VIH et Afrique : les journaux anglais passés à la loupe !


Publié par olivier-seronet le 25.11.2008
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stigmatisationdiscrimination

Un récent rapport britannique affirme que les médias anglais pourraient contribuer efficacement à lutter contre le rejet des personnes originaires d'Afrique touchées par le VIH/sida simplement en leur donnant la parole et en cessant d'entretenir des stéréotypes racistes. Explications.
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Le titre du rapport est long, mais il est clair : "Lancer la machine médiatique : comment les communautés africaines du Royaume-Uni peuvent travailler avec les médias afin de lutter contre la stigmatisation liée au VIH". Comme l'explique le site d'informations Irin qui a consacré un article à ce travail, ce Rapport est le résultat d'un an d'études. Entre novembre 2005 et décembre 2006, des chercheurs ont analysé, dans le détail, la manière dont la question du VIH était traitée dans cinq journaux nationaux et cinq journaux destinées aux communautés africaines au Royaume-Uni. Ils ont complété leur travail par des interviews de journalistes et de militants associatifs de la lutte contre le sida au sein des communautés africaines. Une façon de voir ce que les uns attendaient des autres et ce que les uns et les autres pouvaient mutuellement s'apporter. Comme on peut l'imaginer, le Rapport pointe que le traitement dans les journaux est bien souvent "sensationnaliste", "bourré d'erreurs" et "stigmatisant". C'est particulièrement vrai des tabloïds (la presse populaire), notamment lorsqu'il s'agit de relater des affaires de transmission qui arrivent en justice concernant des ressortissants d'origine africaine. Le Rapport indique qu'au fil des ans, un glissement s'est opéré. L'épidémie de sida n'est plus gay. Elle est devenue un "problème africain", une épidémie noire en somme. Comme le note d'ailleurs Irin "au cours des dernières années, le plus grand nombre d'infections VIH au Royaume-Uni a été enregistré par les immigrants africains".


Selon le rapport, ce traitement journalistique crée un état d'esprit particulier qui entretient une stigmatisation forte des personnes touchées. Il aurait aussi pour conséquence de décourager les Africains vivant au Royaume-Uni de se faire dépister. Une étude de 2003 indiquait que la moitié seulement des personnes d'origine africaine avait parlé de leur séropositivité à leur entourage. Selon le rapport, une des explications de ce mauvais traitement médiatique vient du fait que seulement 10 % des articles donnent la parole aux personnes concernées. De fait, la plupart des articles font parler les professionnels (état, associations, médecins) au lieu des intéressés.


Le Rapport recommande donc d'inverser la tendance en incitant les structures, notamment associatives à ne pas parler à la place des personnes concernées. Il préconise aussi de créer des ateliers sur les médias et la communication destinés aux ressortissants africains vivant avec le VIH.
Plus d'infos sur http://www.irinnews.org, rubrique VIH dans le moteur de recherche.


Crédit photo :  lusi