VIH : L’antirétroviral efavirenz (Sustiva) générique est commercialisé en France

Publié par Renaud Persiaux le 04.12.2013
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Thérapeutiqueefavirenzgénérique

Comme nous l’annoncions en juin dernier, la version générique de l’efavirenz (médicament de marque, ou princeps, Sustiva) est désormais commercialisé en France. Seronet vous dit tout.

Un seul laboratoire génériqueur est actuellement sur les rangs, il s’agit de Mylan, et il a choisi de ne commercialiser que la forme à 600 mg (la dose adulte la plus courante). Le génériqueur a conçu un comprimé se voulant proche du médicament de marque : jaune, de même taille, avec la mention EV6 (efavirenz 600 mg).

Le générique  est commercialisé au prix de 139 euros, contre 315 euros pour le médicament princeps (soit une baisse de prix de 56 %). Le prix du princeps devrait baisser prochainement d’environ 20 % (c’est une procédure automatique).

Les autres antirétroviraux en France

Pour rappel, les autres antirétroviraux génériques commercialisés en France sont :
- La lamivudine (Epivir) 150 mg et 300 mg en février 2013 ;
- Le comprimé deux-en-un lamivudine/zidovudine (Combivir) en avril 2013 ;
- La névirapine (Viramune) 200 mg, version à libération immédiate (en deux prises par jour), la version à libération prolongée n’est pas généricable.

Casser Atripla ?

On ne peut que se réjouir d’une baisse des prix, d'autant que l’efficacité des versions génériques est garantie par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament), mais l’arrivée de l’efavirenz pose la question du "cassage" d’Atripla, trithérapie en un comprimé par jour, qui contient de l’efavirenz et deux nucléosides, le ténofovir et l’emtricitabine (aussi contenus dans Truvada).

La Société clinique européenne sur le sida (EACS) souhaite, depuis ses recommandations de 2011, que les génériques puissent être utilisés tant que l’on ne "casse" pas les combos (médicaments deux en un ou trois en un).

Ce n’est pas le cas du groupe d’experts français en 2013, qui souhaite "encourager la prescription et la dispensation de médicaments ARV génériques disposant d’une AMM (autorisation de mise sur le marché)" et précise que "si pour certaines personnes le maintien d’une forme combinée en un comprimé doit être privilégié, le remplacement d’une forme combinée fixe par les génériques de ses composants dans un objectif de réduction de coût est possible". Et les experts français (ceux du Rapport Morlat) d’argumenter en donnant deux "exemples" :
- Remplacer Atripla par efavirenz générique + Truvada (126 + 520 = 646 euros) permettrait une diminution de prix de 100 euros par mois par rapport à Atripla (746 euros), avec la prise de deux comprimés au lieu d’un ;
- Remplacer Atripla par efavirenz générique + lamivudine générique + Viread (ténofovir princeps) permettrait une réduction de prix de 182 euros par mois, avec la prise de trois comprimés au lieu d’un et la substitution d’emtricitabine par lamivudine, "dont l’activité est considérée comme équivalente".

Le pharmacien ne peut casser le combo

Le pharmacien ne pourra pas prendre l’initiative, de lui-même, de "casser" un combo en ses composants séparés. En revanche, certains médecins pourraient proposer à leurs patients une prescription des composantes séparées pour permettre l’utilisation de génériques.

Certaines personnes vivant avec le VIH pourraient vouloir contribuer aux économies, même si cela implique de prendre plus de comprimés. D’autres, qui trouvent les combos trop gros, pourraient préférer les composants séparés (si tant est que leurs tailles soient moindres). Mais d’autres pourraient s’inquiéter voire se mélanger, ne pas vouloir ajouter de nouveaux comprimés à une liste parfois déjà longue (s’il n’y a pas que le VIH à traiter), ou retourner à des schémas en deux prises par jour. Espérons donc que les médecins français seront à l’écoute des personnes qu’ils suivent et qu’ils leur demanderont leur avis.

La dose de 400 mg peut suffire

Cette version générique arrive quelques mois après la publication de l’étude internationale (ENCORE) en juillet dernier à la 7e conférence de l’International AIDS Society (IAS). Cette étude comparait cette dose réduite (400 mg par jour) à la dose habituelle (600 mg par jour). Après un an, elles avaient une efficacité équivalente (en termes de charge virale et de CD4), mais il y a moins d’effets indésirables (sur le psychisme, le taux de graisses dans le sang, etc.) avec la dose réduite.

Au besoin, on peut en parler à son médecin et après son accord prendre deux gélules à 200 mg au lieu du comprimé à 600 mg associées à deux nucléosides. Il serait utile que les génériqueurs s’engagent dans la fabrication des doses de 200 mg voire 400 mg, ce qui permettrait d’allier gain d’économies et gain pour les personnes.