VESPA 2 : introduction aux nouvelles données

Publié par jfl-seronet le 03.08.2013
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InitiativeVespa 2BEH

VESPA, un sigle qui signifie : VIH : Enquête sur les personnes atteintes. Et assurément une des pièces maîtresses de la connaissance scientifique de la vie des personnes vivant avec le VIH en France. La première édition en 2003 a été exploitée pendant des années, nourrissant les politiques publiques et les stratégies associatives ; l’enquête Vespa2, dont les premiers résultats ont été publiés dans le "Bulletin épidémiologique hebdomadaire" (BEH N°26-27. 2 juillet 2013), était attendue avec impatience. Eléments de présentation par Patrick Yeni, le président du Conseil national du sida qui a signé l’édito de ce numéro spécial du BEH.

Comme la publication est d’importance, c’est le professeur Patrick Yeni, président du Conseil national du sida (CNS) qui a été choisi pour signer l’édito de cette publication. L’ancien patron du Rapport d’experts sur la prise en charge du VIH y rappelle à quel point les données fournies par cette enquête sont "essentielles pour comprendre les conditions de vie de la population infectée par le VIH". On aurait sans doute plutôt retenu les termes de personnes vivant avec le VIH car si on regarde bien les sujets abordés, il est facile de comprendre que c’est bien la vie globale des personnes qui intéresse ici, pas uniquement les aspects médicaux ou sanitaires, mais toutes les dimensions sociales, économiques, comportementales de la vie AVEC le VIH. C’est là que résident le tour de force et l’intérêt majeur de cette enquête. Autre atout que pointe Patrick Yeni : la méthodologie de l’enquête rend extrapolables à l’ensemble de la population vivant avec le VIH les informations recueillies dans Vespa2.

Des personnes suivies à l’hôpital

Ces informations vont, comme c’était le cas pour les données de la première édition, compléter les données "recueillies par la surveillance épidémiologique et à partir des bases hospitalières et des cohortes." Intérêt supplémentaire, elles vont pouvoir être comparées aux données de la première enquête car une partie des questions a été reconduite. Vespa2 permet même de suivre des personnes qui, pour certaines, ont participé à la première édition en 2003. Tous les participants sont suivis à l’hôpital pour le VIH (73 services ayant une activité VIH dans 68 hôpitaux). Dans son texte introductif, Patrick Yeni explique que : "Vespa2 confirme le vieillissement de la population des personnes vivant avec le VIH et l’augmentation de la proportion d’immigrés d’Afrique subsaharienne par rapport à 2003." Comme c’était le cas dans la première enquête, les données indiquent que "la situation socio-économique globale des personnes infectées reste inférieure à celle de la population générale et diffère considérablement". Et Patrick Yeni de citer un exemple : "18 % des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), et 49 % des hommes immigrés d’Afrique subsaharienne perçoivent leur situation financière comme difficile."

De fréquentes comorbidités

Difficile de résumer cela a un simple paradoxe, mais la donnée interroge. "Sur le plan sanitaire, et alors que les indicateurs de santé directement liés au VIH s’améliorent nettement, la perception du niveau général de santé par les personnes infectées n’évolue que marginalement depuis 2003", indique le président du CNS. L’enquête avance une explication à cet état de fait : de fréquentes comorbidités. Avec là aussi des disparités : des co-infections par le VHC et le VHB en baisse, et des prescriptions de médicaments contre l’hypertension qui sont fréquentes (17 % environ). 13 % des répondants rapportent un épisode dépressif majeur dans l’année et 24 % une hospitalisation complète. Les différences sont importantes entre les différents groupes. "Malgré des différences territoriales importantes, la situation des DOM [départements outre-mer. En l’occurrence la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion et Saint-Martin, ndlr] est également marquée par le contraste entre les progrès importants réalisés dans la prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH et l’absence d’amélioration socioéconomique nette. Le dépistage tardif et un contexte de stigmatisation persistent également", note Patrick Yeni.

Des actions à amplifier

En matière de comportements sexuels, "les personnes vivant avec le VIH utilisent davantage le préservatif qu’en 2003 à l’occasion de relations avec des partenaires occasionnels", indique le texte introductif. Reste que "cette utilisation est loin d’être systématique et l’utilisation du préservatif est moins fréquente parmi les couples stables qu’avec les partenaires occasionnels." "Au total, la lecture des premiers résultats de Vespa2 nous éclaire déjà significativement sur les actions qu’il convient d’amplifier dans la lutte contre le VIH-sida", avance Patrick Yeni. Et le président du CNS de détailler : "Au-delà de la consolidation de la prise en charge médicale VIH des personnes infectées : prise en charge des comorbidités, amélioration du dépistage précoce et renforcement du discours préventif incluant le TasP (Treatment as Prevention), optimisation du soutien social aux populations les plus démunies."