VIH dans le monde : les chiffres et les idées de l’Onusida

Publié par jfl-seronet le 02.09.2016
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Chiffresprévalenceépidémiologie

Les nouvelles infections à VIH chez les adultes et les enfants ont diminué de 40 % après avoir atteint un pic en 1997. Cependant, de nouvelles analyses menées par l'Onusida montrent que les nouvelles infections chez les adultes sont désormais stationnaires et n'ont pas réussi à baisser depuis au moins cinq ans. Le rapport de l’agence onusienne met l'accent sur les étapes nécessaires pour intensifier les efforts de prévention.

Fin mai, un nouveau rapport de l’Onusida révélait des "tendances préoccupantes concernant les nouvelles infections à VIH chez les adultes" dans le monde. L’agence onusienne y montrait que si des progrès sont notables pour endiguer les nouvelles infections à VIH chez les enfants (une baisse de plus de 70 % depuis 2001 et qui se poursuit), il n'en va pas de même pour les adultes. Le recul stagne pour ce groupe d'âge, en cause" : un retard en matière de prévention du VIH chez les adultes. Dans son rapport, l’Onusida annonce que "près d'1,9 million d'adultes par an" ont été infectés par le VIH sur au moins les cinq dernières années et que les nouvelles infections chez les adultes augmentent dans certaines régions. L'Europe de l’Est et l'Asie centrale comptent une hausse de 57 % entre 2010 et 2015 Dans les Caraïbes, les nouvelles infections chez les adultes ont augmenté annuellement de 9 % entre 2010 et 2015. Au Moyen-Orient et au Nord de l'Afrique, entre 2010 et 2015, l’augmentation est de 4 % par an. Depuis 2010, en Amérique latine, le nombre annuel de nouvelles infections à VIH s'est accru de 2 %. En Europe de l’Ouest et centrale, en Amérique du Nord et en Afrique de l'Ouest et centrale, elles ont légèrement diminué et elles ont baissé de 4 % en Afrique orientale et australe et de 3 % en Asie et dans le Pacifique. Mais l’Onusida considère qu’il "n’y a eu de baisse importante dans aucune région du monde". Le tableau n’est pas très réconfortant, mais il pourrait être encore plus noir si on en juge par les données du réseau Global burden of diseases (le fardeau mondial des maladies), plus sombres de celles de l’Onusida. Comme l’explique Tom Achoki, chercheur à l’Institute for Health metrics and evaluation (IHME) à l’université du Washington à Seattle, établissement qui a coordonné l’étude du GBD, dans "Le Monde" : "Avec des méthodes différentes, nous montrons que l’ensemble des progrès se fait de manière plus lente que ne le décrit l’Onusida".Il n’en reste pas moins que l’Onusida a tenu à délivrer un message d’alerte à la conférence de Durban. "Nous tirons la sonnette d'alarme", explique Michel Sidibé, directeur exécutif. "Les atouts de la prévention ne sont pas exploités. En cas de résurgence des nouvelles infections à VIH, l'épidémie deviendra impossible à maîtriser. Le monde doit immédiatement mettre en œuvre les actions requises pour mettre fin au retard pris en matière de prévention". Et l’agence onusienne de rappeler les répercussions du sida ces 35 dernières années : "35 millions de personnes sont décédées de maladies liées au sida et selon les estimations, 78 millions de personnes ont été infectées par le virus".

"Equité et accès pour les populations clés"

En 2014, les populations clés, dont les homosexuels, les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes, les professionnels du sexe et leurs clients, les personnes trans, celles qui consomment des drogues injectables et les prisonniers, représentaient 35 % des nouvelles infections à VIH à l'échelle mondiale, indique l’Onusida. Selon les estimations, les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes ainsi que les personnes qui consomment des drogues ont 24 fois plus de risques d’être atteints par le VIH que la population générale, tandis que les professionnels du sexe dix fois plus de risques. Les personnes trans ont 49 fois plus de risques de vivre avec le virus et les prisonniers cinq fois, que la population générale.

Des fonds destinés à la prévention sont nécessaires

Le rapport de l’Onusida souligne que les principaux espoirs fondés sur les effets positifs du traitement antirétroviral en matière de prévention de nouvelles infections commencent à se matérialiser, bien que tous les avantages risquent de ne pas être visibles avant quelques années. Le rapport sur le retard pris en matière de prévention estime que sur la moitié de toutes les personnes vivant avec le VIH, 57 % connaissent leur séropositivité, 46 % ont accès à un traitement antirétroviral et 38 % sont parvenues à un état de suppression virale, ce qui leur permet de rester en bonne santé et évite la transmission du virus. Une situation qui souligne le besoin urgent d'atteindre les objectifs 90-90-90 de l’Onusida afin de développer le plein potentiel du traitement rétroviral dans le contrôle de l’épidémie.

Déficit en matière de fonds destinés à la prévention du VIH

En parallèle des rapports publiés faisant état de la hausse du nombre de nouvelles infections à VIH (celui de l’Onusida et celui du Global burden of diseases), des données révèlent que les financements de donateurs internationaux ont atteint le seuil le plus bas depuis 2010, passant de 9,7 milliards de dollars en 2013 à 8,1 milliards de dollars en 2015. Les pays à revenus faibles et intermédiaires redoublent d'efforts pour combler la baisse avec des ressources nationales qui représentent 57 % du financement total de 19,2 milliards de dollars en 2015. Le rapport de l’Onusida pointe donc une baisse, au global, des financements mais note que "certains des principaux donateurs prennent des engagements courageux". En juin 2016, les Etats-Unis ont annoncé le lancement d'un nouveau fonds d'investissement de 100 millions de dollars destiné aux populations clés afin d'accroître leur accès aux services de traitement du VIH. L’Onusida note que "l'attribution des ressources pour la prévention du VIH est très en deçà de ce qui est nécessaire et 20 % des ressources mondiales destinées au VIH sont dépensés pour la prévention".

Retard en matière de prévention du VIH à l'échelle régionale

Le rapport détaille la trajectoire des nouvelles infections. Il étudie quelles populations et quelles zones sont les plus touchées. Il souligne aussi les domaines où les pays devraient faire des investissements plus personnalisés en matière de prévention du VIH pour une meilleure efficacité de la réponse à l’épidémie. Par exemple, en Afrique de l'Est et du Sud, les trois-quarts des nouvelles infections à VIH chez les adolescents de 10 à 19 ans concernent les jeunes filles. L'accès aux services de santé est souvent refusé aux adolescentes en raison d'inégalité des sexes, de services de soins du VIH inadaptés à leur âge, de la stigmatisation, d'un manque de pouvoir décisionnel et de violence sexiste, constate l’agence onusienne. En 2014, seulement 57 % des pays du monde (de 104 pays fournissant des données) avaient une stratégie en matière de VIH qui intégrait un budget spécifique dédié aux femmes. Dans le monde, seulement trois femmes sur dix entre 15 et 24 ans ont une connaissance globale et précise du virus. Atteindre cette population clé, en particulier en Afrique sub-saharienne, sera un facteur décisif pour mettre fin à l'épidémie du sida, notent les experts.

En Europe de l'Est et en Asie centrale, 51 % des nouvelles infections à VIH concernent les personnes consommatrices de drogues injectables. En 2015, plus de 80 % des nouvelles infections sont apparues dans la fédération de Russie. L'épidémie touche principalement les populations clés et leurs partenaires sexuels, en particulier les personnes qui consomment des drogues injectables, qui représentaient plus de la moitié des nouvelles infections en 2015. Pour autant, la couverture des programmes de prévention, en particulier en matière d'intervention de réduction des risques parmi les personnes qui s'injectent des drogues, reste très faible voire inexistante.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (région Mena), 96 % des nouvelles infections à VIH apparaissent parmi les populations clés, principalement chez les personnes qui consomment des drogues injectables, les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes et les professionnelles du sexe et leurs partenaires sexuels. Néanmoins, les programmes de prévention destinés aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les professionnelles du sexe reçoivent rarement des aides issues de ressources nationales ou délivrées par des services publics.

En Europe de l’Ouest et centrale et en Amérique du Nord, près de la moitié des nouvelles infections à VIH frappent des homosexuels et des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes et bien qu'une part croissante des ressources soit investie pour ces groupes, les efforts en matière de prévention n'ont pas les effets escomptés. Entre 2010 et 2014, les nouvelles infections à VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ont augmenté de 17 % en Europe de l'ouest et centrale et de 8 % en Amérique du Nord, notent les experts de l’Onusida.

Prévention combinée du VIH, retards et perspectives

Dans son rapport, l'Onusida invite les pays à développer une approche orientée sur la population et le lieu pour tous les programmes de lutte contre le sida, en suivant cinq piliers de prévention, à livrer de manière globale et combinés à :
- Des programmes pour les jeunes femmes et les adolescentes ainsi que leurs partenaires masculins dans des zones à forte prévalence ;
- Des services destinés aux populations clés dans tous les pays ;
- Des programmes nationaux renforcés de distribution de préservatifs ;
- La circoncision médicale volontaire dans des pays prioritaires ;
- La PrEP pour les groupes de population plus exposés à l'infection à VIH.

Combler le retard en matière de prévention du VIH

"La science, l'innovation et la recherche ont fourni des options de prévention du VIH nouvelles et efficaces", précise Michel Sidibé, dans le document de l’Onusida. "Investir dans l'innovation est la seule manière de garantir les prochaines avancées, à savoir un remède ou un vaccin", note-t-il. Les données collectées dans plus de 160 pays, démontrent que d'importants résultats peuvent être obtenus lorsque des efforts concertés sont déployés. Le rapport précise qu'en 2015, près de 17 millions de personnes avaient accès à un traitement antirétroviral, soit le double de 2010 et 22 fois plus qu'en 2000.

Commentaires

Portrait de eris

La prévention c'est déjà l'information au plus grand nombre.

Il manque tellement de visibilité, de spots publiciatires à la télé , pas sur des sites ou des lieux où les gens sont déjà informés...  ne serait-ce qu'en France sur le Vih mais aussi la sérophobie en général, la Prep, le Tasp....

Dans mes sondages personnels chez les gays ou HSH , quasiment personne ne sait plus rien par rapport à il y a ne serait ce que 10 ans...

Affligeant...

Merci nos élus, nos gouvernements, nos associations...

Tout le monde baisse les bras il faut croire.

Les rapports, c'est bien, l'action bien mieux !...Yell