La galère pour se dépêtrer de condylomes quand on est séropo

Publié par Sisang66 le 11.05.2016
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La présence de condylomes (verrues ou néoformations d’origine virale localisées au niveau des muqueuses génitales ou anales) est le résultat de l’infection par le Papillomavirus humain (HPV), infection sexuellement transmissible la plus fréquente. On peut être porteur de HPV et rester asymptomatique sans développer de lésions telles que des condylomes. L’utilisation du préservatif ne permet pas de se protéger efficacement des HPV. Il suffit d’un simple contact, par exemple avec les doigts ou avec un objet pour les transmettre d’un organisme à l’autre.

Cas particulier des séropos

Se débarrasser de condylomes pour un séropo (porteur du VIH) est bien plus difficile que pour un séroneg et on le comprend du point de vue de l’immunité. Les séropos développent plus facilement des condylomes et ces condylomes sont beaucoup plus envahissants. A peu près un séropo sur quatre développe des condylomes. Par ailleurs, il est bien plus contraignant de traiter et de déloger des condylomes anaux. On ne peut pas appliquer de crème comme lorsqu’ils se situent à l’extérieur du corps, la réponse n’est que chirurgicale.

Suivi médical : un parcours du combattant

La stratégie pour venir à bout de condylomes n’est qu’une stratégie destructrice. Il s’agit de l’application d’une crème (ALDARA® crème dont le principe actif est l’imiquimol) ou d’une intervention au laser ou à l’azote liquide pour retirer les condylomes de la peau et des muqueuses et espérer qu’ils ne reviennent plus. En cas de condylomes anaux, l’anesthésie générale s’impose. Il y a beaucoup à redire sur les médecins peu habituéEs à voir des hommes séropos porteurs de condylomes anaux. Ils ne vous disent pas tout et ne font pas tout ce qu’ils devraient faire. CertainEs oublient au fil des consultations que vous leur avez dit que vous étiez séropositif. Il est bien plus facile de supporter ces soins si on vous dit qu’il faut en moyenne un an pour en venir à bout, si on vous dit qu’en général une dizaine d’opérations ne sont pas de trop pour s’en dépêtrer, étant donné la séropositivité. Chaque récidive est une déception et un échec. Les séropos porteurs de condylomes doivent être patients, les récidives sont bien plus fréquentes que dans le reste de la population. On prend un abonnement chez le gastro-entérologue.

A chaque fois on vous enlève « des pans entiers de chairs », vous avez l’impression qu’on vous a brûlé de l’intérieur et vous avez mal pendant près de deux semaines, le temps que ça cicatrise. Les patients doivent savoir que des crèmes existent pour faciliter la cicatrisation, les médecins oublient ou ne pensent pas à les prescrire. Il ne faut pas hésiter à les demander.

En plus de la douleur des interventions et d’être désespéré par tant de récidives, il faut faire une croix sur sa vie sexuelle. Il faut dire aux personnes en pleine période d’interventions répétées qu’une fois le tout cicatrisé et reposé, elles pourront reprendre une vie sexuelle sans aucune gène. En attendant il faut éviter de s’auto-contaminer, c’est à dire de contaminer une zone de son corps par une autre zone de son corps, notamment par les doigts.

Les médecins ont tendance à oublier de prescrire de l’ALDARA®, permettant aux muqueuses de développer de l’immunité. Il est soumis à prescription médicale et il faut insister auprès des médecins pour en avoir car ils évoquent un caractère irritant de ce liquide.

Lire la suite sur Actup Paris ( Article publié le 11 mai 2016)