VIH : séropos, c’est pas du boulot !

Publié par jfl-seronet le 05.11.2011
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En France, où 152 000 personnes vivent avec le VIH/sida, moins de la moitié des séropositifs ont un emploi, indique une enquête de AIDES présentée le 25 octobre à l'occasion d'un colloque de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur le sida au travail. Explications.
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Tous les deux ans, AIDES réalise une enquête sur ce que vivent les personnes séropositives en France. Dans l’enquête réalisée en octobre 2010, 46% des personnes séropositives qui ont répondu disent exercer une activité professionnelle et une personne sur six (18%) est privée d'activité alors même qu'elle voudrait travailler. Cette enquête montre, par ailleurs, que l'arrivée des trithérapies (à partir de 1996) a considérablement amélioré l'accès à l'emploi des personnes séropositives, en même temps que leur espérance de vie. Ainsi, le taux d'emploi des personnes contaminées après 1997, date de l'arrivée généralisée de ces combinaisons de médicaments antirétroviraux s'établit à 58% contre 37% pour les personnes qui ont été contaminées avant cette date. En 2005, cette même enquête de AIDES indiquait que seuls 23% des personnes vivant avec le VIH travaillaient. Dans la version de 2010, 22% de celles qui ont un emploi ont la reconnaissance de travailleur handicapé et 9,2% des personnes vivant avec le VIH ont recours à un temps partiel thérapeutique (temps de travail aménagé pour des raisons de santé. Si on parle de revenus, 39,5% des personnes séropositives et/ou atteintes d'une hépatite virale B ou C ont touché moins de 950 euros par mois en moyenne sur l'année écoulée, le seuil de pauvreté en France. Dans notre pays, 152 000 personnes vivent avec le VIH/sida, et environ 50 000 d'entre elles ne connaîtraient pas leur séropositivité. Ces chiffres ont été présentés (et pour certains rappelés) à l’occasion d’un colloque à Paris (25 octobre) de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur le VIH/sida au travail. Un des enjeux clés est l’intégration dans le monde du travail. De nombreuses personnes séropositives restent encore discriminées du seul fait de leur séropositivité. Et pourtant, comme l’explique Michel Simon, vice-président de AIDES, cité par l’AFP : "Le sida aujourd'hui n'a rien à voir avec le sida d'il y a vingt ans ; les choses ont énormément bougé et la société, elle, n'a pas bougé".
"Dans une relation de travail, le risque de transmettre à un collègue est en dessous de zéro", rappelle-t-il. Chargée de mission Emploi à Sidaction, Séverine Fouran Peralta, a rappelé lors du colloque qu’en 30 ans, "il y a eu seulement quatorze cas de transmissions avérés en milieu professionnel et quarante supposées". Soit des données qui ne justifient en rien la constance des discriminations, ni les craintes irraisonnées qui les alimentent. Directeur du bureau de l'OIT pour la France, Jean-François Trogrlic revient sur les conclusions d’une enquête menée en 2010 qui montre que certaines idées préconçues restent vives aux yeux des salariés. "Ainsi, pour 24% des agents du public et 39% des salariés du privé, le sida est un facteur discriminant à l'embauche. Et pour 22% des agents, avoir le virus est un handicap pour évoluer (25% dans le privé)", explique l’AFP. Conséquence : une grande part des personnes séropositives sont réticentes à parler de leur séropositivité par crainte des discriminations : ils seraient 62% à tenir leur maladie secrète au travail.  
Un des objectifs de ce colloque était de revenir sur l’adoption, par l’OIT en 2010, d’une recommandation sur le sida et le monde du travail, soit "la première norme internationale jamais adoptée sur le VIH/sida", a souligné Gilles de Robien, ambassadeur de France auprès de l'organisation international du travail. Ce texte souligne, entre autres, le principe de non-discrimination, celui de dépistages volontaires et confidentiels et insiste sur les efforts de prévention. Il réaffirme également l'importance de l'emploi pour les personnes vivant avec le VIH.