44 ans, les 45 approchant et je suis toujours

Publié par romainparis le 12.12.2013
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sidéré - trouble aussi positif que négatif - d'être simplement là.

Une belle imposture que ce contre-jour vous dis-je. :)

Commentaires

Portrait de lericou06

en tout  cas encore bien bandant pour un survivant mdr

 et je suis sur qu'on est encore là pour un ti moment Tongue Out ,on les enterrera tous ..................

bises

Portrait de fabienne

............snif t aimes pas les femmes lol

Portrait de francky14

moi aussi bientot 45 . . . dans une semaine, par contre moi les cachetons m'ont fait gagné une belle bedaine !

bon c'est une photo de 2009 d'où la clope mais j'en suis pas loin là encore 5 ou 6Kg est je retourné à mon poid de 2009, vive les effect secondaire, en plus j'ai l'impession de me décomposer de l'intérieur, je pête je rote, je suis une vraie usine à gaz !

Portrait de WhiteAngel

Tu es un homme qui a tout pour lui et ce n'est pas ton virus qui me fera penser autrement.

Même si tu dis avoir une vie de merde (lu dans un post précédent), tu as tout pour réussir ( un beau physique, une belle mentalité, une capacité d'écriture, le sens de l'amitié et plein d'autres que je ne connais pas) dans tous les domaines. Mais tu ne le vois pas ou refuses de le voir.

Et tu ne fais pas ton âge, loin de là !!! Je te le garantis.

Oui, oui, tu vas m'engueler je le sais, mais ce n'est pas grave Wink.

Amitiés Romain.

Portrait de Mumbly

Romain que tu as bien  dégusté et que nous apprécions beaucoup t'avoir encore ici! Je comprends bien la distanciation entre l'être en souffrance, et le physique qui apparaît intact et même magnifié.  Il faut juste faire avec et tenir bon... Hugs Romain!

Portrait de romainparis

je suis du label rouge dans la catégorie seromutant. Et en effet, j'ai appris à faire avec, avec le temps, puisque avec le temps va, tout s'en va (je ne vous fais pas l'insulte de la réference).

Il ne serait être question ici du physique mais de la situation du physique. C'est troublant d'être vivant, trouble positif, comme il est troublant de l'être dans une forme de vide, trouble négatif. Il y a bien longtemps que je ne me ronge point avec les questions - de questions il ne s'agit pas ici - mais d'essayer d'expliquer ce sentiment d'avoir survécu pour rien.

Tu es à côté de la plaque whiteangel puisque ma principale qualité est la lucidité, autant sur moi que sur mon environnement. C'est un problème que cette lucidité. Une fois acquise, impossible de revenir en arrière même en se mentant à soi-même, là où il est facile de mentir aux autres. 

Portrait de WhiteAngel

vraiment lucide quand il s'agit de soi-même ?

Se voit-on tel que l'on est et tel que les autres nous voient ?

Je ne pense pas.....certains ont une trop haute opinion d'eux-mêmes et d'autres sont beaucoup trop sévères avec eux-mêmes.

Sommes-nous capables d'objectivité totale envers notre propre personne ?

Inutile de se mentir, juste admettre que l'être parfait n'existe pas.

Bonne fin de journée Romain.

Portrait de romainparis

Ce n'est pas de la personne dont je veux parler, c'est de la situation de la personne. En l'occurence, d'avoir survécu au sida et autres, jusqu'à présent, et de constater la réalité dans laquelle on vit. Cette réalité est pragmatique, elle existe. Donc, de constater, que malgré les efforts fournis - sinon cela ne s'applique pas et devient complainte - qu'elle ne s'est pas améliorée.

C'est ce sentiment que j'ai du mal à définir et qui me trouble. C'est très dur à expliquer aux autres qui n'ont pas eu ce cheminement.

Portrait de WhiteAngel

Je comprends ce cheminement et ce qui te trouble car il n'est pas spécifique au HIV. Cela s'applique à toutes les pathologies graves et de longue durée.

Toujours est-il que tu es un jeune beau mec Tongue Out.

Portrait de romainparis

Le sida est vraiment spécifique dans ses conséquences sociales, surtout quand l'on porte ses stigmates physiques. Comme je l'ai spécifié, ne vous fiez pas à ma photo, le contre-jour crée une imposture.

Par un parallèle je suis incapable de comprendre les survivants de l'holocauste, je peux étudier, apprendre, mais les comprendre, non, impossible. 

Mon avantage fut d'être homosexuel avant d'être s+, j'étais donc déjà préparé à la stigmatisation. Elle ne pouvait donc pas m'atteindre sans pouvoir l'ignorer pour autant, puisqu'elle concerne un groupe auquel j'appartiens. Ce groupe n'est pas mon identité, mais une partie de mon histoire. Et ce qui peut me troubler aujourd'hui, c'est de voir d'autres s+ ou d'autres acteurs de la lutte contre le sida vouloir effacer cette partie.

J'aurai donc survécu - je ne sais comment - pour cela ? J'en suis de plus en plus persuadé devant les faits.

Après, il y a la partie personnelle de ce trouble. J'ai fourni d'énormes efforts pour progresser que j'aurai peut-être pu m'épargner vu les flagrants échecs.

Je suis vivant certes, mais le suis-je vraiment ? Voila ce trouble.

 

Portrait de Mumbly

appréhender (un peu) ta pensée... Moi, ce qui me dérange - avis aux édiles de ce site- est que aujourd'hui plus aucune action ne soit menée pour les malades su sida, oui, ceux qui ont des maladies opportunistes , à croire que ceux là sont enterrés bien avant leur heure car ce sont des malades peu présentables, sales... pas du tout en rapport avec l'image clean, joyeuse et désinvolte que l'on veut donner aux S+ en Europe...

Loin de choquer, je parle souvent dans les milieux où je vais (centre de réadaptation ou kiné...) des pathologies graves que je porte (kaposi, lemp) et je prends le temps d'expliquer pourquoi ça ne doit plus arriver, pourquoi on peut arriver à se soigner (en partie) et ne plus être contaminant, pourquoi il faut que chacun soit dépisté pour arreter la propagation de la maladie.

Je n'ai jamais eu de rejet de personne -pour le moment- et beaucoup se sont ouverts à moi de choses plus personnelles (enfant homo par ex) pour mieux comprendre, sentant qu'il y avait possibilité d'avoir de vraies réponses. J'arrête de pourrir ton blog, Romain, Hugs...

Portrait de romainparis

pourri que mes vidéos :)

Oui, bientôt les s+  les moins présentables - mot horrible car il renvoie à un produit, mais réaliste - ne seront plus, parce qu'après 50 ans ils tombent comme des mouches*, ce qui m'est à mal le discours du s+ qui a la même espérance de vie que la moyenne ou de la maladie chronique. Ce discours, politique, oublie je pense volontairement, qu'il parle des contaminés récents. Sauf et seul demain nous le diras, si les résistances du virus prennent le dessus et renvoie ces contaminés à une époque sans échappatoire.

Une probabilité plus que crédible puisque l'on découvre de nouveaux contaminés qui sont résistants à des traitements sans en avoir pris le moindre.

On pourrait s'y préparer plutôt que de subir, mais la parole des "vieux" s+, qui ont tout de même l'expérience pour eux, est minorée, voire ignorée, parce qu'ils représentent une image qui ne sert pas à la propagande officielle ; propagande qui est totalement à côté de la plaque. Il suffit de voir les campagnes de prévention totalement inefficaces...

Je ne me pose pas de questions existentielles, j'ai dépassé ce registre depuis longtemps.

A l'aube de mes 45 ans, je constate ce que fût ma vie, des échecs, et ce que devient mon groupe.

Sans pathos, je me dis que cela n'a pas valu le coup de survivre.

*L'assoc Les petits bonheurs qui s'occupe des "vieux" s+ compte, si je ne me trompe pas, 51 décès parmi ses membres en 2012... soit environ 4 par mois. 

Portrait de patoche

Même si chaque parcours est différent, je rejoins Romain... 42 ans, toujours là après 23 ans de vih, physiquement potable, mais moralement vide...

De moins en moins concerné par le monde qui m'entoure, tout en restant consterné par tant de connerie ambiante.

Aquoiboniste, jemenfoutiste, optimistico-mélancolique (ou l'inverse) sans tendances suicidaires Cool, comprenne qui pourra et/ou qui voudra !

En bonne santé oui, mais toute relative... Des années de diarrhées chroniques dues tant au vih qu'aux traitements, même si ça va mieux aujourd'hui, j'en garde un intestin fragilisé... 4 ans de truvada, ostéopénie et presque 3 cm de taille en moins, plus de multiples douleurs articulaires... Isentress a remplacé le truvada, l'ostéopénie est stabilisée, mais les douleurs reviennent régulièrement. Je peux aussi rajouter mon œil gauche dont la vision a été altérée par plusieurs crises d'herpès oculaire, ce qui provoque un voile cicatriciel qui me trouble la vue, non corrigeable et non opérable...

Qu'en sera t-il dans 10 ans? Maladie chronique peut-être, mais maladie toujours, à 42 ans, j'ai parfois l'impression que mon corps a déjà 50 voire 60 ans, mon âge mental s'étant lui arrêté à 19 !

Toujours là, mais las d'une vie chaotique, notamment d'un point de vue professionnel, fatigué d'avoir eu à survivre et d'avoir réalisé un peu tard que je pouvais commencer à vivre.

Et les réflexions "beau et intelligent comme tu es, tu peux tout avoir" n'y feront rien, parce que ça ne sert à rien.

Plus cette peur de vieillir, qui me fait dépenser plus de 600€ par an en injections d'acide hyaluronique, ce con de virus m'a volé ma jeunesse, alors je cours après, c'est pathétique.

Paradoxe sur pattes, je n'attends rien, tout en gardant cette envie de vivre... positif/négatif...

Portrait de romainparis

et la réalité que tu vis.

Et quand tu la leur explique, ils te disent que c'est toi qui, n'a pas confiance en toi, ne fait pas d'effort, que tu complexes et j'en passe. Peut-être parce qu'ils ne peuvent comprendre, pas qu'ils le veulent pas, mais qu'ils peuvent pas.

Alors, au bout d'un moment tu te tais et tu cherches la compagnie de personnes qui sont comme toi.

Portrait de Mumbly

cher Romain, il y a des ressentis, des souffrances, des émotions que l'on n'a rrive pas à expliquer, à transmettre... aujourd'hui je comprends (malheureusement) beaucoup mieux, ceux qui sont revenus des camps de la mort et n'ont rien dit... "Comment auraient ils pu comprendre... "c'est une phrase que j'ai retenu lors d'un témoignage et qu'aujourd'hui je comprends beaucoup mieux ( sans vouloir faire aucune comparaison).

 Comme toi, Romain, tout le  monde me trouve bien, en pleine forme et ne comprends pas que pour afficher cela (ça n'avance à rien de se plaindre) je supporte la douleur sans rien en montrer, je prends sur moi pour effectuer les gestes les plus courants... et même, malgré mon état, je reste toujours le pilier vers qui l'on se tourne pour trouver les solutions... Oui, aujourd'hui j'ai vraiment l'impression d'être transparent aux autres, malgré leur affection...