VIH : la crise a bon dos ?

Publié par jfl-seronet le 11.10.2009
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accès aux traitements
Il est plutôt rentre dedans l'article d'IPS (Inter Press Service) consacrée à une interrogation, manifestement partagée par certains experts : la crise financière serait le bouc émissaire des ruptures de stocks des médicaments anti-VIH dans les pays émergents ? Qu'en est-il ?
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Tout démarre avec des déclarations d'experts de la santé qui affirment que les "pénuries dans la fourniture de médicaments anti-rétroviraux (ARV) sont causées par un manque de volonté politique et une mauvaise gestion des approvisionnements, et non par la crise économique mondiale". C'est notamment ce que dit le directeur d'une organisation non gouvernementale de développement de la santé communautaire en Afrique du Sud à IPS. Selon lui, la crise financière mondiale "n'est qu'une excuse" pour expliquer le manque de financement contre le VIH/sida. Pour lui, la principale explication réside dans le "manque de volonté politique en Afrique".


Les experts constatent que si "des gouvernements africains se débrouillent pour mettre de côté des budgets pour les projets [de] prestige international - telle que la construction de plusieurs stades coûteux (…) pour la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud – ils affirment ne pas disposer d'assez d'argent pour financer les soins de santé publique". "Je n'ai pas entendu parler d'un seul stade en Afrique du Sud qui ne puisse pas être achevé à cause de la crise financière", souligne, mordant, un de ces experts. "Cela montre que [les ruptures de stocks des ARV] ont beaucoup affaire au manque de volonté politique des gouvernements". Ces ruptures de stocks de médicaments anti-VIH peuvent avoir de graves répercussions pour les personnes traitées du fait du développement de résistances. Comme le rappelle IPS, Médecins sans frontières affirme que des perturbations dans la fourniture des antirétroviraux dans les pays africains ont déjà commencé par mettre en péril la vie de personnes malades. En novembre dernier, plusieurs centres de santé publique de la province de Free State en Afrique du Sud, ont connu des pénuries du fait d'une mauvaise planification financière et des hôpitaux ont été contraints d'arrêter la mise sous traitement de personnes qui en avaient pourtant besoin, alors que des malades déjà suivis ne recevaient pas leur approvisionnement mensuel.

L'exemple de l'Afrique du Sud est édifiant. Selon IPS,  "une grave pénurie d'agents de santé, combinée avec un déficit budgétaire de plus de 130 millions de dollars pour le VIH, pourrait empêcher [l'Afrique du Sud] de fournir à 80 % des personnes séropositives un traitement anti-rétroviral d'ici à 2011."

Aujourd'hui, les experts enjoignent les gouvernement "à cesser d'utiliser la crise économique mondiale comme un bouc émissaire", mais à " renforcer les capacités de leurs systèmes de santé et à mettre en œuvre des systèmes adéquats de gestion des médicaments". Une des pistes proposée par l'organisation sud-africaine Treatment Action Campaign serait d'examiner les possibilités d'acheter des médicaments génériques bon marché, ce qui permettrait d'assurer des traitements à un plus grand nombre de personnes. Cela ne serait pas du luxe en Afrique du Sud, le pays dont le taux d'infection par le VIH est l'un des plus élevés au monde. 5,7 millions de personnes sont infectées par le VIH dans ce pays, 700 000 personnes sont sous traitement. 1 000 meurent tous les jours du sida dans ce pays.
Photo : Valike