26 ans, j'ai plein de choses à vivre, je ne veux pas mourir...

Publié par parisien-breton_en_ligne le 04.10.2008
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...suite  Je prends le train dans deux jours. Je pars changer d'air en Bretagne. Avant, RDV chez mon toubib qui a reçu les résultats de mes examens sanguins (le labo fournit les réponses au toubib en direct et pas au patient...). Donc, rdv chez mon toubib. Et, et, ça n'arrive pas qu'aux autres, test HIV positif... ça y est, c'est dit, c'est fait et boum, tout explose , tout s'écroule...

Il est bien, le toubib, il cherche les mots justes on va se battre, il va m'aider, il me fera rencontrer les plus grands spécialistes, mais moi, je ne veux pas mourir...

On prévoit un nouveau rendez vous pour faire des examens complémentaires à mon retour de Bretagne...

En rentrant dans mon appart, je ressens le besoin de partager sinon je vais étouffer avant de mourir de cette putain de maladie...

J'appelle ma frangine qui habite en banlieue avec son mari et ses deux enfants. Je suis prêt  à tout lui raconter : mon homosexualité, ma nuit au trou, et ma nouvelle séropositivité... Je n'arrive pas à pleurer, j'ai une boule énorme dans la gorge... Je l'appelle et c'est mon beau frère qui décroche, elle, elle donne le biberon au plus jeune de ses fils... je parle de banalités, mon beauf me propose que ma soeur me rappelle quand elle a fini de donner ce biberon...

Quand elle rappelle, je ne sais pas pourquoi mais le moment est passé et je ne dis rien...

Départ chez mes parents, une semaine interminable... ils ne comprennent pas pourquoi je suis si mal, j'ai un boulot, une belle vie à Paris et je rentre à "moitié dépressif". Le Breton et la Bretonne n'étant pas très demonstratifs, avec mes parents, nous vivons juste une grande incompréhension. Je ne me rase plus, je quitte mon lit le matin pour trouver le canapé devant la télé et je quitte le canapé le soir pour me réfugier dans mon lit où je pleure avant de tomber de sommeil au petit matin. En plus, quand je suis seul, je picole ce que je trouve dans le buffet de la salle à manger. Un peu de toutes les bouteilles, ça évite d'en afficher une vide... et comme je suis sous Lexomil, ça n'arrange rien...

Et un livre me sauve : "Le point de fuite" de Christian Giudicelli. (J'ai le livre à côté de moi en ce moment) Je ne l'ai pas relu depuis, je ne me souviens plus de l'histoire... Juste la fin : "Ils sont arrivés à un croisement. Plusieurs panneaux. Sur l'un on indique : Paris, trente cinq kilomètres. Olivier dit - rentrons."

J'ai lu ce livre et moi aussi, j'ai su que j'allais rentrer à Paris, je me suis rasé dans la journée et j'étais prêt à redémarrer...

Dans le train, retour vers Paris, j'ai pleuré tout le trajet, pensant réellement ne revenir qu'entre Quatres Planches dans ma Bretagne natale.

Puis, j'ai fait de nouveaux examens, mon toubib m'a parlé vrai, m'a donné deux bouquins réservés aux médecins pour me montrer qu'il ne me cachait rien... Il a été disponible même très tard, même entre deux rendez vous (grand merci à lui...).

ET maintenant qu'est ce que je fais ? je me suicide ? pas mon truc... je vais réussir ma vie même si elle doit être très courte...

Le boulot, c'est planplan, je veux faire autre chose... je vais défier le sort, je postule sur un truc qui me botte : la communication dans une direction nationale. Mon chef chef chef (voir billets précédent) m'aide dans ma démarche et je réussis : j'intègre la comm nationale de ma boite...

Au moins les deux trois années qu'il me reste à vivre (espérance annoncée en 85-90), je ferai un boulot intéressant...

Ma vie sentimentale est en rideau... Je fais des rencontres mais sans lendemain. A quoi bon s'attacher si c'est pour tomber malade, être quitté et mourir dans les prochains mois...

Et puis et puis, mon état de santé reste stable... Et si je ne mourrais pas aussi vite que l'annoncent les stats ?

Alors après deux ou trois années de veille et d'attente, je décide de vivre en oubliant ce virus, petit détonateur que j'ai au plus profond de moi.

à suivre