe des personnes séronégatives après deux doses du vaccin Pfizer-BioNTech. Les quatre PVVIH qui n’ont pas répondu au vaccin étaient plus âgées et avaient des comorbidités.

L’histoire récente de la vaccination a montré que certaines personnes vivant avec le VIH qui sont plus âgées ou qui ont un taux de CD4 inférieur à 200 CD4/mm3 répondent moins bien à certains vaccins et c’est le cas aussi pour les vaccins contre la Covid-19. Dans une étude présentée en octobre à l’European AIDS Conference (conférence européenne sur le sida), le Dr Andrea Antinori de l’Institut National des maladies infectieuses de Rome (Italie) et son équipe, ont comparé la réponse immunitaire provoquée par les vaccins Covid à ARN messager entre trois groupes de PVVIH : un groupe de 32 PVVIH avec un taux de CD4 inférieur à 200/mm3 , un autre avec 56 PVVIH avec un taux de CD4 entre 200 et 500/mm3 et un dernier groupe avec 78 PVVIH qui avait plus de 500 CD4/mm3. Toutes les personnes étaient sous traitement ARV. Un mois après la seconde dose de vaccin anti-Covid-19, seulement cinq personnes n’avaient pas développé d’anticorps contre le Sars-CoV-2, dont quatre qui avaient moins de 250 CD4/mm3. Le niveau de réponse immunitaire était manifestement plus faible chez les personnes dont les CD4 étaient inférieurs à 200 CD4/mm3. Enfin, une autre étude menée par la Dre Zabrina Brumme et son équipe de de l’Université de Simon Fraser (Canada) a analysé la réponse immunitaire des vaccins Covid-19 chez 100 personnes vivant avec le VIH de Vancouver, toutes sous traitement ARV, avec une charge virale indétectable et un taux moyen de 700 CD4/mm3. Après ajustement des données sur l’âge et les comorbidités, seules les personnes les plus âgées et qui souffraient d’une ou plusieurs maladies hors VIH avaient une moins bonne réponse immunitaire.

En conclusion, ces études montrent que la vaccination Covid-19 est très efficace chez les personnes vivant avec le VIH sous traitement efficace. Une attention particulière doit être portée chez les personnes immunodéprimées qui ont une charge virale détectable et des CD4 bas et qui répondent moins bien aux vaccins. Une Prep Covid-19 peut être une option pour les personnes qui ne parviennent pas à contrôler leur infection à VIH. Aux États-Unis, des anticorps monoclonaux et des pilules antivirales telles que le molnupiravir et le Paxlovid, sont prescrits chez les personnes immunodéprimées au début de l’infection à Sars-CoV-2 pour empêcher le développement d’une forme sévère de la Covid-19.

Dans une tribune commune publiée en janvier 2021, la Société française de lutte contre le sida (SFLS) et le collectif TRT-5 CHV demandaient que les personnes vivant avec le VIH et immunodéprimées soient priorisées dans le programme de vaccination contre la Covid-19.