C'est trop injuste !

C'était dans un autre siècle et une autre époque, à la fin des années 70. En fin de deuxième cycle universitaire, j'avais décidé de résilier mon sursis pour me débarrasser du service militaire et pouvoir entrer dans la vie active tout en poursuivant mes études de troisième cycle. J'avais 23 ans.

Pour ne pas perdre totalement mon temps, et aussi bénéficier  d'une solde un peu plus intéressante, j'avais avec succès passé les tests pour devenir officier de réserve. Mais j'avais juste oublié que sous la présidence de Giscard et étant syndicaliste étudiant*, j'étais forcément considéré comme dangereux par la "grande muette". Celle-ci m'a donc refusé l'accès aux EOR sous la mention "inaptitude scolaire" : admis à l'école d'architecture sous équivalence avec un brevet de technicien, je n'étais pas bachelier...

Quelques jours après, dans une chambrée ou nous étions une trentaine dont la plupart admis pour devenir au minimum sous off, deux d'entre eux partagèrent une bouteille de mirabelle (pas le sirop, l'alcool...) au point d'arriver au stade du coma éthylique. Nous rendant compte de la gravité de leur état, nous avons alerté le sous off de garde, qui lui-même a du appeler l'officier responsable. Après avoir fait le nécessaire pour les deux inconscients, celui-ci nous passa bien sur une mémorable engueulade. Me croisant dans le couloir quelques minutes plus tard, il me prend à partie du genre : "Mais enfin, vous, B, avec votre âge et votre sens des responsabilités, pourquoi n'avez-vous pas réagît avant ?" "Mon lieutenant, répondis-je, je vous rappelle que je suis inapte scolaire au commandement..." Ce qui lui fit tourner les talons sans répondre.

Cette anecdote m'est revenue en mémoire  ces jours-ci, car sa similitude avec les  situations vécues sur le chat m'apparait comme une évidence. Un peu comme ces situations que nous avons tous vécues quand une maitresse d'école punissait toute une classe parce que l'un d'entre nous avait fait une connerie.

Malgré mon age et mes expériences nombreuses, je ressens toujours de la même façon le sentiments de l'injustice. Mais j'ai appris à la combattre différremment. 

Bon week-end !

Solidairement

François 

 * grâce à un adjudant sympa, à la fin de mon service, j'ai pu lire mon dossier militaire. Il comportait la mention "agitateur influent, à tenir écarté de la troupe..."