VIH : l’école polytechnique en finit avec la sérophobie

Publié par jfl-seronet le 10.12.2015
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Droit et socialdiscriminationsérophobie

Il y a quelques jours, AIDES publiait son premier rapport : "VIH/hépatites, la face cachée des discriminations". Une de ses parties traite du droit à l’instruction et au travail. Elle pointe et dénonce les derniers interdits qui restent dans ce domaine. L’un de ces interdits était le fait de l’école polytechnique qui excluait les candidats vivant avec le VIH. On peut désormais en parler… au passé, car cette interdiction vient d’être levée par la prestigieuse école grâce à l’action de AIDES. Explications.

L’armée et les six écoles militaires (1) qui y sont rattachées appliquent des "règles unifiées visant à évaluer le profil médical" des personnes qui veulent s’engager dans l’armée et/ou candidater dans ces écoles. La gendarmerie, les pompiers ainsi que la police se conforment aux mêmes règles. Comme le détaille le rapport "VIH/hépatites, la face cachée des discriminations" de AIDES, l’aptitude médicale à servir est déterminée en fonction d’un référentiel, le Sigycop. Il établit le profil médical d’une personne, tel qu’évalué par un médecin militaire. Ce référentiel recense sept critères (Y comme yeux, P comme psychisme, E comme état général…) auxquels sont appliqués des coefficients (de 1 à 6 ou de 0 à 5), plus le score est élevé moins on est apte. En matière de VIH, une instruction définit des notes applicables automatiquement à certains critères. Ainsi en cas "d’infection à VIH asymptomatique, sans traitement, avec une immunité cellulaire satisfaisante, selon avis spécialisé", le coefficient appliqué sur le critère "Etat général" est automatiquement de trois sur six, "l’infection à VIH asymptomatique, traitée" se voit appliquée un score de quatre sur six ! Cette pondération moins favorable lorsque la personne est sous traitement apparait parfaitement déconnectées des avancées médicales et scientifiques. Et c’est là que le piège se referme.

L’école polytechnique se référait au Sigycop. Sur le critère "Etat général", elle fixait le seuil minimal du coefficient à 3. Si le coefficient dépasse ce chiffre impossible d’intégrer l’école… pour raison de santé. Avec ce référentiel et les critères retenus, une personne vivant avec le VIH sous traitement n’avait aucune chance d’intégrer l’école. Un sinistre exemple de discrimination anachronique institutionnalisée, dénoncé par AIDES.

L’association, en parallèle de la réalisation de son rapport et du travail d’expertise mené conjointement avec le Défenseur des droits, a interpellé le ministère de la Défense, dont dépend notamment l’école polytechnique. Le courrier est pour l’heure resté sans réponse.

En revanche, lors de la sortie publique du rapport, l’école polytechnique est venue vers AIDES pour indiquer qu’elle n’avait nullement l’intention d’écarter des candidat-e-s séropositifs-ves de son recrutement et qu’elle avait en ce sens modifié, par arrêté, ses conditions de recrutement en mai 2014. Pourtant, si telle était sa volonté, elle n’était pas allée au bout de sa logique en laissant perdurer des instructions et circulaires qui continuaient à se référer au Sigycop. En quelques jours, l’école, en lien avec AIDES, a donc recensé et supprimé tous les textes et références litigieux sur sont site Internet. Autrement dit, elle n’écarte plus désormais de l’inscription les candidat-e-s vivant avec le VIH. On peut espérer vu le prestige de cet établissement que cette décision fasse école ailleurs… dans les autres établissements militaires où les discriminations institutionnalisées par le Sigycop sévissent encore.

(1) Ecole spéciale de Saint-Cyr, école navale, Ecole de l’air, école nationale supérieure de techniques avancées, école nationale supérieur des ingénieurs de l’infrastructure militaire et donc anciennement l’école polytechnique.

Commentaires

Portrait de Câlin77

quil existe des discrimination face au VIH PUF FRANCE DE MERDE.Tongue Out