Don du Sang et responsabilité pénale qui peut en découler ....

Publié par jl06 le 04.07.2020
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Don du sang : la suppression de la période d'abstinence imposée aux homosexuels inquiète AIDES et l'AFH

Présentée comme une «discrimination» par des associations LGBT, la période d'abstinence vise avant tout à protéger les receveurs, rappellent AIDES et l'Association Française des hémophiles.

Par Publié hier à 22:07, mis à jour il y a 44 minUne période d'abstinence de quatre mois est demandée aux hommes homosexuels avant de pouvoir donner leur sang. Un critère basé sur des données scientifiques, pour protéger les receveurs, rappellent AIDES, et l'AFH (Association française des hémophiles). Photo d'illustration.

Une période d'abstinence de quatre mois est demandée aux hommes homosexuels avant de pouvoir donner leur sang. Un critère basé sur des données scientifiques, pour protéger les receveurs, rappellent AIDES, et l'AFH (Association française des hémophiles). Photo d'illustration. Matej Kastelic / kasto - stock.adobe.com

C'est un vote passé presque inaperçu, en commission spéciale bioéthique : mercredi soir, des députés, principalement de gauche, ont voté la suppression de la période d'abstinence de quatre mois demandée aux hommes homosexuels avant de pouvoir donner leur sang, par le biais d'un amendement du co-rapporteur Hervé Saulignac (Parti socialiste). «Les critères de sélection du donneur ne peuvent être fondés sur le sexe du ou des partenaires avec lesquels il aurait entretenu des relations sexuelles», écrivent les députés.

Ce vote répond à une revendication d'associations LGBT voyant dans cette mesure une discrimination à l'encontre des homosexuels. «Ce critère faisait peser ce stéréotype d'une sexualisation à outrance sur les hommes gay et bi, plaide ainsi Jérémy Faledam, coprésident de SOS Homophobie. Pour nous, il était essentiel que ces critères soient basés non pas sur une population, mais sur des comportements.» Mais l'amendement suscite au contraire l'inquiétude de l'Association française de lutte contre le VIH AIDES, et de l'Association Française des hémophiles (AFH), qui rappellent que cette règle, basée sur des données scientifiques, vise avant tout à protéger les receveurs.

Un risque épidémiologique chez les hommes homosexuelsUn homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (HsH) aurait en effet 200 fois plus de risques d'être exposé au VIH qu'un homme ayant des rapports hétérosexuels, rapporte le Centre régional d'information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes (CRIPS) d'Île-de-France. «40% des personnes qui découvrent, chaque année en France, leur infection au VIH, sont des hommes homosexuels», abonde Marc Dixneuf, directeur général d'AIDES. «Ce qui nous étonne, c'est que cette dimension épidémiologique du VIH est souvent absente des discussions chez les gens qui parlent de discrimination.» «On sait qu'il y a un risque d'infection massive chez les HsH, insiste Marc Dixneuf. Le don du sang n'est pas un droit mais l'expression de la volonté du donneur. Au contraire, c'est le droit du receveur d'avoir un don absolument sûr».

Le don du sang n'est pas un droit mais l'expression de la volonté du donneur. Au contraire, c'est le droit du receveur d'avoir un don absolument sûr.

Marc Dixneuf, directeur général d'AIDES

«Le surrisque, il existe aussi chez d'autres personnes concernées par ces critères de sécurité. Par exemple, si vous avez séjourné en Angleterre dans les années 1980 ou 1990, si vous avez reçu une transfusion sanguine, si vous avez un certain poids, on vous écarte du don du sang : c'est pour garantir la sécurité maximale des receveurs, dans des situations extrêmement fragiles», souligne pour sa part Nicolas Giraud, président de l'Association française des hémophiles (AFH).

«Cette sécurité n'est pas négociable, que ce soit pour notre communauté d'hémophiles ou pour une femme qui va recevoir une transfusion sanguine après une hémorragie post-partum, et qui sortirait avec une maladie !», ajoute le président de l'AFH.

Le critère des partenaires multiples jugé non pertinent

Mais pourquoi ne pas prendre en compte le seul critère des multiples partenaires sexuels - comme c'est le cas pour les donneurs de sang hétérosexuels ou pour les lesbiennes - plutôt que de viser une communauté selon son orientation sexuelle ? Marc Dixneuf balaie l'argument : «C'est la négation de la prévalence du VIH chez les gays, prouvée dans toutes les données de veille sanitaire. Bien sûr, au niveau individuel, entre un hétérosexuel multipartenaires et un homosexuel qui a peu ou jamais de relations sexuelles, il y a une différence : mais pour la dynamique d'une épidémie, on ne raisonne pas au niveau individuel.»

«Accuser AIDES de stigmatiser les gays, ce serait quand même fort !», s'agace Marc Dixneuf. En revanche, lors de l'entretien préalable avec un médecin, le directeur général d'AIDES reconnaît que «la manière de poser les questions était au mieux maladroite, au pire discriminante », et qu'un effort a dû être fait pour que « les personnes puissent parler de leur risque éventuel sans se sentir jugées».

Le traumatisme du scandale du sang contaminé

L'interdiction pour les HsH de donner leur sang remonte à 1983, lors de l'irruption de la pandémie de SIDA. Mais cette règle reste mal, voire pas appliquée jusqu'en 1985. Un déni qui donnera lieu à l'affaire du sang contaminé (au VIH et à l'hépatite C), révélée au grand jour, en France, en 1991, mais qui durera jusqu'en 2003. Aujourd'hui, le traumatisme reste encore très ancré chez les personnes hémophiles - on estime aujourd'hui que 1350 d'entre elles ont été contaminées - mais aussi chez la communauté gay.

Un militant engagé dans la lutte contre le SIDA confie ainsi au Figaro son désarroi : «Pour moi, gay, après 20 ans de lutte contre le SIDA, c'est comme si les LGBT avaient complètement oublié ce que le VIH a fait dans notre vie. D'un côté, il y aurait les gays ''sales'', multipartenaires, et de l'autre côté les gays propres… Il ne s'agit pas d'une question de comportement mais d'environnement dans lequel le virus circule plus. La communauté homosexuelle a été ravagée par le VIH. Malgré les progrès, il continue de fortement y circuler.»

Pour moi, gay, après 20 ans de lutte contre le SIDA, c'est comme si les LGBT avaient complètement oublié ce que le VIH a fait dans notre vie.

Un militant engagé dans la lutte contre le SIDA.

2016 - 2019, ouverture progressive, le risque jugé «très faible»

En juillet 2016, l'AFH et AIDES ne s'opposent pas à la levée de l'interdiction pour les HsH de donner leur sang, propulsée par la ministre de la Santé Marisol Touraine. Il est cependant demandé à cette population de respecter un an d'abstinence avant de donner son sang. Or, depuis, «plusieurs études ont montré que lever ce critère n'augmentait pas les risques pour le receveur», argumente Jérémy Faledam de SOS Homophobie.

L'étude d'impact Complidon, parue en novembre 2018, montre en effet que «le risque de transmission du VIH par transfusion sanguine est resté stable, à un niveau très faible, avant comme après l'ouverture du don de sang aux HsH. » De 2015 à 2017, le risque est estimé «à un don VIH positif non détecté sur 5,2 millions ». L'étude plaide alors pour « une ouverture plus large du don de sang aux HsH », en réduisant la période d'abstinence de douze à quatre mois.

Cette demande est entendue par la ministre de la Santé Agnès Buzyn : en juillet 2019, elle annonce que la période d'abstinence est désormais réduite à quatre mois. Préoccupées, AIDES et l'AFH publient alors un communiqué pour rappeler que «le don du sang (...) n'a pas à répondre une demande sociale mais aux besoins des receveurs», et que «ces critères d'exclusion » ne sont pas « des motifs de discrimination dès lors qu'ils reposent sur des données scientifiques».

Un «défaut juridique», au mépris du temps scientifique

Un an après, cet amendement visant à supprimer totalement la période d'abstinence inquiète d'autant plus ces deux associations. Tout d'abord, parce que la volonté de vouloir inscrire dans la loi un principe de non-discrimination restreindrait la nécessaire souplesse des critères sanitaires du don du sang : «Il y a un vrai défaut juridique, avance Marc Dixneuf. Si demain, on a une nouvelle épidémie, il faut pouvoir modifier les critères de sélection des donneurs : pour cela, on passe par les règlements et non par la loi.» En effet, si la loi demandait, comme le prévoit l'amendement, de ne plus fonder les critères de sélection du donneur sur «le sexe du ou des partenaires avec lesquels il aurait entretenu des relations sexuelles», cela risquerait «d'influencer la prise de décision de l'État sans qu'il puisse tenir compte du contexte sanitaire», s'alarme Fabrice Pilorge.

Ensuite, parce qu'ils estiment qu'un recul scientifique est nécessaire, alors même que la réduction de la période d'abstinence à quatre mois n'est en vigueur que depuis avril dernier, et qu'une nouvelle phase de l'étude Complidon doit être menée jusqu'en 2021 pour analyser l'impact de cet assouplissement. «Je suis en colère, s'emporte Fabrice Pilorge. Finalement, on oriente une décision en fonction de l'émotion, au mépris de la santé des gens ! Avec la crise du Covid-19 qu'on vient de traverser, on voit bien qu'on ne peut politiser la santé, sans tenir compte des données scientifiques. C'est comme cela qu'on s'est retrouvé dans la situation des années 1980/1990.»

«On entend les inquiétudes et on les comprend, consent Jérémy Faledam de SOS Homophobie. Des études sont en cours, avançons avec prudence».

Commentaires

Portrait de frabro

Ce débat n'a pas de sens puisque tout est basé sur une déclaration du donneur qui peut dire ce qu'il veut puisque rien n'est vérifiable ! Il y a donc bien discrimination de principe lorsqu'on prétend imposer une abstinence à une seule catégorie de population, dans laquelle il y a autant de menteurs et de dissimulateurs que dans les autres.

Les réflexions de AIDES sur ce sujet semblent au contraire stigmatiser la population des HSH qui seraient donc irresponsables et iraient donner leur sang alors même qu'ils sauraient avoir pris des risques inconsidérés...

C'est une question de responsabilité personnelle, pas d'appartenance à telle ou telle catégorie. Impose-t-on aux personnes hétérosexuelles d'origine subsahariennes la même période d'abstinence ?

 

Portrait de Lowie

<< Je vous jure Monsieur le préleveur je vous dis la vérité, je suis bien abstinant depuis 4 mois. Vous pouvez me passer au détecteur de mensonges pour vous en convaincre.>>

Je suppose qu'avant le don du sang il y a un questionnaire à remplir ( je n'ai jamais donné mon sang. ) qui repose sur les seules affirmations du donneur. Questionnaire très intime ; mes orientations sexuelles et mes pratiques. Je ne sais pas vous mais pour ma part je ne me soumettrais pas à ce genre de déballage. Je suppose que le sang donné ne passe pas directement aux receveurs mais subit toutes une batterie de tests pour déceler les anomalies possibles et sa dangerosité. Je vois la chose comme celà. Si tel n'est pas le cas je m'abstiendrais de subir une transfusion sanguine à l'avenir.Si tel est le cas à quoi bon un questionnaire?

Cette batterie de tests que je trouve indispensable pour éviter un nouveau scandale sanitaire a un coût. Nos gourvernements envisagent-ils des économies en se basant sur la sincérité des informations ainsi récoltées ? Que vont-ils faire de ces informations très personnelles ? N'est ce pas encore un subterfuge supplémentaire pour affiner la connaissance que l'état a de tout un chacun? En plus de connaître ma situation professionnelle ,financière , de santé, affective je vais devoir les informer de ce qui se passe dans ma chambre à coucher et de mon appétit sexuelle pour un simple " don " du sang.

Pour une raison sanitaire dites sans préccédent ( COVID 19 ) la moitié de la population mondiale a été sous contrôle , 3,7 milliards de moutons obéissants et si ,récalcitrants , s'amendant. Pour une raison sanitaire je vais devoir me définir sexuellement. Je suis un menteur (possible) mais nos gouvernants le sont aussi. L'époque sent mauvais ; vous sentez ? 

Tu as tout à fait raison frabro cette polémique n'a pas de raison d'être. Que le corps médical et scientifique mettent en place la batterie de tests suite à un don du sang et j'irai donner le mien dans l'anonymat le plus absolu.

En qualité d'homme(o) responsable sauf si la folie me prenait je ne mettrais la vie de quiconque en danger de mort.