VIH et coronavirus : quelles précautions ?

Publié par jfl-seronet le 03.03.2020
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ThérapeutiquecoronavirusCovid-19

La France est actuellement au stade 2 de la gestion de l’infection au coronavirus (Covid-19). Ce stade est caractérisé par l’apparition de cas secondaires et l’existence de quelques regroupements de cas répartis sur le territoire (clusters). Les premiers cas sont apparus le 24 janvier en France. Seronet fait le point sur la situation au 3 mars 2020 et sur ce qu’on sait.

Qu’est-ce que le Covid-19 ?

Les coronavirus sont une grande famille de virus. Ils provoquent des maladies allant d’un simple rhume (certains virus saisonniers sont des coronavirus) à des pathologies plus sévères comme le Mers ou le Sras. Le virus identifié en janvier 2020 en Chine est un nouveau coronavirus. La maladie provoquée par ce coronavirus a été nommée Covid-19 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Où en est-on ?

Au 24 février 2020, selon l’OMS, 81 109 cas ont été confirmés dans le monde pour le nouveau coronavirus Sars-Cov2 dit Covid-19, dont 78 191 en Chine. Ce sont plus de 2 918 cas qui ont été rapportés hors de Chine dans 52 pays différents. Le nombre de cas et de pays concernés augmente chaque jour. Au 3 mars 2020, le ministère de la Santé indiquait pour les chiffres français que 13 nouveaux cas ont été déclarés, portant le total à 204 cas en France. Parmi ces nouveaux cas, un décès supplémentaire a été annoncé ce matin dans le Morbihan : il s’agit d’un homme âgé de 92 ans. Quatre personnes sont décédées des suites du Covid-19 en France.

Quels symptômes ?

D’après les éléments communiqués par les autorités chinoises pour les cas confirmés, les symptômes principaux sont la fièvre et des signes respiratoires de type toux, sensation d'oppression et/ou douleur thoracique, avec parfois dyspnée (essoufflement). La durée de l'incubation est estimée à 6 jours, mais peut aller jusqu'à 14 jours. Dans les cas plus graves, qui semblent concerner à ce jour principalement des personnes vulnérables, en raison de leur âge ou du fait d’avoir des maladies associées, la personne peut être atteinte d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë, d’une insuffisance rénale aiguë, voire d’une défaillance multi viscérale pouvant entraîner le décès.
Une communication a été faite sur le site de l’Institut Pasteur

D’où vient le virus ?

La majorité des cas initialement décrits concernait des personnes ayant fréquenté un marché d’animaux vivants, rappelle l’Institut Pasteur. L’hypothèse d’une maladie transmise par les animaux (zoonose) est donc privilégiée. Le réservoir de virus est donc probablement animal. Même si le Sars-Cov2 (Covid-19) est très proche d’un virus détecté chez une chauve-souris, l’animal à l’origine de la transmission à l’homme n'a pas encore été identifié avec certitude. Plusieurs publications suggèrent que le pangolin, petit mammifère consommé dans le sud de la Chine, pourrait être impliqué comme hôte intermédiaire du virus entre la chauve-souris et l’homme. La transmission entre personnes est bien établie et on estime qu’en l’absence de mesures de contrôle et de prévention, chaque personne porteuse du Covid-19 peut infecter entre deux et trois personnes. La transmission se fait par voie respiratoire. Le virus est présent dans la salive.

Quel diagnostic ?

La suspicion du diagnostic repose actuellement sur l’existence de signes d’infection respiratoire aiguë chez une personne exposée au virus au cours des 14 jours précédant l’apparition des symptômes, explique l’Institut Pasteur. Un test diagnostique spécifique, développé par le Centre national de référence des virus des infections respiratoires de l’Institut Pasteur, permet de « détecter ce nouveau virus sur des prélèvements d'origine respiratoire ». Il est « disponible dans de nombreux hôpitaux du territoire national français ».

Quelle période de contagiosité ?

La contagiosité semble débuter avec l’apparition des symptômes, voire quelques jours avant pour certaines personnes. Elle serait plus importante chez les personnes symptomatiques, notamment quand elles toussent. La maladie se transmet par les postillons (éternuements, toux). On considère donc qu’un contact étroit avec une personne malade est nécessaire pour transmettre la maladie : même lieu de vie, contact direct à moins d’un mètre lors d’une toux, d’un éternuement ou une discussion en l’absence de mesures de protection.

Quelle prise en charge ?

Les personnes potentiellement infectées doivent être prises en charge dans l’un des « établissements identifiés sur le territoire français pour la prise en charge des cas possibles et confirmés d'infections ». Il n’y a actuellement pas de traitement spécifique vis-à-vis de ce type d’infection à coronavirus. Le traitement est donc symptomatique. Plusieurs traitements sont en cours d’évaluation en France, en lien avec l’OMS pour être utilisés contre le coronavirus Covid-19. Certains traitements testés appartiennent aux antirétroviraux. On ne sait pas en l’état actuel des connaissances si le fait de prendre ces antirétroviraux (Kaletra, par exemple) protège du Covid-19. Ils ne peuvent donc pas être considérés comme un moyen de prévention efficace d’une éventuelle infection.

Existe-il un vaccin ?

Il n’existe pas de vaccin contre le coronavirus Covid-19 mais plusieurs essais sont en cours.

Personnes à risque ?

Comme pour beaucoup de maladies infectieuses, les personnes souffrant de maladies chroniques (hypertension, diabète, etc.), les personnes âgées ou fragiles présentent un risque plus élevé. Sida Info Service a publié (2 mars) une interview du docteur Jade Ghosn, médecin au service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris. Interrogé par Sida Info Service, le spécialiste du VIH explique que, pour une personne vivant avec le VIH avec une charge virale indétectable, les précautions à prendre étaient « les mêmes que pour la population générale. Ne pas faire de bise, ne pas serrer les mains, se laver les mains à l’eau et au savon toutes les heures, éviter les lieux de rassemblement de masse. En cas de symptômes respiratoires avec fièvre, appeler le 15 ». Il a indiqué qu’une personne vivant avec le VIH ayant un « taux de CD4 < 200/mm3 est considérée comme « à risque ». Et le médecin d’expliquer : « Si votre charge virale actuelle est indétectable et que vos CD4 actuels sont supérieurs à 200/mm3, vous ne faites pas partie des personnes vulnérables ».

Informations actualisées ?

Le ministère de la Santé a activé depuis le 1er février 2020 la plateforme téléphonique d’information « Nouveau coronavirus ». Cette plateforme officielle téléphonique est accessible au 0800 130 000 (appel gratuit depuis un poste fixe en France, 7 jours sur 7, 24h/24). Elle permet d’obtenir des informations sur le Covid-19 et des conseils si vous avez voyagé dans une zone où circule le virus ou côtoyé des personnes qui y ont circulé. Attention, la plateforme téléphonique n’est pas habilitée à dispenser des conseils médicaux, en cas de signes d’infections respiratoires dans les 14 jours suivant votre retour d'une zone à risque ; il faut contacter le 15. Le ministère de la Santé a également mis en place une rubrique « Questions/réponses » qui donne des informations actualisées.

 

Comment me protéger ?
- Se laver les mains très régulièrement. Il peut être utile de se reporter à cet article de Michelle Sconce-Massaquoi.
- Tousser ou éternuer dans son coude.
- Saluer sans se serrer la main.
- Éviter les embrassades.
- Utiliser des mouchoirs à usage unique.
- Porter un masque quand on est malade.