"C'est vraiment un acharnement psychologique.

Publié par jl06 le 12.09.2019
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Une mission d'information parlementaire se réunit depuis le début du mois de septembre concernant les thérapies de conversion, censées changer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne. Un projet de loi est en préparation à l'Assemblée nationale pour interdire ces pratiques.

"C'est vraiment un acharnement psychologique. Je dirais même qu'il s'agit d'un viol psychologique." Ces mots, très forts, sont utilisés par un trentenaire homosexuel, membre d'une communauté évangélique, pour qualifier une thérapie de conversion à laquelle il a participé.

Cette pratique, très répandue aux Etats-Unis où près de 700.000 Américains l'ont déjà subie, est censée changer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre des personnes homosexuelles ou transgenres. Le jeune homme a accepté de témoigner, anonymement, sur notre antenne, pour sensibiliser le grand public aux dangers de ces prétendues thérapies. 

"Il existe des séminaires où ça commence par des jours de jeûne. Moi ça a duré six jours. On est pris en charge par trois-quatre personnes qui vont commencer à faire une prière de délivrance. J'ai été jusqu'à la crise de vomissements, comme c'était tellement fort, psychologiquement parlant", raconte celui a qui a participé à des séminaires avec des centaines de personnes.

L'un des membres de l'église que fréquentait le trentenaire nie, tout simplement, l'existence de ces séminaires:

"Je ne sais pas qui vous a donné cette info-là. Les gens viennent ici comme ils sont et il faut qu'ils rencontrent le Christ. C'est Christ, le chemin, la vérité, la vie. Ce sujet-là, c'est très délicat d'en parler."

Eau bénite et électrochocs

Une mission d'information parlementaire s'est réunie pour la première fois à ce sujet la semaine dernière. Son objectif est de regrouper "les témoignages des victimes, des témoins et éventuellement des mis en causes qui voudraient faire amende honorable", indique à BFMTV.com Laurence Vanceunebrock-Mialon, députée LaREM, qui la copilote avec le député LFI Bastien Lachaud. Elle devrait se terminer au début de l'année 2020.

L'élue de l'Allier prépare un projet de loi pour interdire les thérapies de conversion en France. L'article unique du texte les définit comme des "pratiques prétendants modifier ou lutter contre l’orientation sexuelle ou l’identité de genre et ayant pour effet une altération de la santé physique ou mentale."

Laurence Vanceunebrock-Mialon recense deux formes de thérapies de conversion dans l'Hexagone, avec, en premier, celles en lien avec les communautés religieuses:

"Ce sont souvent de jeunes adultes issus de religions traditionnelles dont les parents, peut-être pour certains dans l’idée de les épauler et de les soutenir, vont les emmener prendre contact avec le prêtre de la paroisse. De fil en aiguille, les prêtres sont parfois amenés à se rapprocher d’autres prêtes, exorcistes. Se mettent alors en place des séances traumatisantes: on va leur jeter de l’eau bénite, leur montrer des scènes porno mettant en jeu des pratiques homosexuelles à outrance".

Il existe ensuite des thérapies qui se mettent en place par le biais de la médecine:

"Certains psychiatres ou médecins généralistes peu scrupuleux prescrivent des traitements très lourds, comme des anxiolytiques. Cela peut aller un peu plus loin. Je ne peux pas citer le nom de la clinique ou des médecins en raison du secret de l’audition, mais il existe une clinique privée à Montpellier où deux psychiatres pratiquent la sismothérapie, à savoir des électrochocs. Quand j’ai entendu le témoignage du jeune qui m’en a parlé, j’étais sidérée."

Un recensement difficile

En France, il est compliqué de recenser le nombre de personnes touchées par ces thérapies de conversion et de quantifier ces pratiques. Quelques groupes se distinguent, comme Courage, très présent aux Etats-Unis, et Torrents de Vie.

"Le recensement des personnes victimes des thérapies de conversion est difficile car elles ne déposent pas plainte. Le peu de gens qui ont voulu le faire ont été confrontés en commissariat ou en gendarmerie à des forces de l’ordre qui n'avaient aucune connaissance du sujet. Elles prennent parfois la plainte mais sous une appellation approximative et une référence du code pénal qui ne correspond pas à l’infraction, comme elle n’existe pas dans le code pénal", explique Laurence Vanceunebrock-Mialon. 

La députée indique que l'association Le Refuge lui a rapporté qu'environ 3 à 4% des appels qu'elle reçoit sont en lien avec les thérapies de conversion. Des chiffres plus précis sont en cours de collection. 

Les associations religieuses françaises visées par les accusations assurent quant à elles ne pas proposer ce type de séminaire, mais expliquent plutôt mettre en place des groupes de parole pour accompagner les personnes qui le souhaitent.

"Ce sont des groupes de partage. [...] C'est comme si je vous disais 'Si vous êtes amoureuse, je vais faire en sorte que vous soyez plus amoureuse'. C'est absurde. Moi je ne suis ni un thérapeute, ni un médecin. Je suis un prêtre. Je les écoute avec les moyens qui sont les miens. C'est-à-dire l'écoute, les groupes de partage, la prière, les sacrements", assure sur notre antenne une personne membre d'un de ces groupes. 

"Ces jeunes ont besoin d’un soutien"

Pour Laurence Vanceunebrock-Mialon, il est "important de légiférer sur le sujet et d’envoyer un signal fort aux parents qui sont parfois les vecteurs de ces thérapies. Il faut faire preuve de pédagogie et de communication auprès du grand public". 

"Quand on découvre son homosexualité à la puberté ou à l’adolescence, ce n’est pas forcément facile. On sait très bien que l’homophobie progresse dans notre société, même si elle semble progressiste. Pouvoir s’accepter en tant qu’homosexuel n'est pas forcément la chose la plus simple. Ces jeunes ont besoin d’un soutien", poursuit la députée ouvertement lesbienne, qui a reçu de nombreux témoignages de jeunes en messages privés sur Twitter.

Son projet de loi, qui devrait être déposé à l'Assemblée nationale au printemps 2020, prévoit deux ans de prison et 30.000 euros d'amende pour toute tentative de conversion de l'orientation sexuelle ou identité de genre.

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