VHC : une nouvelle approche expérimentale testée sur l’animal

Publié par jfl-seronet le 26.04.2015
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Thérapeutiquevhchépatite C

Si le traitement de l’hépatite C connaît des progrès spectaculaires avec l’arrivée des antiviraux à action directe (AAD), il n’en demeure pas moins que la recherche se poursuit sur les moyens de prévenir et de traiter une infection chronique par le VHC, dans un contexte de grande cherté de ces nouveaux médicaments. Récemment, l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a publié un communiqué faisant état d’une nouvelle approche contre le VHC : cibler le récepteur de l’hôte plutôt que le virus. Explications.

Cette nouvelle stratégie est le fruit d’une collaboration internationale conduite par le professeur Thomas Baumert (Inserm/Université de Strasbourg - Institut de recherche sur les maladies virales et hépatiques). Elle a, d’ores et déjà, mis en évidence qu’un anticorps monoclonal (voir encart) spécifiquement dirigé contre la claudine-1, une protéine du foie essentielle à l’infection par le VHC, permettait de prévenir et de traiter une infection chronique par ce virus. A ce jour, cette démonstration ne concerne que le modèle animal comme l’indiquent les résultats publiés dans "Nature Biotechnology" (23 mars 2015). L’équipe du professeur Baumert a décidé de cibler une protéine du foie essentielle à l’infection virale plutôt que de cibler le virus lui-même. Les chercheurs ont choisi la claudine-1, une molécule importante pour les premières étapes de l’infection par le VHC et impliquée dans les contacts cellulaires. En utilisant des modèles de souris ayant un foie de type humain, les chercheurs ont donc montré qu’un anticorps monoclonal dirigé contre la claudine-1 pouvait prévenir l’infection par le VHC en bloquant l’entrée du virus dans les cellules du foie. Ils ont également observé (manifestement, cela a été une surprise pour eux) que cet anticorps permettait également de traiter l’infection chronique par le VHC en inhibant l’activation de voies de signalisation intracellulaires dont le virus a besoin pour survivre. En conséquence, les cellules infectées ont disparu et ont été progressivement remplacées par des cellules non-infectées. Autrement dit, à la dimension préventive, s’est ajoutée une dimension thérapeutique.

"L’avantage de cette stratégie est qu’elle ne nécessite pas d’être associée à un antiviral", note le communiqué de l’Inserm. Lors de cette recherche (uniquement conduite sur le modèle animal, rappelons-le), les chercheurs ont montré, en utilisant différentes souches virales, que le VHC pouvait difficilement échapper à cet anticorps et développer une résistance. La "Claudine-1" est une protéine habituellement localisée dans ce que les spécialistes appellent les jonctions serrées qui sont des points de contact entre cellules voisines. D’autres protéines de jonction serrées constituent des récepteurs pour d’autres maladies. "Cette approche innovante par injection d’un anticorps monoclonal dirigé contre une protéine de la cellule hôte permet d’entrevoir le développement possible d’une stratégie vaccinale et de nouvelles approches thérapeutiques contre le VHC et également contre d’autres pathogènes utilisant des mécanismes d’infection similaires", conclut l’Inserm.

Les anticorps monoclonaux
Un virus est reconnu par le système immunitaire par l'intermédiaire d’antigènes. Un antigène possède généralement plusieurs points d’accroche différents, appelés épitopes, qui sont autant de sites de liaison aux anticorps. Les anticorps ont la capacité de reconnaître un seul ou plusieurs épitopes. On parle alors respectivement d'anticorps monoclonaux et polyclonaux. Les anticorps monoclonaux sont très largement utilisés en médecine dans des buts thérapeutiques.