aucune excuse si ça n'a aucun intérêt

mon sommeil n'en fait qu'à sa tête,

je m'étais gentiment couché un peu après minuit, suffisamment fatigué pour programmer le ventilo sur les 20 minutes habituelles, mais je l'ai entendu s'arrêter, ça m'a surpris, pas réveillé puisque je ne dormais pas,

au lieu de ça, j'étais en train de me poser des tas de questions (une pâte brisée avec ou sans oeuf ? le gratin dauphinois, j'ai oublié la recette), puis les préparatifs d'un voyage que je projette de faire en septembre, le souvenir d'une amie qui un jour m'appelle d'un chalet où elle était arrivée la veille, de sa terrasse elle avait assisté le matin même à une avalanche qui avait englouti deux ou trois skieurs, elle insistait pour dire que c'était ef-fro-yable, je riais comme c'était pas possible,

et à cet instant, j'ai renoncé, si je devais me refaire le tour de vingt-six mille souvenirs ou l'inventaire d'interrogations culinaires, je n'aurai pas fini demain matin, j'ai rallumé le ventilo, la lumière, un verre de lait, une clope, et puis tiens pourquoi pas pousser jusqu'à la bestiole qui ne dort jamais que d'un oeil, rapide coup d'oeil sur les messageries aussi muettes que la veille, seropasnet, il y en a un qui dit avoir arrêté le beurre et avoir des jambes impatientes, je ne comprends rien à ce que je lis, je n'ai fumé que du bon tabac de Virginie 100% tabac, sans additif, et je ne bois pas d'alcool, 

je n'ai pas envie d'attendre 2 ou 3 h du mat' pour retourner sous le drap léger, m'écrouler, pas de musique, je serais capable de me faire avoir par l'une ou l'autre de mes play-list (trop cool), alors voilà, je fais passer le temps, je m'aurai bien à l'usure, en écrivant ces âneries à charge de berceuse,

je finis cette clope et je relance le ventilo pour 20 minutes, généralement je m'endors avant, il ne faudrait pas ajouter à mes tourments celui de l'insomnie, c'est vrai qu'il fait encore un peu chaud, pour une température nocturne prise sous abri, 28°, jamais eu confiance en ce thermomètre chinois, mais s'il dit vrai, c'est excessif, surtout, j'aimerais me coucher et ne penser à rien, ni à l'avalanche, ni aux recettes de cuisine, ni à rien, ça doit bien pouvoir se trouver ça, penser à rien, s'allonger, se dire bonne nuit mentalement et basculer dans l'au-delà avant la fin du cycle du ventilo.