À vue d’œil

Publié par Costa le 16.05.2008
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Le recours aux bilans CD4 et à la charge virale apporte-t-il un « plus » dans le suivi des personnes sous traitement anti-VIH ? Non, ou si peu, à en croire une étude publiée par The Lancet. Une bonne nouvelle pour les pays qui ne disposent pas de ces techniques perfectionnées, bien moins accessibles, mais surtout plus coûteuses.
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Médecins sans frontières (MSF) l’affirmait depuis plusieurs années, c’est désormais confirmé par une étude réalisée en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : l’observation des symptômes (perte de poids, fièvre) est presque aussi efficace que les résultats d’analyses sanguines pour assurer le suivi des personnes sous traitement.
Selon le Dr Charles Gilks de l’OMS, ces résultats devraient ainsi rassurer les cliniciens africains et asiatiques qui traitent des millions de personnes sans pouvoir compter sur des tests de laboratoire : ils ne compromettent pas la sécurité des patients. Le résultat de leur traitement est presque aussi bon que celui que reçoivent les patients aux États-Unis où le traitement guidé par les résultats de labo sont la norme.


Survie quasiment identique
Utilisant un modèle mathématique éprouvé pour prévoir de manière fiable l’évolution sur vingt ans de l’épidémie au Royaume-Uni, mais modifié pour refléter les réalités du terrain, des chercheurs ont étudié les conséquences à moyen et long terme de différentes approches de surveillance du traitement antirétroviral lorsque les moyens financiers sont limités.
Résultat : les taux de survie des personnes suivies par l'observation clinique des symptômes étaient presque identiques à ceux qui faisaient l’objet d’une surveillance en laboratoire. Au bout de 5 ans, l’espérance de survie est, en effet, équivalente (83% avec la surveillance de charge virale, 82 % avec celle des CD4, et 82% avec une simple surveillance des symptômes). Au bout de 24 ans, ces taux étaient respectivement de 67%, 64% et 64%.
Un taux de survie légèrement supérieur en surveillant la charge virale, qui amène les auteurs de l’étude à estimer que cette stratégie n'est donc pas la plus rentable dans les pays les plus pauvres.
Un argument qui rappelle ceux qui s’opposaient, il y a quelques années, à la mise à disposition des traitements dans ces mêmes pays…

 

droits : PhotoDisc1999

Des résultats à confirmer
L’observation clinique permet-elle à elle seule de déterminer quand passer d'un traitement donné à une personne nouvellement diagnostiquée (dit de « première intention ») à des médicaments plus coûteux lorsque apparaissent des résistances ? Là encore, l'évaluation des symptômes cliniques se révèle, selon cette étude, presque aussi efficace que les tests de laboratoire. Pour les auteurs, l'avantage lié à la numération des CD4 ou à la surveillance de la charge virale reste donc limité pour les patients suivant le traitement de première intention préconisé par l'OMS (stavudine, lamivudine et névirapine).
Fondés sur des projections mathématiques et non sur de véritables patients, ces résultats nécessitent cependant d’être confirmés par des travaux supplémentaires. Les antirétroviraux n’étant utilisés que depuis peu dans les pays en développement, rares sont, en effet, les données réelles actuellement disponibles.

Costa
(source www.who.int)