De quoi ?

D'abord la visite chez le médecin, jeune, mignon, pardonnable qui me fait l'annonce et attend. Le jeu se passe à deux. Plusieurs fois dans ma vie, ma réaction a été sollicitée face à un événement. Le décès d'un proche par exemple. Comment réagir ? Fallait-il réagir ? Bref l'instant devenait désagréable, alors que moi, là, à ce moment, j'allais bien. Fallait-il rassurer le médecin ? En avait-il besoin ?

Quant à moi, 43 ans, s'il n'était pas temps de devenir positif, cela n'avait toutefois rien de bien extraordinaire. En fait quelque chose de finalement inévitable et banal. En descendant les escaliers de son immeuble, j'ai pris conscience de mes nouvelles perceptions, l'odeur du bois de la balustrade, celle des marches, du moisi du couloir, du silence, la vie dehors qui continuait à s'agiter et que j'allais à nouveau partager, les gens, leurs corps, leurs soucis, leurs attitues.

Dans les semaines qui ont suivi, ma perception a continué à changer. Depuis j'ai acheté un nouveau lecteur MP3 pour retrouver le plaisir de m'étourdir à nouveau dans la musique, alors que j'avais décroché depuis ma crise existentielle de 1989. Pour un amateur de musique il aura fallu donc deux décennies, un peu de vie passée et une bestiole pour m'y replonger. Une musique voluptueuse comme la soul américaine des années 72-74 ou celle plus dure, trans ou goa qui m'aide à trouver le néant nécessaire à ma régénération. Je me souviens du milieu des années 90 où je trouvais la musique des clubs trop déprimante (c'est un euphémisme). Maintenant cette musique je la cherche et j'ai compris mes frères guerriers. J'ai le sentiment d'appartenir à une nouvelle communauté. Toute cela est d'une grande banalité, sauf qu'on n'en parle jamais publiquement.