Hétéro mort ou PD vivant ?

...suite : je sais, accroche un peu violente mais je vais vous expliquer ce qu'il y a derrière ce titre :

Octobre 1994, ça fait quelques  mois que je vis  une relation de couple (stable)  dans mon appart , porte d'Italie... On a décidé, au moins pour le moment de garder chacun un appart. Sauf que lui, il en a quitté un et attend le suivant qui est en travaux... Toutes ses affaires sont à la maison en transit.

Un week end, on est allé à une soirée chez des gens qui avaient plein de chats et moi, je suis allergique aux poils de chat (tendance asthmatique).

Est la résultante ? Le dimanche fut difficile... Je respire avec difficulté, même la Ventoline n'y fait rien... dans la soirée, ça empire, je commence à flipper, ce qui rend la respiration encore plus difficile... A un moment, j'ai cru que c'était la fin...

Devant mon état, il a décidé d'agir : appeler les pompiers était la seule solution...

Quelques minutes après, ils étaient là : six beaux pompiers de Paris dans leur uniforme impeccable et moi, et moi qui me sentais partir. J'ai perdu connaissance. Ce qui s'est passé, on me l'a raconté après :

Pour me récupérer, il a fallu m'intuber. Opération faite sur place. Le Samu a été appelé. Et me voilà, insconcient, transporté en urgence aux urgences de Henri Mondor à Créteil...

Topo : soins intensif en coma provoqué pendant dix jours...

Dix jours pendant lesquels je n'ai pas donné de nouvelles... Entre temps, mes parents, inquiets de ne pas avoir de signe de ma part, appellent à la maison et là ils tombent sur un mec qui n'est pas moi mais qui habite chez moi. Il leur raconte ma situation. Entre temps, mon beauf, qui est depuis peu en province, débarque à l'hopital. Devant l'ampleur de la situation, il alerte tout le monde : vision de l'hosto : "si on le reveille, ce n'est pas sûr qu'il respire sans machine..." Donc mes parents montent à la capitale. Pendant ce temps là, mon mec émigre chez des potes. Mais ils ne sont pas bêtes, ils ont à peu près compris...

Au bout de dix jours, on me réveille. Ca reste un des moment les plus horrible de ma vie (j'en ferais un billet, peut être le prochain...). Dans ma chambre, mes parents, et lui... je parle à peine, mes cordes vocales ont été abimées quand on m'a intubé. Mais j'ai besoin de parler, d'évacuer toute la peur que j'ai en moi. Et je parle, je parle, ma voix se casse souvent, Je reprends... 

Et je fais mon coming out, là, maintenant... mes parents écoutent. tout y passe, les Noël en famille où, année après année, je venais seul (même si il y avait quelqu'un) alors que ma belle soeur et mon beau frère, eux, étaient là avec les enfants... 

Et puis, là à l'hopital, il y avait lui, celui sans qui je serai mort, s'il n'avait pas appelé les pompiers (stats : 2 000 décès par an liés à des crises d'asthme pourraient être évités). Moi, je n'étais plus en capacité de le faire...

Et donc la boucle est blouclée : mes parents apprenaient (officiellement) que j'étais gay mais savaient aussi que, gràce à Lui, j'étais encore de ce monde...

Hétéro mort ou PD vivant , cruel dilemne, non pour des parents ?

Le coming out... ça c'est fait...

Une grosse interrogation qu'il me reste : pendant les dix jours où j'ai dormi, les médecins ont fait divers examens. Ma soeur, au courant de mon HIV, le leur a dit...

Mais lui, est ce qu'il l'a su ? Alors qu'on est resté ensemble pendant presque un an après, on n'en a jamais parlé... 

Est ce une des raisons de notre séparation ? est ce la peur de la maladie ? Mon manque d'honnèteté sur la question ? Je ne sais pas. La seule chose qui m'a interpellé : quelques temps après notre rupture, je l'ai rencontré dans Paris et une petite phrase de sa part, lourde de sens : "j'ai fait le test, je suis négatif". C'est la seule fois où nous avons parlé HIV. 

à suivre...