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Publié par jl06 le 01.12.2019
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Journée mondiale contre le sida : « Que doit-on faire si le préservatif craque ? »… On a assisté à une séance de sensibilisation au VIH avec des collégiens

REPORTAGE A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, ce dimanche, « 20 Minutes » a assisté à une séance de sensibilisation au collège Jacque Decour, à Paris

Delphine Bancaud - Publié le 30/11/19 à 12h05 — Mis à jour le 30/11/19 à 13h10

Au collège Jacques Decour à Paris, une séance de sensibilisation aux IST et le VIH. LANCER LE DIAPORAMAAu collège Jacques Decour à Paris, une séance de sensibilisation aux IST et le VIH. — D.Bancaud/20minutes

  • Ce vendredi matin au collège Jacques Decour, à Paris, des élèves de 3e ont assisté à une séance de sensibilisation sur le VIH et les IST animée par une équipe médicale.
  • L’occasion de parler aussi de consentement, de contraception et de rapport à la sexualité.
  • Et de poser des questions que l’on n’aurait pas osées avec un prof de SVT !

Des verges en plastique et des préservatifs sur la table. Ce vendredi matin au collège Jacques Decour, à Paris, le matériel pédagogique n’est pas des plus classiques. Car les élèves de 3e reçoivent des invités un peu particuliers : quatre médecins, trois infirmièr(e)s, deux attachées de recherches cliniques du service des maladies inctieuses et tropicales, ainsi que deux sages-femmes du Planning Familial, venus aujourd’hui de l’hôpital Lariboisière et Saint-Louis.

A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, qui aura lieu ce dimanche, cette équipe médicale a décidé de sensibiliser les élèves via des séances d’une heure. « En 2018, environ 6.200 personnes ont découvert leur séropositivité, et on estime que 25.000 seraient séropositives sans le savoir en France. D’où l’importance d’informer les élèves sur cette thématique, d’autant qu’ils le sont bien moins que leurs parents au même âge  », explique le docteur Rami, infectiologue à Lariboisière, qui pilote l’intervention de ce jour. « L’éducation à la sexualité ne rentre pas vraiment dans les programmes, et les discours sur la prévention portent davantage lorsqu’ils sont tenus par des intervenants extérieurs », ajoute Guillaume Thura, le principal du collège.

« Est-ce qu’il faut prendre la pilule avant ou après un rapport sexuel ? »

Les 25 élèves de la séance sont d’ailleurs très concentrés lorsqu’on leur passe des petits films sur les infections sexuellement transmissibles (IST), le VIH et la notion de consentement. « On ne veut pas leur parler uniquement de maladies, mais en profiter pour aborder des questions essentielles pour des ados qui s’apprêtent à démarrer une vie sexuelle, ou en ont déjà une », explique Agathe Rami. Les élèves doivent aussi répondre à un quiz sur le VIH. « Beaucoup ne savent pas que le sida est la phase la plus sévère de l’infection par le VIH. Ils pensent que les deux termes veulent dire la même chose », commente Maguy, attachée de recherche clinique.

Après la théorie, le dialogue. Pour libérer la parole sur ce sujet délicat, l’équipe médicale sépare les filles des garçons. Lola, sage-femme au Planning familial, exposent à un petit groupe d’adolescentes les différents moyens de contraception. Et c’est utile, à écouter certaines questions : « Est-ce qu’il faut prendre la pilule avant ou après un rapport sexuel ? », interroge une adolescente. « La pilule du lendemain, on peut la prendre dans quel délai ? On peut l’obtenir où ? », demande une autre. « Dans les 72 heures. Au planning ou en pharmacie, elle est délivrée de manière anonyme et gratuite pour les mineures », explique Lola. Dans la salle d’à côté, les garçons ont droit au même speech. L’occasion aussi pour les membres de Planning familial de tisser un lien avec les élèves, au cas où elles auraient besoin de leurs services : « Dans nos centres, vous aurez accès à la pilule, des préservatifs et vous pourrez nous poser toutes les questions que vous voulez », explique Clémence, une autre sage-femme.

« Est-ce qu’il faut que mon pénis soit décalotté avant que je mette le préservatif ? »

Puis vient l’atelier pour apprendre à mettre un préservatif. Dans le groupe de Jérémy Zeggagh, infectiologue à l’hôpital Saint-Louis, les éclats de rires résonnent. Car les garçons en profitent pour parler de la taille de leur sexe. « Pourquoi les filles veulent toutes des sexes de 15 centimètres ? », interroge un élève. « C’est dans ta tête. Sais-tu que la profondeur du vagin est comprise entre 8 et 12 centimètres ? », lui rétorque le médecin. Car le but de la séance est aussi de déconstruire certaines idées reçues sur la sexualité. Jérémy Zeggagh en profite donc pour glisser quelques mots sur l’influence du porno : « Si vous reproduisez avec vos copines ce que vous voyez dans ces films, vous allez les faire fuir. Un rapport sexuel, c’est du fantasme, du désir, des caresses. Une femme, il faut toujours la respecter et lui demander de quoi elle a envie », insiste-t-il. Pas question d’utiliser un vocabulaire chaste, le médecin sait que pour être écouté des adolescents, il doit s’exprimer avec leurs mots. « A la fin du rapport, vous allez débander. Il ne faut pas rester dans le vagin de votre copine et il faut sortir tout de suite en tenant bien la capote », explique-t-il en bon pédagogue.

Du coup, les garçons se lâchent sur les questions : « Est-ce qu’il faut que mon pénis soit décalotté avant que je mette le préservatif ? », interroge l’un d’eux. « Et si je ne fais pas de nœud lorsque j’aurais enlevé ma capote, c’est grave ? » poursuit son camarade. Mais peu d’entre eux osent se servir dans le stock de préservatif. « Il faut toujours avoir des préservatifs sur soi. Si ce n’est par vous, ça peut être pour un copain », insiste Jérémy Zeggagh.

« La prévention fait pleinement partie des missions d’un médecin »

Aux adolescentes aussi, le docteur Rami apprend à placer un préservatif sur une verge en plastique. « Il faut pincer le réservoir, le positionner et le dérouler », explique-t-elle. Mais les questions des filles se font plus rares et plus pudiques. Et certaines d’entre elles ont l’air gêné en saisissant le faux sexe. « Que doit-on faire si le préservatif craque ? », se lance l’une d’elles. « Il faut prendre la pilule du lendemain et s’il le faut, un traitement post-exposition accessible dans un centre de dépistage anonyme et gratuit ou aux urgences  », explique Agathe Rami.

La sonnerie de la récréation retentit, mais les élèves ne sont pas pressés de partir. « Je savais déjà beaucoup de choses, mais c’est toujours bien de raviver ses connaissances », affirme une élève. « Moi, j’avais déjà appris à mettre un préservatif en cours de SVT l’an dernier », déclare un élève. « J’ai appris plein de trucs sur le VIH et les IST », indique une adolescente. Les enseignants de SVT qui ont assisté à la séance ont l’air aussi satisfaits : « C’est très complémentaire avec nos cours. L’équipe médicale est plus au fait que nous sur le traitement des IST et les élèves osent davantage poser des questions », relève Madame Basoin, professeur de SVT. « Pour nous aussi, ces séances sont très importantes. Car la prévention fait pleinement partie des missions d’un médecin », déclare Agathe Rami.

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"Le sida, les jeunes s'en foutent" : le cri d'alarme d'une responsable de Sidaction

  le cri d'alarme d'une responsable de Sidaction INTERVIEW - À l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, ce dimanche 1er décembre, la directrice des programmes France de Sidaction, Sandrine Fournier, se désole du manque d'information des jeunes à propos du VIH.01 déc. 08:00

"Vous sentez-vous suffisamment informé sur le virus du sida ?". Comme chaque année, cette question avait été posée au printemps dernier par l'Ifop à des jeunes de 15 à 24 ans. 23% des sondés avaient alors répondu par la négative. Un chiffre inquiétant, d'autant plus qu'en forte hausse : il y a 10 ans, seuls 11% des jeunes avaient ce sentiment. Même s'il est de mieux en mieux traité, le sida demeure une maladie dont on ne guérit pas, et que chacun peut contracter. Pour limiter les risques, l'Éducation nationale "doit beaucoup mieux faire", regrette la directrice des programmes France de Sidaction, Sandrine Fournier, en cette journée mondiale de lutte contre le VIH.

LCI : Plus d'un jeune sur cinq s'estime mal informé sur le sida. Comment expliquer ce chiffre ?

Sandrine Fournier : La thématique du VIH est bien moins présente dans l'environnement des jeunes, à l'école ou dans les médias. Il y a 20 ans, on entendait régulièrement parler du VIH, le thème était très prégnant. Aujourd'hui, nous en entendons parler seulement deux fois par an. C'est vraisemblablement insuffisant, en tout cas pour maintenir un réflexe préventif.

Le sujet est-il tabou chez les jeunes ?

 Il n'est pas simple de répondre à cette question car le sida, les jeunes s'en foutent. Pour la plupart d'entre eux, c'est très lointain, c'est une maladie de vieux, associée aux années 80. Il y a une représentation banalisée du VIH : cela devient une maladie chronique, donc pour eux cela n'est pas un sujet majeur. En même temps, quand un jeune apprend qu'il est porteur du VIH, sa perception immédiate est celle d'une annonce de mort. Par la suite, cela va changer en apprenant qu'il y a des traitements et qu'il ne transmet plus le VIH une fois qu'il est traité, mais cela demeure une annonce de mort sociale.

Pourquoi une mort sociale ?

Il y a de moins en moins de personnes qui témoignent du VIH, elles ne sont pas visibles. Le sida est encore une exception car c'est une problématique sociale. La stigmatisation et la discrimination des personnes séropositives est toujours aussi importante. Il était peut-être même plus aisé de parler du VIH il y a 20 ans qu'aujourd'hui.

Quels sont les modes d'information des jeunes à propos du virus ?

Les jeunes vont sur internet, mais sans toujours avoir le réflexe de vérifier les informations qu'ils y trouvent. Ce qui nous frappe, c'est le niveau encore trop élevé d'idées reçues ou de fausses croyances. Les jeunes peuvent penser que la pilule contraceptive d'urgence peut protéger du VIH, certains pensent même qu'ils prennent un risque en embrassant une personne séropositive, ce qui n'est évidemment pas le cas.

Et au niveau de la prévention ?

Le niveau auquel les jeunes ne connaissent pas les moyens de prévention est aussi frappant. Il existe par exemple des traitements post-exposition, prescrits immédiatement après avoir été exposé au VIH, qui vont empêcher le virus de vous infecter. C'est une mesure simple, accessible partout en France, mais trop peu de jeunes en sont informés.

Il serait très utile d'envisager de faire des campagnes nationales massives qui proposent d'aller chercher de l'information fiable sur la santé sexuelle- Sandrine Fournier

Justement, comment faire pour que les jeunes arrivent à la bonne information ?

Sur les réseaux sociaux, il faut amplifier les actions de prévention. Il y a des initiatives intéressantes, comme celle de l'association lyonnaise de lutte contre le sida, qui a monté des permanences en ligne, tenues par des jeunes gays à destination d'autres jeunes homosexuels. Ils s'interpellent sur des sites de rencontre et les incitent à leur poser des questions autour du VIH, dans un contexte anonyme.

Mais ce genre d'initiatives ne concernent que peu de jeunes…

Tout à fait, mais il faut les multiplier. Il existe aussi le site de Santé publique France, onsexprime.fr, qui contient des informations fiables et des méthodes efficaces. Nous y trouvons des vidéos et des podcasts dans lesquels ceux qui s'expriment sont des jeunes, c'est pour cela qu'il fonctionne bien. 

Comment attirer les jeunes vers ce genre de dispositif ?

Il serait très utile d'envisager de faire des campagnes nationales massives qui proposent d'aller chercher de l'information fiable sur la santé sexuelle. Il y en a eu autrefois, mais il serait temps de faire un focus sur les jeunes.

La prévention en milieu scolaire est-elle suffisante pour sensibiliser les jeunes ?

L'Éducation nationale a l'obligation d'organiser des séances régulières de prévention, mais nous savons que ce n'est pas réalisé dans tous les lycées, et encore moins dans les collèges. Ce qui est encore plus problématique, c'est que ce n'est jamais fait à l'école primaire. Il faut envisager ces questions à un bien plus jeune âge.

N'est-ce pas trop tôt pour parler de ces sujets avec des enfants ?

Il ne s'agit pas de faire des cours d'éducation sexuelle en primaire, mais de leur donner des outils pour qu'ils apprennent à prendre soin d'eux, à respecter leur corps, celui des autres. Si ces compétences sont renforcées, au moment où les jeunes vivront leurs premières relations sexuelles, ils seront en capacité de discuter du préservatif et de savoir dire non. Cela s'apprend et l'Éducation nationale a vraiment un rôle à jouer.

73% des jeunes estiment que le ministère de l'Éducation nationale ne fait pas assez pour l'information sur le VIH. Et vous ?

Je pense qu'il faut faire beaucoup mieux. En plus de s'assurer que les séances prévues dans les collèges et les lycées soient effectivement réalisées, il faut aussi favoriser l'intervention d'associations extérieures à l'établissement, avec des personnes plus proches de l'âge des élèves, ce qui amène une autre forme de relation. Il faut aussi s'assurer que les préservatifs soient effectivement accessibles à l'école, mais nous en sommes loin.