VIH : une maladie chronique en Algérie ?

Publié par jfl-seronet le 11.12.2010
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L’Association de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et de promotion de la santé en Algérie (Aniss) demande l'inscription du VIH/sida sur la liste des maladies chroniques. Cette demande intervient alors que de nouveaux chiffres montrent qu'il y a eu 600 nouveaux cas de contamination dans le pays en 2010.
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Inscrire le VIH/sida sur la liste des maladies chroniques… Cette mesure permettrait le remboursement des médicaments. "Nous appelons les autorités compétentes à inscrire le sida, malgré sa faible prévalence en Algérie [selon les chiffres officiels, elle est de 1 %], sur la liste des maladies chroniques afin que les médicaments y afférents soient remboursables”, a indiqué (30 novembre) le docteur Soufi, président de l’association, à l'Agence APS. Selon l'agence, la trithérapie est prise en charge gratuitement par l’Etat en Algérie, mais ce n'est pas le cas des médicaments destinés à soigner les infections opportunistes. Selon l'ONUSIDA, à la fin 2009, 1 526 personnes dont 51 % sont des hommes recevaient une trithérapie. "Certains [traitements] sont pris en charge par l’Etat à l’exemple de la tuberculose, d’autres ne le sont pas et c'est un fardeau pour les malades”, a expliqué le docteur Soufi. Le médecin et responsable associatif dénonce aussi les "ruptures récurrentes" des médicaments pour le traitement du sida. De son point de vue, ce problème n'est pas le fait des autorités sanitaires, le ministère de la Santé notamment, mais de l'existence de dysfonctionnements "dans les canaux de distribution et d’approvisionnement des médicaments, et de prévisions [des stocks], engendrant ainsi des ruptures momentanées".


Si le taux de prévalence est bas, ce que confirme un Rapport de l'ONUSIDA publié fin novembre, il n'en demeure pas moins que certains groupes sont très exposés au VIH. "La faible prévalence du virus du sida dans notre pays, 1 % de la population souligné par des chiffres officiels et des estimations, ne doit nullement occulter une autre réalité, celle de l’existence de groupes à risque qui constituent une passerelle entre le virus et le grand public", avance pour sa part le quotidien en ligne Horizons qui a interviewé le docteur Soufi. "L’Algérie ne connaît pas des proportions alarmantes en comparaison avec les autres régions subsahariennes, mais, les chiffres avancés, soit 4 745 porteurs de virus, 1 118 en phase de la maladie après le recensement de 600 cas de contamination durant les neuf premiers mois de 2010, restent loin de la réalité. Car le sida est une maladie silencieuse et la personne contaminée peut être en bonne santé entre 7 et 10 ans", avance ce dernier. Selon lui, les "estimations les plus probables évoquent un nombre compris entre 21 000 et 30 000 personnes vivant avec le virus". Lors d'une intervention à un forum sur le VIH, le médecin a également affirmé que "la contamination par le virus VIH ne concerne pas uniquement les femmes marginalisées et les travailleuses du sexe, mais aussi les femmes au foyer (…) Beaucoup de mères de famille apprennent leur maladie après le décès de leur conjoint, elles se retrouvent ainsi veuves, malades et stigmatisées". Par ailleurs, selon lui, seulement 8 % des femmes touchées par le VIH ont accès aux services de prévention de la transmission du virus de mère à enfant. Dans son interview à l'agence APS, le docteur Soufi cite une enquête officielle qui parle de "4 % des prostituées ou travailleuses du sexe contaminées par le VIH/sida" et "une étude estimant qu’entre 30 et 40 % des usagers de drogue injectable en Algérie et au Maghreb sont atteints par le sida ou l’hépatite C.
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Photo d'Alger par Optimumcom