Contaminé par un partenaire indétectable

Publié par aKroBat le 13.10.2008
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J’en ai marre de voir tout le monde s’emballer sur l’avis Suisse concernant la prétendue non transmission avec une charge virale indétectable. En tant que séropositif je trouve que cette question est suffisamment importante pour être considérée avec sérieux et je comprends largement l’espoir qu’elle suscite. Seulement jusqu’à présent rien n’est établi et ce contexte nous expose seulement à contaminer nos partenaires. En attendant des données contradictoires s’accumulent et personne n’en parle.

 

L’argument largement agité par les Suisses était qu’il n’y avait pas de cas démontré de transmission à un partenaire avec une charge virale indétectable. C’est aujourd’hui chose faite. Des chercheurs allemands viennent de publier un cas démontré de transmission d’un partenaire séropositif avec une charge virale indétectable dans le sang depuis plusieurs années à son partenaire.

 

Il s’agit d’un homosexuel et on sait que l’avis Suisse (je parle de l’avis écrit et évidemment pas des déclarations à l’emporte pièce de Monsieur Hirschel) ne s’appliquait pas aux homosexuels.

 

Évidemment, il ce n’est qu’un cas isolé et cela n’informe en rien sur la fréquence de la transmission dans cette situation. Mais cette publication montre seulement qu’il n’y avait pas de cas documenté jusqu’à présent car cela n’intéressait aujourd’hui personne. Pour tout le monde il était évident qu’un séropo pouvait transmettre le virus à son partenaire et avant l’avis Suisse aucune revue scientifique n’était intéressée par la question.

 

Plusieurs médecins français dont Michel Ohayon citent des cas de transmission parmi leurs patients dans les conditions de l’avis Suisse. Espérons qu’ils les publient afin qu’enfin soit menées des recherches qui nous permette d’y voir plus claire sur cette question importante pour nous tous.

 

Dans tous les cas l’affaire semble être bien moins simple que certains ont voulu la présenter sur différents blogs ici.

 

http://www.aidsmap.com/en/news/99DF7ED6-786E-4C29-B2D3-280ABB144C12.asp 

Commentaires

Portrait de ecceomo

pourquoi t'en a marre ...

calme toi beau gosse

 

ecceomo 

Positivement / /De passage avant compostage

Portrait de manuseb

Le risque zéro n'existe pas donc avis suisse ou pas ça change pas le problème. Maintenant, que chacun prenne ses responsabilités. Si certains pensent que ça ne leur suffit pas d'être séropo et qu'ils veulent un peu plus de risques, grand bien leur fasse!!
Portrait de aKroBat

Manuseb, je ne crois pas qu'on avait besoin des Suisses pour dire ça. La question n'est pas là. Il me semble plutôt qu'il s'agit de celle de la responsabilité des chercheurs et des médecins sur le fait de fournir des données fiables aux personnes séropositives et qui répondent à nos questions.

 

Car nous avons besoin de ces informations. Or un grand nombre des prises de positions auxquelles a donné lieu cette annonce ne relèvent que de la croyance. Je ne m'en contente pas et je pense que nous avons intérêt à demander plus que des avis. Exiger des recherches pour déterminer sur des bases solides les critères qui pourraient être applicables, etc. Pour le moment on en est bien loin.

 

Pourquoi cela m'énerve Ecceomo? Parceque tout simplement parceque visiblement tout le monde n'entend que ce qui l'arrange dans cette affaire. Ce que j'évoque dans ce papier n'a étrangement pas été diffusé à notre communauté. Cela me met en colère car nous avons besoin d'une information objective sur cette affaire.

 

Fuck me safe or go and fuck yourself

Portrait de manuseb

Je ne me fais pas d'illusions à ce niveau là. Ne crois tu pas AKrobat que beaucoup aimeraient tout simplement avoir le feu vert pour laisser tomber le plastique en s'en remettant à des "données fiables" parce que scientifiques. Je ne suis pas adepte du condom loin de là mais j'ai appris à faire avec et à l'apprécier. Et je peux t'assurer que même si demain on me dit qu'il n'y a aucun risque ça ne changera rien car je ne souhaiterais pas être l'exception qui confirme la règle. C'est peut être rigide comme opinion mais la rigidité ça peut avoir du bon. Mais j'adhère à fond à Fuck me safe or go and fuck yourself.
Portrait de aKroBat

Bien d'accord avec toi Manuseb, c'est à peu près le fond de ma pensée.

 

Cependant, je pense qu'il serait bon de préciser les choses car les Suisses ont fait des affirmations qui ne sont pas étayées et elles ont des conséquences sur les choix que l'on peut prendre.

 

Pour la capote en ce qui me concerne, j'ai plutôt tendance à la prendre aussi par le bon côté. C'est elle qui me permet de baiser avec tout le monde, au-delà de mon statut sérologique, et ça franchement c'est sans doute le plus important pour moi. 

 

Bises 

 

 

Fuck me safe or go and fuck yourself

Portrait de manuseb

J'aime pas les carottes et pourtant j'en mange parce que je sais que c'est bon pour moi. C'est pareil pour les capotes (jte rassure je ne les mange pas, par contre ce qu'il y a autour plutôt deux fois qu'une).Bye!
Portrait de grincheux

et l'oublier parfois : http://www.seronet.info/users/akrobat

                                               

Portrait de manuseb

  Grincheux, Il est aisé de se moquer ou de provoquer par de petites phrases assassines , c'est autre chose que d'exprimer une opinion ouvertement et de la défendre.
Portrait de ecceomo

  • Nos 2 points de vue opposés, OK, je ne cherche pas à te convaincre, je te demande simplement du respect car "Nous" (tu sais ces irresponsable que tu aimerais faire taire) le méritons . Quelques unes de nos différences :
  • - J'ai lu les X pages de la CFPS (commission fédérale de santé suisse), leur communiqué détaillé sur ce qui leur permet de dire ce qu'ils disent est un exemple de démarche scientifique, émettant des doutes là où c'est nécessaire. J'ai aussi lu beaucoup de littérature à ce sujet.
  • Le Prof. Pietro Vernazza, Président de la CFPS,  à propos de quelques malentendus concernant cette déclaration, les suivants en particulier :
  • " Dans sa déclaration la CFPS a explicitement énoncé que cette information n’est pas synonyme pour la prévention de l’affirmation : « le préservatif n’est plus nécessaire ». L’information aux médias a été claire : il s’agit d’une bonne nouvelle pour un petit nombre de personnes ; mais aucun changement pour les messages de prévention.
  • La déclaration précise également que seul un petit nombre de personnes sous traitement antirétroviral peuvent être considérées comme présentant un risque négligeable. La CFPS a circonscrit précisément ce groupe de personnes, en se basant sur une évaluation scientifique de la CCT.
  • Pour cette catégorie de personnes spécifiquement restreinte (virémie indétectable depuis plus de 6 mois, en l’absence d’autre IST), la CFPS mesure le risque de transmission à un niveau comparable à celui des risques courants de la vie quotidienne. Ce chiffre correspond aussi au risque résiduel encouru lors d’un rapport oral.
  • La CFPS déclare dès lors que c’est au partenaire négatif, au sein d’un couple stable, après avoir reçu une information médicale claire et complète, de prendre la décision en fonction du risque résiduel qu’elle/il est prêt à assumer.
  • La déclaration de la CFPS avait également pour objectif de mettre fin aux condamnations pénales non justifiées pour tentative de transmission de maladie infectieuse, qu’encourent les personnes séropositives qui décident de ne pas utiliser de préservatif de commun accord avec leur partenaire stable."
  • L'intérêt est donc d'élargir le nombre des personnes pour qui c'est une bonne nouvelle. La bonne adhésion a des traitements efficace est l'enjeu central. L'accès au traitement et suivi du plus grand nombre est donc priorité absolue. Quand on voit les milliards dégagés pour sauver le système financier mondial, on peut exiger que l'effort nécessaire pour le sida soit à la hauteur. 
  • On peut combattre l'épidémie, on sait le faire, et je suis convaincu que l'infectiosité est corrélée à la charge virale, faire baisser la virémie d'individu, fait baisser le nombre potentiel de nouvelle contamination. Et ce n'est pas une croyance, je me sens totalement apte à réfléchir, apprendre et comprendre.
  • Les messages de préventions qui prétendent le contraire de ce que l'on rencontre en le faisant perdent toute crédibilité (la Kpote y qu'à... ou alors c'est pareil.. ) 
  • alors penser l'information dans le sens de la responsabilité de chacun, c'est à dire en terme de réduction des risques me parait être un bon choix politique. Faire de la prévention en donnant des conseils, non merci. Et tout ce qui est accusations, et culpabilité , j'en veux pas.
  • Accessoirement, l’importance que revêt pour les personnes concernées d’être délivrées de l’angoisse et du fardeau "d’être un danger pour la vie d’autrui". ça n'est pas rien... Ceux qui ont été confrontés le savent .
  • ça change effectivement la vision qu'on a du SIDA. Pour moi, le combat ne se situe pas qu'au niveau des molécules, la manière dont la société voit le sida en dit long sur cette société, ses peurs , ses fantasmes, ses croyances... ses exclusions. la déclaration suisse constitue une avancée importante car qui dit non-infectiosité dit moins de stigmatisation et de discrimination. Une autre image de soi dans le regard des autres.
  • - L'échange entre manuseb et akrobat sur "y en a qui attende le feu vert..." illustre la conception qu'ils ont du rapport que l'on a avec sa séropositivité... 
  • C'est pourtant possible d'imaginer qu'il y a des gens qui n'ont pas besoin d'un Papa pour savoir et assumer ce qu'ils pensent !!... Moi, mon sida, il m'a appris à faire mes choix par moi même et c'est d'ailleurs un des grandes avancées permise par nos mobilisations années 80/90 que de concevoir le patient comme un acteur maître de ses choix. Je ne demande jamais à un soignant de décider pour moi, car dans tous les cas, le pari est le mien et c'est moi qui en assumerai les conséquences. Je lui demande de m'expliquer ce qu'il sait. C'est ce qui s'appelle un accompagnement, une prise ne charge qui jamais ne te destitue de ton statut d'individu libre. Je milite pour une prise en charge de la santé dans un esprit de responsabilité pas d'infantilisation.
  • - Enfin, pour enfoncer le clou de nos divergences, un détail m'a fait tiqué, pas grand chose, une nuance : " si ça ne leur suffit pas d'être séropo...", comme une plainte, une chose pas encore acceptée.. Moi, ma séropositivité, c'est devenu une richesse, ma fierté d'être qui je suis... pas besoin de compassion qui me placerai dans un rôle de victime. 21 ans de Sida, ça fait une vie avec cette mort parfois plus prêt parfois plus loin, pas facile mais génial ! La conscience continue ainsi offerte de me savoir mortel m'a permis d'oser et de vivre pleinement le présent. Une leçon de vie que je pourrais souhaiter aux "bien portant" ou malades d'autres choses , ou simplement vieux. Est ce parce que j'ai souvent bossé avec des handicapés ayant très très peu de moyens et qu'ils m'en ont beaucoup appris sur leur part, ma part d'humanité. Ailleurs sur la planète, des vivants de l'espèce humaine vivent différemment leur conscience de la mort, la manière dont cela change la vie quotidienne est instructif. N'oublions pas que nous occidentaux, ne sommes pas supérieur (nous sommes simplement dominants) ...
  • Alors pour moi que enfin des instances aussi responsables que le CFPS fasse ce communiqué, oui , ça m'a emplit de joie, la meilleur nouvelle depuis l'arrivée des trithé.. Et je ne suis pas le seul ! J'ai eu des passages de maladie costaud, c'est bon d'avoir remonté la pente, de reprendre encore trois louches de vie et continuer de chercher à être heureux, à rendre heureux ... Je ne vous demande pas de partager ma joie, juste de ne pas cracher dessus . Merci.
  • ecceomo
  •  
  • Positivement / / De passage avant compostage
Portrait de skyline

Bel argumentaire Ecceomo. J'aurais aimé l'écrire. Je crois qu'on est plutôt d'accord sur toute ces questions. Veux-tu devenir mon ami ? ;-)

En fait j'ai trois questions pour Akrobat et Manuseb :

- Vous est-il arrivé, pendant que vous preniez un mec ou le contraire, que la capote craque (et qu'aucun des 2 ne s'en apperçoive tout de suite) ?

- Au-delà du fait qu'on a la responsabilité de dire à la personne qu'on est séropo (si ce n'est déjà fait) et de l'envoyer (voire l'accompagner) aux urgences dans les 48h (les anglais eux ont 72h) pour prendre un traitement post-exposition, avez-vous déjà penser à l'éventualité que le TPE ne marche pas et que la personne soit contaminée quand même ?

- Comment réagiriez-vous devant l'échec de vos comportements sexuels exemplaires ?

Perso, il m'est arrivé 2 fois que la capote craque. Mes partenaires n'ont pas été contaminés ; ils avaient fait un TPE. J'ai même re-baiser avec l'un 2 par la suite (comme quoi les séroneg intelligent ça existe... faut dire que je suis assez irresistible ;-) ). Merci d'avance pour vos réponses.

Portrait de manuseb

Je ne considère pas avoir un comportement sexuel exemplaire sinon je ne serais peut-être pas là. Et tu tombes à pic puisque j'ai découvert ma séropositivité suite à un test après avoir constaté que le préso avait craqué. Mon propos était tout simplement d'éviter les risques supplémentaires quand déjà il y a des accidents de parcours comme celui que j'ai vécu.
Portrait de manuseb

Je te rassure, mon rapport à ma séropositivité se passe très bien, elle est bien vécue et bien acceptée, ce serait présomptueux de ma part de dire que je l'accepte à 100%. Juste une petite précision quant au: " si ça ne leur suffit pas...", c'est que à côté du Sida la souffrance engendrée par la séropositivité n'est rien et ça n'engage que moi. Donc inutile quand on est séropo de risquer une surinfection qui pourrait déclencher la maladie.C'est ma position voilà tout.
Portrait de skyline

Désolé pour "exemplaire", j'avoue, c'était de la provoc... Je suis d'accord pour éviter les risques supplémentaires, mais ne crois-tu pas te priver d'une part de jouissance dans ta vie sur un simple principe de précaution poussé à l'extrême. Tu as aujourd'hui plus de chance de crever dans un accident de voiture ou d'un cancer (1 personne sur 2 après l'âge de 50 ans que les séropos atteignent facile) que de mourir du sida (à condition que la Sécu ne disparaisse pas). Et puis dans le cul et l'amour, on est toujours minimum 2.

Enfin, tu n'as pas répondu à mes 3 questions. Il n'y avait pas de malice, je voulais juste savoir si tu avais envisagé que ta stratégie, pratiquement d'abstinence, puisse échouer ?