Je vais mal

Publié par Baboon le 03.07.2008
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Oui, vous allez me dire que ça arrive à tout le monde et qu'on a tous des hauts et des bas. Simplement dans ma bouche, avouer que je vais mal est quelque chose de peu courant. Le syndrome du surhomme, sûrement. Ou des relents éducatifs qui m'ont appris à ne pas me plaindre et d'affronter l'adversité la tête droite.

Il n'empêche que je dois bien me l'avouer : je vais mal. Je cherche encore les raisons de ce mal-être. La séropositivité... ça fait un moment que j'ai passé tout les stades de l'acceptation et que j'ai même franchi allègrement le seuil de la dicibilité. La fatigue liée au travail ? Peut-être est-ce un des facteurs qui contribuent à ce mal-être mais je n'ai pas l'impression que ça en soit la cause principale. Et puis, j'ai la chance de travailler et en plus de faire un truc passionnant. Donc si c'est juste un coup de fatigue, il convient que je me repose quelque peu et le tour sera joué.

Non, en y réflechissant bien, je vais mal parce que je n'ai personne à aimer, personne à qui penser, personne qui a besoin de moi, personne contre qui me blottir.

Je l'ai vécu, pendant plus de 7 ans mais cette saloperie de maladie a eu raison de ma relation.

Je crois que je n'osais pas me l'avouer mais en l'écrivant çà me paraît évident. 

En fait, pour résumer et pour éviter une redondance avec ma présentation sur ma page d'accueil, ma LEMP m'a bloqué à la maison pendant presque deux ans où je me suis battu pour rééduquer ma parole, ma vue, mon équilibre, ma démarche...

Deux ans à être dépendant de quelqu'un pour pratiquement tous les gestes de la vie courante : incapable de cuisiner, de m'occuper du foyer de façon équitable, de gérer les finances alors que c'était une tâche qui m'était habituellement dévolue. Incapable.

Mon autre de l'époque m'a toujours soutenu, porté, poussé dans une chaise quand je n'avais pas encore le droit de marcher seul, fait les paperasses, fait la bouffe, les courses quand j'avais pas le droit de conduire etc... Il s'est découvert des capacités à gérer sa vie et la mienne alors que jusqu'alors il se reposait sur moi pour les trucs quotidiens matériels qui le gonflait.

Et puis je suis allé de mieux en mieux et j'ai fini, au bout de deux ans, par retrouver du travail. Je revenais dans la vie, je reprenais un rôle et je participais à nouveau à la société. Je perdais ce sentiment d'exclusion que j'éprouvais quand j'étais bloqué chez moi et que mes journées se passaient sur le net.

Parralèlement, lui aussi à appris à vivre autrement. Et quand j'ai recommencé à vivre quasi normalement, il m'a annoncé qu'il me quittait. Qu'il ne pouvait plus. Qu'il n'y arrivait plus et que ça allait finir par le détruire aussi.

Je l'ai compris, il était à bout et il était temps qu'il se préserve aussi. Je lui serai toujours reconnaissant de m'avoir porté pendant ces deux longues années et je ne peux que lui souhaiter de retrouver le bonheur dans son existence.

Il n'empêche que le résultat est là : je suis à nouveau seul avec un trop plein d'amour qui me déborde des pores.

J'ai mis le temps à réagir : ça fait un an qu'il m'a quitté. Mais comme nous sommes restés colocataires, j'avais sa présence à mes côtés même si nous ne partagions plus le même lit.

Et puis, les dernières vacances passées ensemble, où tout au fond de moi, criait une petite voix : "c'est l'occasion rêvée pour raviver les braises".

Et puis ... rien

Pire, le bisou du soir et du matin a même disparu. C'est tout juste si on se tape pas dans la main pour se dire bonjour et bonsoir.

C'est insupportable. Je songe de plus en plus à mettre un terme à cette colocation. Et en même temps, je ne supporterai pas de le savoir loin de moi et de ne pas le voir.

Dilemne ! Quelque soit la direction que je vais emprunté je vais aller de Charybde en Scylla.

La meilleure des choses serait que je retombe amoureux.

Mais ça c'est plus facile à dire qu'à faire. En même temps je me suis pas donné les moyens d'essayer de rencontrer quelqu'un d'autre. A part pour des plans cul sans lendemain.

Et puis, un quarantenaire qui se remet sur le marché de la drague... j'ai des doutes. Le jeunisme ambiant ne favorise pas ce genre de plan.

Mais bon, je vais continuer à maîtrisiser cette envie de pleurer qui se déclenche sans crier gare et sans raison, cette agressivité qui commence à pointer et qui me fait manquer de discernement. Et je vais tracer ma route, tout droit, comme d'hab, comme un grand.

I'm a poor lonesome cowboy.... 

 

Commentaires

Portrait de Anonyme

si ce n'est que ton message m'a vraiment beaucoup touché

moi aussi je vais mal parfois, même si pour plein de raisons je ne suis pas à plaindre

le VIH est une jolie saloperie qui pourrit notre vie insidieusement