Vieillesse : des hauts, des bas !

Publié par jfl-seronet le 02.04.2012
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vieillissement
"VIH, Hépatites et vous", l’enquête menée par AIDES tous les deux ans s’est intéressée à la question du vieillissement et à ses enjeux lorsqu’on vit avec le VIH et (ou) une hépatite virale. Voici quelques données de la dernière édition de l’enquête qui a été conduite du 18 au 23 octobre 2010.
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Enquête de AIDES, "VIH, Hépatites et vous" a pour objectif de mieux connaître les conditions de vie et de mieux comprendre les besoins des personnes concernées par le VIH et les hépatites virales qui fréquentent l’association. Ce recueil de données permet d’orienter et d’adapter les actions de prévention, de soutien et d'accompagnement qui sont conduites par l’association. Elle a aussi pour intérêt de faire connaître la réalité de la vie des personnes touchées. C’est primordial dans bien des domaines et tout particulièrement sur la question du vieillissement. D’abord parce que si on parle beaucoup de cette question (cela a, par exemple, été un des grands sujets des Etats généraux franciliens de la prise en charge du VIH/sida en novembre 2010), il faut bien reconnaître qu’on manque encore d’informations sur la vie des personnes séropositives qui avancent en âge, ce qu’elles demandent, leurs conditions de ressources, de santé, de vie sociale. L’enquête "VIH, Hépatites et vous" a traité plusieurs de ses domaines. Ici, ce sont les résultats portant sur l’état de santé, les conditions de ressources qui vous sont présentés. Les autres aspects seront traités dans le cadre d’articles et d’une interview des spécialistes qui ont travaillé sur cette enquête et analysé ses résultats. Voilà déjà…

La santé… dans quel état ?
Il y a une bonne nouvelle et une moins bonne. L’état de santé se caractérise par une meilleure prise en charge du VIH et de la gestion des risques, mais aussi par des maladies associées plus nombreuses avec l’ancienneté dans le VIH. Les personnes vivant avec le VIH ayant plus de 50 ans déclarent majoritairement de bons indicateurs biologiques concernant le VIH : 75,7% ont plus de 350 CD4 et 83,6% d’entre elles ont une charge virale indétectable. Reste que nombreuses sont les personnes vivant avec le VIH de plus de 50 ans qui ont une ou plusieurs autre(s) maladie(s). 19,6% d’entre elles sont co-infectées par le VHC (ce chiffre est de 13,3% pour les personnes vivant avec le VIH, âgées de moins de 50 ans) et 36,5% d’entre elles sont atteintes d’une autre maladie chronique (contre 20% pour les personnes vivant avec le VIH, âgées de moins de 50 ans). Parmi celles qui connaissent l’avis suisse, et qui ont plus de 50 ans, on remarque que l’expérience avec le VIH (qu’elle soit supérieure ou inférieure à 15 ans) influe sur le fait d’avoir moins peur de transmettre le VIH : 41,7% des personnes vivant avec le VIH de plus de 50 ans avec plus de 15 ans, contre 20,8% avec moins de 15 ans d'expérience de vivre avec. Avec l’âge et le fait d’être séropositif depuis longtemps, on observe une meilleure appropriation des informations concernant le VIH, comme, par exemple l’Avis suisse. En 2008, la commission fédérale suisse sur le sida a émis un avis sur la réduction du risque de transmission du VIH par des rapports sexuels sans préservatif dans des couples hétérosexuels séro-différents quand la personne séropositive du couple avait un traitement efficace (charge virale indétectable) depuis six mois et ne souffrait pas d’infection sexuellement transmissible. Cet avis est parfois associé au nom de Bernard Hirschel, un des médecins qui l’ont popularisé.

Vie : une espérance… sous conditions de ressources
La crainte d’une précarité matérielle s’accroît avec l’avancée en âge, que l’on soit séropositif ou non. Grâce aux antirétroviraux (ARV), l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH augmente. Et ça, c’est une sacrée bonne nouvelle ! Mais cela ne doit pas faire oublier que le VIH peut affecter la capacité de travail et donc morceler voire interrompre le parcours professionnel et, de ce fait, réduire les revenus. Les chiffres indiquent des difficultés financières qui se compliquent avec l’avancée en âge, a fortiori quand aucune disposition pour "préparer" financièrement ses vieux jours n’a pu être prise. 23,1% des personnes vivant avec le VIH de 50 ans sont à la retraite ; pour le reste, elles sont significativement moins nombreuses (30%) à travailler que les autres (54,4%). Par ailleurs, certaines personnes auxquelles la médecine n’avait laissé, alors, que de peu d’espoir n’ont pas fait d’épargne. Lorsqu’on leur demande quelles ressources elles pensent avoir à la retraite, les personnes de plus de 50 ans répondent le minimum vieillesse/ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées) pour 29,5%, la retraite à taux partiel pour 17,9%, la retraite à taux plein pour 16,8%, des économies ou de l’épargne pour 7,5%, etc. A cette question, 22,7% des personnes répondent : "Je ne sais pas ! "
Trois résultats frappent plus particulièrement : 17,9% des personnes comptent sur des retraites à taux partiel, ce qui traduit des interruptions dans la carrière professionnelle ; Seuls 4,1% des répondants pensent compter sur l’aide financière d’un proche, ce qui caractérise un fort isolement ; 22,7% ne savent pas avec quelles ressources elles feront face à l’avenir illustrant ainsi le flou que cette notion a pour eux. La comparaison entre les plus ou moins de 50 ans est forte sur ce dernier point : si 40,1% des personnes séropositives (tous âges confondus) ne savent pas de quelles ressources elles disposeront à la retraite, cette incertitude est plus flagrante chez les personnes de plus de 50 ans (47,6%) que chez les personnes de moins de 50 ans (22,7%). On peut y voir une "insouciance" des plus jeunes ou le signe que face à une éventuelle dégradation des conditions de retraite les craintes sont très fortes et le flou plus important.
Ces perspectives qui vont du pessimisme à l’incertitude en termes de ressources à l’âge de la retraite se cumulent avec une faiblesse de l’épargne individuelle. Les personnes vivant avec le VIH de plus 50 ans déclarent dans 52,8% des cas rencontrer de réelles difficultés financières pour faire face à leurs besoins (alimentation, logement, électricité, etc.).
Remerciements à Daniela Rojas-Castro, Adeline Toullier et Guillemette Quatremère.

"VIH, Hépatites et vous" de AIDES
2 356 personnes y ont participé, dont 1 067 personnes vivant avec le VIH (PVVIH). L’âge moyen des PVVIH (43,9 ans) est significativement supérieur à celui des personnes séronégatives (35,5 ans). Parmi l’ensemble des répondants vivant avec le VIH, 74,5 % ont moins de 50 ans, 20,5 % ont entre 50 et 60 ans et 5 % ont plus de 60 ans. Parmi les PVVIH de plus de 50 ans : 69,7 % sont des hommes, 15,2 % sont des étrangers et 30 % ont un emploi