Chiasse

Publié par Rimbaud le 19.08.2017
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Chacun passe sa vie à vouloir tout contrôler. Choisir ses amis, choisir son mec, choisir son boulot (de moins en moins vrai), choisir son coiffeur, la couleur de sa bagnole, ses plans cul, sa banque, la peinture de la salle de bain, la race de son chien, ses fringues, son niveau de langage, ses dépenses, sa bouffe, son camping en été, la marque de son portable, sa série préférée, sa playlist préférée, son alcool préféré, ses projets, ses photos, ses souvenirs… pour traverser l’existence dans l’illusion d’une forme de liberté, dans l’oubli que nous ne sommes pas Dieu, que pire, que de Dieu, il n’a peut-être jamais été question, que tout n’est qu’incohérence, qu’un immense bordel dans lequel on use nos énergies à vouloir mettre de l’ordre. L’apparition d’une maladie, quelle qu’elle soit, nous ramène à l’évidence de notre condition humaine, à l’impuissance, à l’acceptation de nos limites qui sont parfois des failles.

Aujourd’hui, j’ai une chiasse monumentale. La courante disait ma grand-mère. La diarrhée disent les mamans. J’ai une chiasse philosophique, de celles qui vous réduisent à l’état d’intestins. Tu peux bien avoir lu tous les poètes de la planète, avoir parcouru le monde, avoir rencontré des êtres d’exception, avoir réalisé des projets fabuleux, tu n’es plus qu’un intestin qui ne fait plus son boulot. Mon traitement est toujours lourd (le fameux triplé d’attaque Prézista/Truvada/Norvir). Jeudi prochain, journée hôpital marathon : cardio, pneumo, infectio… c’est le jour où on va changer de traitement et me passer à un comprimé par jour au lieu de trois. C’est con, je préfère prendre trois petits cachets plutôt qu’un gros. Le traitement me met par terre. Rarement, parfois. Je ne me plains pas. Mais aujourd’hui, pour la première fois de ma vie, je me suis littéralement chié dessus. C’est philosophiquement très intéressant. La perte de contrôle totale. Le corps qui dit à la Raison de la fermer, que c’est lui le maître du jeu, qu’il décide, qu’il gouverne. On peut y voir un effet du traitement mais l’excès de clopes y est pour beaucoup et puis… j’ai fait des œufs mimosas à midi. Avec le bol que j’ai, ils étaient peut-être contaminés au Fipronil. Allez savoir… Il faut combattre cette façon qu’a le malade de tout ramener à sa maladie. C’est une forme de complaisance. Objectivement, ces mois de premier traitement se sont passés à merveille alors je ne vais pas m’alarmer pour une petite chiasse de rien du tout. J’aime ce mot : chiasse. D’abord parce qu’il déplaira à tous les mondains. Ensuite parce qu’il est de ces rares termes dont la sonorité coïncide miraculeusement avec le sens. On ne peut pas tout contrôler, on ne doit pas tout contrôler… 

Commentaires

Portrait de Sealiah

La chiasse est très difficilement contrôlable.L' aveux de ton incontrôle me plait.Que les mondain(e)s se pincent le nez.

Ma grand-mère,non ma mère?Je ne sais plus vraiment avaient un remède: Laisses aller. Nous avons essayé de la contrôler.........c'est vaine peine.

Bien à Toi et prompt rétablissement.Si les symptômes persistes,Consultes.

Portrait de Rimbaud

Mon chéri adore les oeufs mimosas... ça valait bien quelques désagréments passagers ;)

Portrait de Sealiah

Si ce n'est qu'un désagrément passager;passons  et fait Lui plaisir.

C'est beau l'amour!!!

Portrait de Rimbaud

mimosa ;)

Portrait de Sealiah

Je fais souvent des fotes.Ce n'est pas un reproche de ma part;Arthur Rimbaud ne fait que des fautes qu'intentionnelles.Le S m'avait surpris et j'ai cherché.J'ai appris sur le mot mimosa.C'est aussi une étoile.Jardinier ,je connais le mimosa et la "sensitive".Plante musclée; dès que tu touches son feuillage ,elle le referme et le déploie à nouveau le danger passé.La nature a des émotions et aussi des sentiments.

Bien à Vous.