VIH en Ukraine : une réponse internationale

Publié par jfl-seronet le 15.04.2022
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Droit et socialUkraineguerre

La guerre en Ukraine a déclenché une crise humanitaire catastrophique, constate un communiqué de l’Onusida, publié le 5 avril. Le nombre de décès et de blessés-es, de destructions de villes et d’agglomérations entières et d’attaques inadmissibles contre des établissements de santé et d’autres cibles civiles ne cesse d’augmenter, note l’institution onusienne. Tout cela met gravement en danger la population ukrainienne vivant avec le VIH. Alors que faire ?

260 000 personnes séropositives en Ukraine

« Il devient de plus en plus difficile pour les personnes d’accéder aux soins dont elles ont besoin, y compris les services anti-VIH », a ainsi expliqué la directrice exécutive de l’Onusida, Winnie Byanyima. « Avant l’éclatement de la guerre, l’Onusida estimait à 260 000 le nombre de personnes séropositives en Ukraine, dont 152 000 qui prenaient quotidiennement des médicaments contre le VIH (….) Sans accès aux médicaments antirétroviraux, les personnes vivant avec le VIH mourront », souligne l’agence. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’il y a eu 82 attaques distinctes contre des hôpitaux, des ambulances et des médecins en Ukraine depuis le début de la guerre, tuant 72 personnes et blessant au moins 43 personnes. Près de 50 % des pharmacies ukrainiennes sont potentiellement fermées et nombre de professionnels-les de santé sont déplacés-es ou incapables de travailler.

Fournir des ARV pour douze mois

Face à cette situation, différentes organisations internationales onusiennes (Onusida, OMS, Unicef…) ou non (Usaid, le plan Pepfar et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme) se sont associées « pour fournir aux personnes séropositives en Ukraine des médicaments pour douze mois ». Une livraison de 209 000 traitements antirétroviraux pour 90 jours est arrivée à Lviv, en Ukraine, afin d’être apportée aux personnes qui en ont besoin, explique un récent communiqué de l’Onusida. Cependant, la distribution dans le pays risque d’être difficile, en particulier dans les zones de conflit. De ce fait, l’Onusida appelle au « respect et à la protection des corridors humanitaires pour permettre la distribution de l’aide humanitaire et un passage sans danger des civils vers des zones où il n’y a pas de combats ». « Grâce à des efforts remarquables de la société civile et du gouvernement, la plupart des sites fournissant un traitement antirétroviral fonctionnent encore au moins en partie, mais la guerre a perturbé les chaînes d’approvisionnement et l’accès des patients et patientes à ces sites », a rappelé Winnie Byanyima de l’Onusida. « Les partenaires sur le terrain s’efforcent de fournir des médicaments essentiels aux personnes en faisant attention à la sécurité. La souplesse dont dispose la société civile pour atteindre les personnes est primordiale et des fonds sont nécessaires de toute urgence pour soutenir et renforcer ces liens vitaux. »

Un appel à financement

L’Onusida a lancé un appel à financement pour aider les personnes vivant avec le VIH et les populations clés à accéder aux services anti-VIH et aux besoins humanitaires de base, y compris la fourniture ininterrompue d’un traitement anti-VIH et des services de réduction des risques tels que le traitement de substitution aux opioïdes. Les personnes vivant avec le VIH concernées par la situation sont invitées à contacter la Ligne Info VIH en Ukraine : 0800 500 45, pour obtenir plus d’informations sur la disponibilité du traitement anti-VIH.

Dans son communiqué, l’Onusida souligne que « plusieurs prisons ne sont plus contrôlées par le gouvernement ukrainien. Les personnes incarcérées dans le besoin doivent avoir accès à un traitement antirétroviral contre le VIH ou un TSO (…) Plus de quatre millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le début de la guerre. On estime que jusqu’à 1 % des réfugiés-es pourraient vivre avec le VIH et avoir besoin de services anti-VIH ». Dans le cadre des efforts visant à assurer la continuité du traitement du VIH, l’OMS,  co-parrainant l’Onusida, a contribué à un accord avec le groupe pharmaceutique ViiV Healthcare portant sur des dons de médicaments anti-VIH à la Pologne, à la République tchèque et à d’autres pays de l’Union européenne accueillant un grand nombre de personnes réfugiées venant d’Ukraine. Le site de l’initiative Art Initiative for Ukrainians Abroad, établie en coordination avec le Centre de santé publique ukrainien, apporte une assistance supplémentaire aux personnes réfugiées ukrainiennes vivant avec le VIH. L’Organisation mondiale de la Santé travaille avec le Centre de santé publique ukrainien sur la collecte de données, tout en préservant la confidentialité, afin de comprendre où se trouvent les personnes vivant avec le VIH touchées par la guerre et quels sont leurs besoins. Il n’existe actuellement aucune donnée précise sur les mouvements de personnes séropositives qui ont déjà quitté le pays, du fait de la guerre et de ses conséquences.