Du repliement des protéines au dépistage du VIH

Publié par goldorac le 14.02.2013
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Alexis Vallée-Bélisle, professeur au Département de chimie de l'Université de Montréal, a mis au point un instrument de mesure portatif qui pourrait révolutionner le diagnostic des maladies infectieuses et ainsi venir en aide aux pays en développement.

Cette innovation, sur laquelle ont travaillé des collègues de l'Université de Californie à Santa Barbara, consiste en un interrupteur moléculaire électronique qui affiche une variation de courant électrique dès son contact avec les anticorps présents dans le sang des personnes atteintes de maladies infectieuses, dont le virus de l'immunodéficience humaine (VIH).

Protégée par un brevet international depuis l'été dernier, la technologie permet même de déterminer avec précision et en temps réel la concentration d'anticorps dans le sang de sorte qu'il serait possible non seulement de dépister des maladies comme le VIH mais aussi de suivre leur progression. «L'avantage majeur de notre technologie est qu'elle est facile à utiliser et permet d'obtenir un diagnostic en moins de cinq minutes; il suffit de déposer une goutte de sang sur l'appareil», signale le chercheur de 37 ans qui a récemment reçu une subvention de 100 000$ du gouvernement du Canada pour concevoir le prototype de son innovation.

Première expérience de transfert technologique

Comme dans le cas des plus grandes découvertes, le chercheur ne visait pas au départ à mettre au point un tel appareil. Mais quand le directeur du Laboratoire de biocapteurs et de nanomachines a pris connaissance du programme Les étoiles canadiennes en santé mondiale de Grands Défis Canada, il a décidé de pousser un cran plus loin ses travaux.

«J'avais déjà visité des hôpitaux en Afrique, raconte Alexis Vallée-Bélisle. J'ai alors décidé d'adapter notre découverte et de la mettre au service des pays en voie de développement.» Preuve de la pertinence de l'innovation, l'homologation du brevet s'est faite en un temps record.

Au moment de l'entrevue avec Forum, Alexis Vallée-Bélisle était dans un état de grande fébrilité: en poste à l'Université depuis à peine novembre dernier, le jeune professeur travaille à constituer son équipe de recherche, qui compte déjà un étudiant à la maitrise, trois stagiaires et un assistant de recherche. «Les premières années d'une carrière universitaire sont toujours très exigeantes, confie-t-il. J'ai trouvé ma première expérience de transfert technologique plus ardue que je l'aurais cru. Mais, heureusement, j'ai l'appui de plusieurs collègues, notamment des professeurs Joëlle Pelletier, William Lubell, Jean-François Masson, Andreea R. Schmitzer et Stephen Michnick.»

M. Vallée-Bélisle se dit aussi très motivé par le fait que ses travaux trouvent une application concrète et sont utiles à la société. Cela dit, il se définit d'abord comme un universitaire. «J'aime bien la recherche appliquée, mais je ne vivrais pas sans la recherche fondamentale.»

«Tout dans la vie est question de chimie»

En attendant la mise en marché possible de son instrument de mesure, Alexis Vallée-Bélisle poursuit ses travaux sur les applications potentielles des nanotechnologies. Celles-ci en sont à un stade de développement tellement avancé que NanoQuébec prédit qu'elles devraient apporter autant d'innovations, sinon plus, que l'électricité! «Les domaines d'application dépendent de la seule créativité des chercheurs», selon M. Vallée-Bélisle.

De retour à son alma mater après un postdoctorat en bio-ingénierie à l'Université de Californie, cette étoile montante de la recherche aurait aussi bien pu devenir archéologue ou architecte, des domaines qui l'intéressent depuis son enfance. «Dans un cours de chimie au cégep, j'ai compris que ce serait pour longtemps ma passion. Tout dans la vie est question de chimie, estime le professeur Vallée-Bélisle. C'est une science où de nombreuses disciplines entrent en ligne de compte.»