Le grand retour d'almodovar au film noir.
" C'est glauque " m'a-t-on dit de ce film. Almodovar aurait-il commis un remake de Trainspotting?
celui qui semble coupable n'est que la victime d'un malencontreux hasard et de son irresponsabilité de jeune adulte.
Un chirurgien qui se prend pour Dieu se refuse à assumer ses erreurs de père et essaie de remédier par la technique à la perte d'une proche dont il est responsable.
Une mère croit que sa descendance est maudite alors que son comportement erratique et léger nous donne d'autres explications.
Aucune empathie pour les autres chez ces personnages qui ne voient de vérité que dans l'étroit faisceau lumineux qu'ils projettent devant leur petite personne. Chacun semble avoir un but à très court, moyen ou très long terme.
Pedro Almodovar place évidemment quelques répliques ou situations qui nous rappellent son fond de commerce de dérision mais personne ne rit vraiment.
Glauque, ce film qui manipule le sang, les greffes de peau, les poursuites nocturnes et les viols?
Et bien non.
Ainsi, la poursuite et le kidnapping nocturnes sont théâtraux, stylisés, filmés à 40km'h et je doute même qu'un cascadeur ait été impliqué dans le tournage si ce n'est pour des raisons d'assurance.
Ainsi l'un des viols est grand-guignolesque (on apprendra dans quel but plus tard), le deuxième viol dans la narration, s'il existe, est davantage du niveau de l'illusion.
Ainsi les manipulations de sang, peau et autres activités sont filmées comme dans une publicité HD cherchant à susciter des vocations médicales et rendront les photographes des "Experts" jaloux.
Ainsi les manipulations génétiques auxquelles le chirurgien avoue se livrer ne seront pas non plus un sujet de répulsion : tout est évacué en une discussion langage de bois très " clinique de la forêt noire" en fin de congrès de médecins.
Ainsi également le passé tumultueux de Marisa Paredes, ses entrailles maudites qui n'engendrent que la folie, les demi-frères différents mais voués au malheur, sa vie dérisoire entre Espagne et Brésil : le personnage joué par l'actrice nous racontera tout cela dans une scène de confession au bord du feu de camp où brûle une literie souillée.
Dans la facture, les prises de vues impeccables (José Luis Alcaine), le design omniprésent(Carlos Bodelón), la musique qui ne vole jamais la première place (Alberto Iglesias)... Presque chaque plan est un prétexte à l'esthétisme.
Malheureusement, le placement de produits bat son plein et nuit au déroulement de l'histoire : chaque fois qu' Antonio Banderas rentre au manoir, doit-on forcément le voir descendre du coupé BMW blanc comme dans la publicité où une belle-mère acariâtre se plaint de son voyage infernal qu'elle termine sur la vue rassurante de sa dernière voiture? Est-ce réellement un message indiquant qu'il combat son vide intérieur en se réconfortant de luxe et de qualité?
En revanche, guère de doute sur Panasonic qui est présent en bas d'écran chaque fois qu'un matériel vidéo est utilisé...
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