VHC : l’actuelle lutte contre les drogues fait des ravages

Publié par jfl-seronet le 27.06.2013
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La criminalisation de l'usage de drogues alimente l’épidémie d’hépatite C, c’est l’argument choc qu’a donné fin mai la Commission globale de politique en matière de drogues. Ce point de vue a été défendu en marge de la 23ème Conférence Internationale sur la réduction des risques qui s’est tenue à Vilnius, en Lituanie. Explications

En marge de la conférence de Vilnius, sept anciens présidents et des personnalités comme Kofi Annan, Richard Branson et d'autres leaders internationaux ont publié un rapport appelant à renoncer aux politiques répressives en matière de drogues afin de stopper la propagation de l’épidémie d'hépatite C et des autres conséquences négatives de la guerre contre la drogue. Dans son rapport, la Commission globale de politique en matière de drogues appelle à la décriminalisation de la consommation de drogues et à l'extension de mesures de réduction des risques scientifiquement prouvées, afin d'endiguer l'épidémie d'hépatite C parmi les usagers de drogues. Dans leur rapport (il est titré : "L'impact négatif de la guerre contre la drogue sur la santé publique : l'épidémie cachée d'hépatite C"), les auteurs rappellent que le "virus de l'hépatite C est très contagieux et se transmet par contact sanguin. Il affecte ainsi de façon disproportionnée les personnes qui s'injectent des drogues. Dans certains des pays où les politiques de drogues sont les plus répressives, plus de 90 % des personnes qui utilisent des drogues injectables vivent avec l'hépatite C. Globalement, le virus de l'hépatite C est trois fois plus répandu que le VIH parmi les usagers de drogues et la plupart des personnes infectées par le VIH qui consomment des drogues injectables vivent aussi avec l'hépatite C. Leur rapport dénonce l'échec des politiques répressives en matière de drogues et recommande des réformes immédiates du régime international de prohibition des drogues afin de stopper la propagation de l'épidémie d'hépatite C et des autres conséquences négatives de la "guerre contre la drogue".

Une nouvelle fois, le rapport explique que : "Partout dans le monde, la recherche a montré de façon constante que les politiques répressives en matière de drogues poussent les usagers à la marginalisation, augmentant les risques de contraction du VIH et du VHC et les empêchant d'accéder aux services de santé publique. "Et le rapport d’être plus explicite en citant certains pays. La "guerre contre la drogue", menée notamment par les Etats-Unis, la Russie et la Chine, a déjà causé des millions d'infections évitables. Aujourd'hui, à l'échelle mondiale, parmi les 16 millions de personnes qui s'injectent des drogues, 10 millions ont contracté le virus de l'hépatite C. Les chiffres les plus élevés sont rapportés par ces trois pays : la Chine (1,6 millions de personnes), la Fédération de Russie (1,3 millions de personnes) et les Etats-Unis (1,5 millions de personnes). L'hépatite C est l'une des causes principales de mortalité chez les personnes qui s'injectent des drogues.

"L'hépatite C est une des maladies les plus négligées par les gouvernements à l'échelle internationale", a déclaré Michel Kazatchkine, membre de la Commission et envoyé spécial de l’Onusida en Europe orientale et en Asie centrale. "Il est triste de constater qu'à peine une poignée de pays peut effectivement montrer une diminution des nouvelles infections d'hépatite C chez les personnes qui s'injectent des drogues."En Europe de l'Est et en Asie centrale, les épidémies d'hépatite C et de VIH sont toujours en croissance, et la consommation de drogues à injection est l'un des principaux facteurs de transmission. Le rapport décrit comment un pays comme la Lituanie (où 2,8 % de la population générale et 80 % pour cent de la population utilisant des drogues injectables sont infectés), malgré des progrès certains en termes de fourniture gratuite par le gouvernement de traitements de l'hépatite C, n'arrive à atteindre finalement que 5 % des personnes qui auraient besoin d'un traitement.