VIH/sida : la situation de l’épidémie en 2013

Publié par jfl-seronet le 15.11.2014
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Chiffresépidémiologie

Parmi d’autres organismes, l’INED (Institut national des études démographiques) a réalisé une fiche d’actualité sur la situation du VIH/sida en 2013, une façon de faire le point sur l’épidémie. En voici quelques points.

L’épidémie dans le monde

Dans son bilan pour l’année 2012, l’ONUSIDA estime à 35,3 millions le nombre de personnes infectées par le VIH dans le monde, avec 2,3 millions de nouvelles infections et 1,6 million de décès dans l’année. L’Afrique sub-saharienne est de loin la région du monde la plus touchée (25 millions de personnes infectées), suivie par l’Asie du Sud et du Sud-Est (4,8 millions).

Baisse du nombre de nouvelles infections : quelles explications ?

Les efforts de prévention ont certainement joué un rôle important pour réduire le nombre de nouvelles infections, en particulier les changements de comportements sexuels comme le recul de l’âge des premiers rapports sexuels, l’utilisation des préservatifs et la réduction du nombre de partenaires, note l’INED. L’augmentation du nombre de personnes infectées recevant des traitements antirétroviraux joue aussi un rôle important en limitant la transmission sexuelle, avance aussi l’organisme. Autre facteur, la circoncision masculine mise en place dans des pays où la prévalence est très forte.

Une révolution : l’avènement des traitements antirétroviraux

Depuis 1996, on dispose de combinaisons de médicaments antirétroviraux (trithérapie ou multithérapie) qui empêchent la multiplication des virus et permettent la restauration du système immunitaire (dont les cellules sont détruites par le virus), l’organisme pouvant à nouveau se défendre contre les infections, rappelle l’INED. En réduisant de façon spectaculaire la morbidité et la mortalité liées au VIH, ces traitements ont fait de l’infection à VIH une maladie chronique, résume l’organisme. "L’impact démographique des traitements a été démontré de façon remarquable dans une zone rurale du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud où plus d’un adulte sur cinq est infecté : l’espérance de vie y a augmenté de dix ans depuis 2004, date de la mise en place des programmes d’accès aux traitements", explique-t-il. Les traitements jouent aussi un rôle pour limiter l’épidémie en réduisant le risque de contamination des personnes séronégatives. Cela a été montré dans un essai clinique international, où, au sein de couples où l’un des partenaires est infecté et l’autre non, une baisse de 96 % du risque d’infection a été observée lorsque le partenaire infecté recevait un traitement. Preuve que l’INED a bien suivi les travaux sur le TASP.

ARV : une meilleure couverture

Au cours des dernières années, on a observé une très forte augmentation du nombre de personnes bénéficiant du traitement antirétroviral qui atteignait 10 millions fin 2012. Ce chiffre représente une couverture de 65 % des adultes ayant besoin d’un traitement, mais de seulement 34 % des enfants. Le nombre de personnes traitées devrait considérablement augmenter ces prochaines années avec la promotion du dépistage ainsi que les nouvelles recommandations de l’OMS de mise sous traitement plus précoce dans le cours de l’infection.

Une infection qui concerne de moins en moins les enfants

En dix ans, on a observé une réduction de moitié du nombre de nouvelles infections chez les enfants de moins de 15 ans du fait de l’utilisation des ARV chez les femmes enceintes vivant avec le VIH pour réduire la transmission de la mère à l’enfant. On estime que fin 2012, environ 63 % des femmes enceintes séropositives ont reçu un traitement préventif. L’efficacité de cette stratégie dépend autant de la capacité des systèmes de santé à la mettre en œuvre et à la maintenir sur le long terme, que de la capacité des femmes à prendre leur traitement à vie.

Nouveaux enjeux de la prévention

Des modèles mathématiques suggèrent que la mise en place d’un dépistage universel et répété (pour identifier les personnes infectées le plus vite possible) accompagné d’une mise sous traitement immédiate des personnes infectées (traitement comme prévention), pourrait vaincre l’épidémie en 30 à 40 ans dans des pays comme l’Afrique du Sud. Une autre stratégie de prévention est le traitement pre-exposition (PrEP) qui consiste à fournir un traitement de manière continue ou ponctuelle (…) à des personnes séronégatives, explique l’INED. "Là encore, plusieurs essais sont en cours dont l’essai IPERGAY en France".

"Plus que jamais, prévention et traitement sont indissociables. Encore faut-il que les individus connaissent leur statut VIH. L’information du public, l’accès aux diverses méthodes de prévention, au dépistage et aux traitements sont les meilleurs moyens d’enrayer l’épidémie", concluent les deux auteurs de cette nouvelle fiche de l’INED consacrée au VIH : Joseph Larmarange (IRD, Ceped) et Sophie Le Cœur (Ined, Ceped).