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Publié par seanaque le 08.11.2008
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À court terme, l’efficacité des antidépresseurs et des anxiolytiques est certes bien documentée. Mais peu d’informations existent encore sur leur impact concret à long terme. But de cette étude britannique (avec participation canadienne) : mieux cerner l’influence réelle de ces traitements sur l’évolution à distance d’un « épisode psychiatrique du milieu de la vie » (episode of mental disorder in mid-life).

Dans un groupe de 157 patients, on a comparé à cet effet le devenir dix ans plus tard de ceux ayant pris ce type de médicaments au décours de cet épisode psychiatrique, et de ceux n’ayant pas reçu ces molécules. Les situations considérées sont le tableau initial à l’âge de 43 ans et dix ans après, à 53 ans, avec la recherche d’un petit nombre de problématiques évocatrices d’une psychopathologie : troubles du sommeil, dépendance à l’égard de l’alcool, symptomatologie de type psychotique…

L’étude montre que le recours aux antidépresseurs et /ou aux anxiolytiques à 43 ans s’accompagne d’une moindre incidence des pathologies psychiatriques à 53 ans. Elle prouve aussi l’aspect infondé de l’inquiétude classique : « même efficaces, les médicaments proposés en psychiatrie sont comparables à une drogue dont on ne peut plus jamais se défaire ». Car contrairement à cette crainte habituelle, croyance liée en grande partie au rapprochement malencontreux du terme français « drogue » (toxique) et du mot anglais « drug » (médicament), l’enquête en question révèle que seulement moins d’un quart des patients (24 %) traités par des médicaments psychotropes à l’âge de 43 ans continuent encore à en prendre, dix ans plus tard !

Outre son importance à court terme, le recours à ces molécules est donc utile aussi pour la gestion différée de la santé mentale. Mais dans ce constat d’une amélioration à long terme de la problématique psychiatrique, il reste toutefois difficile de départager ce qui reviendrait en propre à l’effet (lointain) du médicament et ce qui témoignerait plutôt d’une meilleure propension du patient à avoir recherché une aide, notamment au moyen d’une psychothérapie.



Dr Alain Cohen


Colman I et coll. : Psychiatric outcomes 10 years after treatment with antidepressants or anxiolytics. Br Journal of Psychiatry 193-10 : 327-331.