VIH et vieillissement : quel impact ?

Publié par Fred Lebreton le 21.07.2022
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Thérapeutiquevieillissement

L’infection à VIH accélère-t-elle le processus de vieillissement ? Oui, d’après les résultats d’une étude publiée dans iScience et reprise sur le site Medical Press. Une accélération du vieillissement qui pourrait aller jusqu’à cinq ans en l’absence d’un traitement antirétroviral efficace.

Un impact sur le vieillissement

Dans le passé, des études ont suggéré que les traitements antirétroviraux (ARV) étaient associés à la survenue précoce de comorbidités souvent liées au vieillissement comme les maladies cardiaques et rénales ou les difficultés cognitives chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Mais qu’en est-il de l’impact du VIH, en lui-même, sur le vieillissement ? Une nouvelle étude, menée par Elizabeth Crabb Breen, professeure au Cousins Center for Psychoneuroimmunology (Psychoneuroimmunologie) à Los Angeles (États-Unis), s’est intéressée au sujet. L’équipe de chercheurs-ses a analysé des échantillons de sang récoltés chez 100 hommes, six mois avant leur infection à VIH, puis deux à trois années après l’infection. Ils-elles ont comparé ces échantillons avec ceux d’un autre groupe de 100 hommes du même âge, séronégatifs au VIH, sur les mêmes périodes de temps. Les chercheurs-ses ont mesuré quatre marqueurs de l’« horloge » épigénétique (l’étude des changements dans l’activité des gènes ou pour faire simple, quatre marqueurs génétiques de vieillissement). Ils-elles ont observé une accélération du vieillissement qui allait de 1,9 à 4,8 années dans le groupe des PVVIH qui n’était pas observée dans le groupe des personnes séronégatives.

Le VIH a un impact « précoce et substantiel » sur le vieillissement chez les personnes infectées et il accélère les changements biologiques dans le corps seulement deux ou trois ans après l’infection rapportent les auteurs-rices de l’étude. « Notre travail démontre que, même dans les premiers mois et premières années de la vie avec le VIH, le virus a déjà mis en marche un processus d’accélération du vieillissement au niveau de l’ADN », déclare Elizabeth Crabb Breen. « Cela souligne l’importance cruciale des diagnostics précoces du VIH » ajoute la professeure.

En l’absence de traitement efficace

Quelques nuances et limites dans cette étude. Les chercheurs-ses précisent que ces observations ont été faites « en l’absence d’un traitement antirétroviral efficace ». « Notre accès à des échantillons rares et bien caractérisés nous ont permis de monter cette étude d’une façon qui laisse peu de doute sur le rôle du VIH dans les signes biologiques d’un vieillissement précoce », déclare Beth Jamieson, un-e des auteurs-rices de l’étude. « Notre but, sur le long terme, est de déterminer si nous pouvons utiliser un de ces signes pour prédire si une personne est sujette à un surrisque d’une maladie spécifique au vieillissement et ainsi  explorer de nouvelles cibles thérapeutiques », ajoute Beth Jamieson. Les chercheurs-es ont souligné certaines limites dans cette étude comme le fait qu’elle n’ait inclus que des hommes et en majorité blancs. Par ailleurs, le nombre de participants est trop faible pour prendre en considération les effets à venir des traitements ARV ou pour prédire de futurs résultats cliniques. Enfin, les auteurs-rices concluent qu’il n’existe pas, à ce jour, de consensus sur ce que constitue le vieillissement naturel ou comment le définir.