VIH/sida : les chiffres de 2007

Publié par olivier-seronet le 27.11.2008
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épidémiologie VIH/sida
A l'approche du 1er décembre, c'est une tradition, l'Institut national de veille sanitaire présente la "situation de l'infection à VIH-sida en France". Une récente réunion a permis de dresser un panorama complet au 31 décembre 2007.
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Selon les données de l'Institut national de veille sanitaire (InVS), cinq millions de tests de dépistage (on parle aussi de sérologies) du VIH ont été réalisés en 2007. Ce chiffre est stable par rapport à l'année précédente. Environ 10 600 de ces tests ont été confirmés positifs. Côté nouvelles découvertes de séropositivité, l’InVS a refait ses calculs pour obtenir une estimation plus fine. En tenant en compte des délais de déclaration (les cas déclarés avec retard par les professionnels de santé) et la sous déclaration (cas de séropositivité qui n'ont jamais été déclarés) l’agence estime à environ 6 500 le nombre de personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2007. Ce nombre a diminué depuis 2004. Cette année-là, le chiffre était estimé à 7 500.

Pour être clair, L'InVS indique que "la période 2004-2007 est marquée par une diminution globale du nombre de découvertes de séropositivité. Cette tendance s'explique principalement par la diminution des découvertes de séropositivité chez les personnes originaires d'Afrique subsaharienne alors que dans le même temps le nombre de ces découvertes a augmenté chez les hommes contaminés par rapports homosexuels. Pour autant, cette diminution du nombre de découvertes de séropositivité ne permet pas, selon l'InVS, de "dire qu'il y a une baisse du nombre de nouvelles contaminations." En effet, ce phénomène pourrait être lié à une diminution ou modification du dépistage des personnes séropositives et à une diminution des flux migratoires en provenance d'Afrique subsaharienne, mais sur ce point les chiffres font défaut. Il s'agit donc juste d'une hypothèse.

L'InVS note aussi que le nombre estimé de découvertes de séropositivité VIH est stable chez les personnes françaises contaminées par voie hétérosexuelle, autour de 1 600 cas par an, avec un nombre équivalent d'hommes et de femmes (période 2003-2007). En 2007, les découvertes de séropositivité chez les gays se sont stabilisées au niveau de 2006 autour de 2500 cas.

Source InVS

La région Ile de France représente 44% des découvertes de séropositivité. Progressivement, moins de personnes sont maintenant diagnostiquées au stade sida (de 24% en 2003 à 17% en 2007). L’âge moyen lors du résultat du test est de 38 ans. Chez les femmes il a tendance à augmenter au fil des ans, passant de 33,7 ans en 2003 à 35,5 ans en 2007 alors qu’il reste stable chez l’homme (39 ans). La proportion d'hommes dans les nouvelles découvertes a augmenté entre 2003 (58%) et 2007 (65%). Ce phénomène est lié à la baisse des contaminations par voie hétérosexuelle, ce qui n'est pas le cas lors de rapports entre hommes. Les femmes sont majoritaies (58%) dans les transmissions par rapport hétéro.

Les hétéros
Selon l'InVS, six personnes sur dix qui découvrent leur séropositivité en 2007 ont été contaminées lors de rapports hétérosexuels. Parmi ces personnes, la moitié est originaire d'un pays d'Afrique subsaharienne. Reste que le nombre de découvertes de séropositivité chez des personnes de nationalité étrangère (environ 2400 cas en 2007) poursuit sa diminution depuis 2003 chez les femmes et depuis 2005 chez les hommes.


A noter que sur la totalité des 162 enfants de moins de 15 ans découverts séropositifs entre 2003 et 2007, 72 sont nés en Afrique subsaharienne.

Les gays
Le nombre de découvertes de séropositivité a augmenté chez les homosexuels entre 2003 et 2006. Il semble cependant se stabiliser en 2007. Les homosexuels représentent 38 % de l'ensemble des découvertes de séropositivité, soit 2500 cas en 2007. Les hommes contaminés par rapports homos sont majoritairement de nationalité française (92 % en 2007). L'âge moyen de la découverte est stable à 37 ans.

Cette tendance à la hausse (sur la période 2003-2006) peut faire suspecter une incidence du VIH en augmentation, si on suppose que le niveau de dépistage est resté le même dans ce groupe. L'augmentation du nombre de découvertes au stade de primo-infection chez les homosexuels traduit un recours au dépistage encore plus précoce qu'auparavant et peut refléter également une augmentation des nouvelles contaminations. L'InVS considère aussi que le "fait que l'âge moyen au diagnostic de l'infection VIH n'augmente pas chez les homosexuels (alors qu'il augmente dans certaines autres catégories) est un signe du renouvellement plus important des séropositifs dans cette population." Reste qu'il y a bien, selon les chiffres de l'InVS, une stabilité entre 2006 et 2007, mais une stabilité que l'InVS entend donc interpréter avec "prudence". Nous en aurons confirmation ou pas dans 6 mois lors du prochain calcul.

Les usagers de drogues
Parmi les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2007 et dont le mode de contamination est connu : 2 % ont été contaminés par usage de drogues injectables, soit 130 personnes.

Les cas de sida
Au 31 décembre 2007, le nombre total de cas de sida notifiés en France depuis le début de l’épidémie était de 63 205, dont 30 900 personnes toujours vivantes en tenant compte de la sous-déclaration des cas et des décès. Avec environ 1 200 cas estimés, le nombre de diagnostics sida continue de diminuer en 2007 ( -12%) et ce, quels que soient le sexe, le mode contamination et la nationalité.

Source InVS

Sexe et âge
Parmi les diagnostics établis en 2007, la proportion de femmes était de 31%, une proportion stable depuis 2004, mais qui varie selon la nationalité : 50% des personnes originaires d’un pays d’Afrique subsaharienne et 24% des personnes de nationalité française sont des femmes.
L’âge moyen au moment du diagnostic était de 42,2 ans, en augmentation régulière, particulièrement chez les femmes.

Mode de contamination
Si le nombre annuel de cas de sida diminue régulièrement depuis 10 ans chez les usagers de drogues, les homosexuels et les hommes français contaminés lors de rapports hétérosexuels, cette diminution est moins importante et moins régulière chez les femmes françaises contaminées de la même manière. Après avoir augmenté jusqu’en 2002, le nombre de cas diagnostiqués chez les hommes et femmes de nationalité étrangère contaminés lors de rapports hétérosexuels continue, lui, à diminuer.

Répartition géographique
Avec 342 cas par million d’habitants, la Guyane est la région où les taux de cas de sida restent les plus élevés, devant la Guadeloupe (163), la Martinique (44) et l’Île-de-France (33), ces taux s’échelonnant de 6 à 22 par million d’habitants dans le reste de la France.

Traitement antirétroviral pré-sida
Parmi les cas diagnostiqués en 2007, environ une personne sur cinq avait bénéficié d’un traitement antirétroviral avant le sida, une proportion plus importante chez les usagers de drogues (47%) que chez les homosexuels (23%) ou les hétérosexuels (17%).

Pathologies inaugurales
Avec 25% des cas, la pneumocystose est la première pathologie inaugurale des diagnostics sida établis en 2007, devant la tuberculose (20%), la toxoplasmose cérébrale (14%), la candidose œsophagienne (13%), et le sarcome de Kaposi (7%). Une dernière pathologie qui touche essentiellement les hommes (88%), homosexuels à 70% et tous de nationalité française. Le nombre de cancers invasifs du col de l’utérus est quant à lui resté stable (autour de 10 cas par an).


Les données complètes et bien d'autres sont consultables sur le site de l'InVS : http://www.invs.sante.fr/
Illustration :  duchesssa