2ème partie. Du danger du jeu de la vérité en 199… entre deux jeunes gays avant les trithérapies – Ext. Chroniques marseillaises

Publié par bernardescudier le 23.04.2012
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Ce texte est fictif.

« Emmanuel ! Je ne peux pas répondre le cœur léger à ta lettre. Que veux tu dire quand tu t’exclames : … « De fourmillement en acteurs de théâtre, de nuits de sommeil courtes et douloureuses en repos mérité, je me rends compte que jamais je n’aurai jamais voulu t’arracher de moi. Tout au plus cerner un sentiment total, lutter contre mon abandon si bon, si long, dur, dur comme ton métal… précieux. »

 

Imagine que j’ai deux possibilités : faire comme si je n’avais jamais reçu ta lettre, te voir la semaine prochaine comme si de rien n’était, et puis m’éloigner un peu plus de toi, par peur de toi, sans te le dire, et partir en voyage et ne plus revenir. La deuxième possibilité serait de te répondre dans 15 ou 20 ans en sachant qu’entre temps tu auras nié m’avoir envoyé cette lettre, en ayant cherché à m’humilier, me faisant passer auprès de tes amis pour le Bon petit gros qui sue derrière le Beau cavalier noir.

 

Je n’ai pas le choix, et donc te je te réponds par delà le cercle des eaux et des terres : tu joues à la victime, et c’est insupportable. Sache que mon compagnon le céramiste fou, est mort il y a moins d’un an dans mes bras, à l’hôpital, malade du Hiv et de l’hépatite, sans soins, et tu fais comme si de rien n’était … Tu me presses de t’aider, de te soutenir, dans ta vie privée, alors que dans ta vie sociale, associative, tu parades comme le nouveau Che Guevara sans annoncer la moindre contrariété, la moindre faiblesse. Pourquoi devrais-te supporter tes demandes ? Je t’ai aidé aux limites de mes forces, après la mort du Céramiste en te trouvant un travail, et en t’aidant à finir ton diplôme d’études alors que c’est illégal. J’ai le sentiment que tu as abusé de ma faiblesse alors que je viens juste de perdre mon compagnon.Pourquoi dis-tu que tu as réagi violemment à mon geste ? Mais tu as réagi comme d’habitude, du moment où on n’adhère pas à ta volonté, tes désirs, tes choix d’un soir, … tu deviens très violent. Je ne veux plus être le témoin de tes divagations romantiques, érotiques ou amicales. Ce défilement permanent de garçons chez toi, sans respect pour ton compagnon Simon, c’est insupportable. Ce n’est pas le sens de ma vie. Je n’aime pas les Gays qui s’amusent à piquer le petit copain de leurs amis … Cette manière que tu as de disposer de ma tendresse en me prenant souvent, trop souvent par la main, en privée, ou devant tes intimes m’est insupportable. Cette lettre où tu me déclares que je suis ton métal précieux, alors que tu fais semblant d’être avec Simon, ce n’est pas respectable, pour toi, pour moi, pour Simon. Tu abuses de ma faiblesse alors que je viens juste de perdre mon compagnon (bis ).

De mon côté, j’essaie de faire mon deuil du Céramiste. Et je ressens que tu t’amuses, que je suis la souris que tu pousses avec tes airs de diablotin de Jade. Je me rappelle le soir où tu « tripottais mentalement » une femme de 30 ans de plus que toi, pour te faire plaisir, pour passer le temps, pour se moquer du moment qui passe … Ton bel ami corse m’a prié de t’emmener parce que tu étais à l’Est de l’Eden, loin des Hommes, de l’amour ou de l’amitié.Je ne suis pas un ange. Et depuis longtemps j’ai décidé de combattre ce déchirement du corps et de l’esprit dans mes relations intimes. Depuis une expérience extrêmement douloureuse en Corse quand j’avais 20 ans. Seule la réalité m’importe. Le danger est que je couche par inadvertance avec toi comme la fois où tu m’as proposé de le faire, en venant chez moi, en compagnie de ton bel ami corse. Je ne suis pas un ange, mais je ne veux pas m’investir ni physiquement, ni affectivement. J’ai peur de toi, de ce déchirement de mes sens, de mon esprit et de mon âme. Tu chantes à mon âme et à mon corps. Et mon esprit m’impose de te résister. En ta présence, je ne ressens pas la paix intérieure qui m’habite quand je sens l’ami aimé à mes côtés.Je ne veux pas te faire de mal. Le plus simple, en ce qui me concerne, ce serait l’éloge de la fuite. Partir sans rien dire. Le risque serait alors que tu ressentes un affront terrible. A la lecture de ta lettre, si je ne te réponds pas, je pense qu’une forme de déception douloureuse pourrait naître, et tu serais tenté de m’humilier, de me menacer, ou de me frapper. Je le sens. Je sens que c’est possible. Et si le temps, les jours, les années passent, ta colère sera plus forte. Je comprends que je dois répondre à ta lettre.

Ai-je la force de te répondre ? Alors écoute …Je veux reconstruire ma vie après le départ du Céramiste, sans toi pour l’instant. Même si je peux avoir la folle tentation de me laisser aller à l’amour, à l’éloge de la folie et de la poésie. Je dois me protéger de moi, de toi, … faire attention à ma santé. Et pour l’instant tu menaces mon équilibre. Je suis triste quand je te dis ça, mais en paix. Tu ne te rends pas compte que je suis faible, très faible. Rêvons d’un temps futur où nous nous retrouverons si la force de la vie nous porte. Les voies de Dieu, de la Nature sont impénétrables ? Puisses-tu me pardonner ! Vincent."

Commentaires

Portrait de lounaa

J'aimerai lire une suite de cette chronique...

Une lettre de Vincent partit au loin, loin de Emmanuel qui ne respecte pas le décés de Simon, et se moque de la peine de Vincent qui na pas fait le deuil du céramiste, Vincent qui à sans doute etait trop bon avec Emmanuel qui le mérite pas.

Vincent sans doute amoureux de ce chevalier, mais conscient que cet amour est ravageur et qu'il na plus  la force d'en supporter autant ..

Il est si faible , on ne peut que lui souhaiter que la vie l'est conduit vers d'autres horizons bien meilleurs...

Je sais c'est un texte fictif mais si vrai...

Bon dimanche Bernard ...

Sol.