VIH : les TROD sont fiables et efficaces

Chaque année 6 500 personnes sont nouvellement infectées par le VIH en France et selon une estimation moyenne, 40 000 personnes ignorent qu'elles sont infectées, rappellent les auteurs de cette étude conduite au centre de dépistage gratuit et anonyme (CDAG) de l'hôpital Saint Antoine à Paris. On estime, par ailleurs, qu'en France la moitié des diagnostics se fait tardivement par rapport à la contamination par le VIH et qu'un cinquième des personnes réalisant un test classique anonyme ne vient pas chercher le résultat et donc continue d'ignorer s'il est porteur ou non du virus. Dans ce contexte, l’utilisation des tests rapides d’orientation et de diagnostic (TROD) pourrait faciliter le dépistage. Les tests rapides ont l'avantage d'apporter une réponse quasi immédiate à la personne qui s'y soumet, avec un délai de 30 minutes contre plusieurs jours d'attente pour les tests classiques Elisa. Enfin, comme le souligne l'étude, la réduction du nombre de personnes ignorant leur statut sérologique est devenue une priorité de santé publique.
Entre janvier 2010 et janvier 2011, un TROD a été proposé, en même temps qu’un test sérologique Elisa, à tous les consultants du centre de dépistage gratuit et anonyme (CDAG) de l'hôpital Saint Antoine à Paris déclarant que leur dernier rapport sexuel non protégé remontait à plus de trois mois. "Pendant la période de l’étude, 3 179 consultants se sont présentés au CDAG ; 2 448 TROD ont été réalisés, dont 15 positifs (0,5%). Le résultat du TROD a été rendu à 97,6% des consultants alors que le taux de rendu des sérologies Elisa était de 78% l’année précédente. Aucun faux négatif n’a été identifié avec le TROD, et 2 des TROD positifs n’ont pas été confirmés par Elisa ; 79,3% des consultants sont venus rechercher l’ensemble des résultats des examens sérologiques faits lors de la consultation initiale", indiquent les auteurs de l’enquête. L’analyse des caractéristiques des personnes ayant découvert leur séropositivité au CDAG montre qu’elles "appartiennent tous aux groupes à risques connus : personnes migrantes et/ou homosexuelles. Ces patients (à l’exception de 2 connaissant déjà leur séropositivité et suivis dans un autre centre) ont tous été pris en charge dans le service de maladies infectieuses de l’Hôpital Saint Antoine. Ce taux élevé d’intégration à la filière de soins est probablement lié au fait que les patients sont pris en charge au sein du même hôpital par les médecins leur ayant annoncé le diagnostic. Ces résultats soulignent l’intérêt d’une étroite connexion entre le dépistage et la prise en charge". "Les TROD permettent d’obtenir un résultat rapide avec une bonne sensibilité et spécificité. D’autres expériences devront être menées pour évaluer l’intérêt de l’utilisation des TROD dans des populations méconnaissant leurs risques ou situées à l’écart des centres de dépistage", concluent les auteurs.