La belle crise

Publié par Ferdy le 05.04.2012
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Ce matin, en ouvrant la page d'accueil, j'ai l'impression de souffrir d'une rare déformation ophtalmo-illogique : la répétition du sujet. 

Ce n'est pas la première fois. Il m'arrive de corrompre ce que je lis par faiblesse, ou par fantasme. Dans la rue, il y a quelque temps, je lisais "pissotière" à la place de "pâtisserie", sur le coup ça m'a fait rire, je me suis dit encore un truc de l'inconscient, une autre fois, je voyais le même logo répété à l'infini sur un boulevard. Mais ça je crois que c'était un coup de pub. Une campagne en pleine ville.

A la fenêtre de la page d'accueil ce matin, je suis saisi. Interloqué. Toqué. Intertoqué.

Pourtant, je relis dans l'ordre et je vois d'un côté, à gauche de l'écran un article que je crois avoir déjà lu dans Libé - "Grèce : la santé en pleine crise", MSF a raison de s'inquiéter de la situation sanitaire qui risque de conduire la population grecque à un abandon des soins comme aucune grande société développée n'y était jamais parvenue,

bon, je continue mon petit bonhomme de chemin, et je découvre sans la découvrir à droite la Turbulence de la semaine dont je suis coupable "A qui profite la crise ?", suivie de près quelques lignes plus bas, du programme chathéma d'un inquiétant "la crise a-t-elle eu un retentissement sur mon quotidien ?" (annoncé pour le 24 avril).

Que de crise(s) ! 

A la fin, comme dans tout phénomène de répétition, on n'entend plus que l'effet de l'écho, le contenu véritable, lui, disparaît... repensons à celle de 29, c'est une caricature que ces hommes ruinés qui se jettent du haut des buildings de Manhattan, pourtant c'est une image forte associée à cette crise financière, il n'y eut pas plus de suicides qu'habituellement, mais deux ou trois images de guichets fermés/envahis de foules désespérées et d'un corps qui se précipite dans le vide, c'est à peu près tout ce que j'ai retenu quant à moi qui lis si mal la propagande,

la crise envahit notre champ de campagne avec allégresse, la Grèce "aurait dû ne pas", mais que savait-elle de ce qui allait l'emporter, des comptes truqués pour entrer dans ce club cossu et convoité de l'espace euro, en première avec un billet de 3ème cl. non composté, un pays qui vendait son patrimoine culturel comme de la daube et qui importait sa féta d'Israël, qui ne s'était jamais soucié de créer un cadastre fiable et une fiscalité foncière à peu près cohérente, qui augmentait par trois les salaires de ses fonctionnaires, évidemment, à un moment ça coince, et la crise se traduit facilement dans toutes les langues indo-européennes, crisis...

tous impactés (terme impropre mais largement utilisé par les temps qui courent), nous nous sentons vulnérables, ce qui nous a servi de président durant cinq ans déclare un patrimoine de 2,7 M € et ne doit pas se sentir très concerné par ces histoires de licenciements, même de l'Elysée, Carla a des ressources, non pas dans la chanson, mais dans le patrimoine personnel et familial, sarko n'aurait pas épousé une pauv'fille d'Arcelo-Mittal,

la crise, c'est un truc de riches qu'on veut faire avaler aux pauvres,

crise ça sonne plus sérieux que débine, bordel, faillite, c'est bizarre y'a plus rien qui marche, plus une tune, c'est la crise, c'est la merde et c'est grave, 

si depuis 1930, même les plus imbéciles de nos capitaines d'industrie, accompagnés de gouvernements véreux ne sont pas parvenus à créer une situation aussi catastrophique que celle que nous connaissons aujourd'hui, c'est qu'il y a un peu d'espoir pour aboutir à une grande belle guerre économique mondiale, accessoirement nucléaire à la périphérie et énergétique  au centre,

car pendant ce temps, nos petits émirs discrets du Qatar rachètent ce qu'il y a de pire en France (le PSG), mais aussi le fleuron de notre industrie parce que le pétrole ne coulera plus dans soixante ans, pas même au large de l'Ecosse.

Belle crise.