L'amour, toujours l'amour

Publié par Ferdy le 01.03.2012
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On pourrait croire le sujet usé jusqu'à la corde, pourtant c'estbien le seul sujet qui vaille. Qu'il se développe à partir de l'intime ou se mette en mode universel, l'amour devrait se trouver au coeur de nos aspirations et de nos actions. Tout le reste n'étant que loisirs, activités périphériques.

C'est en résumé ce que j'ai pu lire récemment de plus avisé à propos du mariage pour tous (attention, ce ne devrait pas non plus devenir un mode d'union obligatoire), de la campagne présidentielle et de tout ce qui nous, en général, nous anime. Pour le meilleur.

Les premiers chrétiens ne s'y étaient pas trompés, (Dieu est amour) mais c'était un peu comme une promesse de campagne, les évangélistes avaient sorti un programme (le Nouveau testament) un peu fourre-tout, dont les grandes lignes directrices s'appuyaient sur la parole d'un homme qui finit crucifié en pleine force de l'âge, et qui ne parlait ne semble-t-il que sous couvert d'allégories. 

L'erreur de cette nouvelle croyance fut sans doute d'investir dans la pierre et de se lancer dans des projets d'expansion qui devaient la conduire à l'Inquisition, à la spéculation et à la colonisation. Si l'église était restée pépère autour du pourtour méditerranéen, le besoin de conquête n'aurait pas eu à renier ses premiers engagements.

Donc, à l'origine de tout, il y a l'amour. C'est après que ça se gâte. Aimer, ça commence par croiser l'autre sans avoir besoin de l'anéantir, considérant qu'il y a de la place et des ressources suffisantes pour tout le monde. Il ou elle peut en plus de cela éveiller un appétit sexuel jamais tout à fait en sommeil, comme chez le chien et la grenouille verte. Si la relation sexuelle se développe harmonieusement, l'idée sera de conserver ce partenaire au moins pour la saison, voire même pour la vie.

Il y a selon moi une grande absente dans la revendication au mariage pour les personnes de même sexe, dans cette aspiration légitime à pouvoir bénéficier des mêmes droits. Progressivement effacée du discours associatif ou de lobbying, on perçoit l'inégalité de traitement, l'anachronisme de l'interdiction, l'incidence fiscale, financière, sociale, etc. Mais débarrassée de son enjeu essentiel, elle finit par rejoindre la cohorte des revendications corporatistes caricaturales et déterminantes.

Dans cette campagne électorale, il nous a été donné de voir que le candidat Sarkozy n'était plus tout à fait d'accord avec le président Sarkozy à ce sujet. Tout simplement, parce que son ripolinage à droite toutes, et notamment sur les terres arides du FN, devait se recentrer sur les valeurs catholiques de base, vaguement pétainistes (travail, famille, patrie), quitte à perdre un peu de ce potentiel électoral ancré à droite, résiduel et discret.

Les principaux acteurs de la lutte pour l'égalité des droits ont évidemment plus de chance pour se faire entendre à porter leur message avec l'obstination procédurière d'un groupe de lobbying actif et déterminé. Cela ne laisse que peu de place à l'effusion sentimentale, j'en suis aussi convaincu.

Pourtant, c'est comme ce désir d'adoption, la présentation qui en est souvent faite dans les médias mainstream trahit le propos de ces couples, en quête d'un développement harmonieux qui passe selon eux par un enfant, comme celui-ci scelle l'union hétérosexuelle naturellement.

Dans la caricature assez désastreuse qui apparaît et qui se trouve relayée ici-même par des gays un rien réacs (ça existe), le désir d'enfant sera assimilé par ses détracteurs au rayon des besoins consuméristes comme un autre.

La "raison de l'amour" n'est pas une arme évidente à utiliser dans le cadre de ces négociations, aussi est-ce l'argument le moins utilisé dans le plaidoyer pro domo.

Il n'est plus là qu'à titre de présupposé imprononçable, latent, tacite, en guise de paysage, d'arrière-plan. Alors même que c'est le moteur de chaque action, de chacune de ces revendications. Sinon, à quoi bon ? Je sais bien que présenter l'amour au nom de la Loi, relèvera de la candeur la moins entendue dans la grande caisse de résonnance médiatique.

Mais lorsque l'essentiel se trouve ainsi relégué à l'état de crypto-vérité sous-entendue, le discours paraît être fondé sur une seule disposition légale dont le plaignant souhaite pouvoir jouir à sa convenance, pour son bon plaisir, en dehors de toute autre aspiration affective dont il aurait à souffrir.