La prévention fonctionne-t-elle seulement par la peur?

Publié par Achille le 11.12.2008
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Ce que je n'aime pas avec la prévention, dans le discours des intervenants qui craignent que la position suisse vienne détruire leurs efforts, c'est le fait que l'on veuille imposer un comportement aux gens par la peur.  C'est un peu ce que les États-Unis ont essayé de faire sous Bush et l'on voit ce que ça l'a donné (bon, je généralise, mais c'est un peu le même principe). 

On peut utiliser une campagne de peur de façon ponctuelle pour obtenir des résultats rapides, le gouvernement Harper au Canada le démontre assez bien actuellement.  Mais sur le long terme, les gens ne sont pas cons et vont finir par poser les bonnes questions.  Une campagne de prévention basée sur la peur qui dure 25 ans ne peut que s'essouffler. L'état d'urgence n'est plus ce qu'il était à l'époque où l'on ignorait la source du vih et où il n'y avait  pas encore de traitement. Mais les lois et perceptions mises en place à l'époque restent encore aujourd'hui malgré leur désuétude.

Les intervenants devraient aussi se poser des questions avant d'utiliser le sida comme bouc émissaire pour forcer les jeunes hétéros à se protéger.  Si leur motivation principale pour les faire porter le condom est de leur dire qu'ils pourraient attraper le sida et mourrir, que vont faire les intervenants quand les jeunes auront réalisé qu'ils ne sont pas si à risque que ça comparer à d'autres clientèles et qu'ils vont arrêter de les écouter?

Ils vont être obligé de parler des autres infections transmises sexuellement auxquelles ils sont vulnérables, mais la confiance avec les jeunes sera coupée.  Et en effet, dire aux gens, tu devrais te protéger car tu pourrais avoir un chlamédya et devenir infertile si tu ne te fais pas tester et soigner ne met pas l'accent sur l'urgence de se protéger (et c'est long à expliquer).   D'ailleurs, combien sont-ils à rire entre potes en se rappelant la fois où ils ont choppés une gono ou des morpions?  Surement plusieurs puisque près de 13 000 cas de chlamédya sont déclarés chaque année chez les jeunes au Québec (c'est à peu près 2600% de plus que de nouveaux cas de vih si je fais des stats rapides?)

"Heureusement", on commence de plus en plus à parler d'hépatite C, et franchement, à entendre les histoires d'horreur de co-infection, je dois avouer que ça me fait peur.  Et donc, dans mon cas, les messages de prévention marchent. 

Mais ça revient encore au même : on démonise une situation et des gens vont être stigmatisés longtemps après que le message de prévention ne soit plus efficace. 

Commentaires

Portrait de alejandro

je suis d'accord avec toi quand tu dis que la peur est contreproductive sur le long terme ; je crois davantage à l'information totale et honnête sur le degré réel des risques et sur ce qu'implique réllement le fait d'être séropo, ce qui permet de dédramatiser sans cesser d'alerter 

ceci dit il ne faut pas non plus faire croire qu'être séropo c'est le pied, qu'on avale trois pillules et que tout va bien ; face par exemple à des jeunes de 18 ans qui découvrent leur sexualité, on a quand même une responsbailité hyper importante... d'abords parce que des milions de personnes meurent encore du sida, en afrique surtout (nous devons avoir une approche globale et pas seulement européo-centrée), que le sida reste et demeure INCURABLE et que même avec des traitements on en bave bien souvent (je sais de quoi je parle !) ! être séropo nécessite d'être hyper costaud psychologiquement pour "bien le vivre" : ce n'est pas donné à tout le monde

donc, ne pas faire peur oui, mais également continuer à inciter sur les risques réels et sur l'état actuel de la vie avec le VIH (qui est quand même loin d'être simple pour bon nombre de personnes touchées)

Portrait de PAMELOS

 La prévention  vise à faire prendre consciense pas à faire peur, n'oublions pas que nous avons  parfois un public d'ados ou de jeune adultes qui entre dans la vie sociale sexuelle ect...

La peur n'évite pas le danger et elle va parfois à contre sens de ce que nous voulons faire passer  lors d'actions d'information et de prévention  la réalité de la situation d'urgence à agir pour que la chaine de contamination soit briser peut effectivement  se faire sans faire peur !

Adapter l'information et prévention celon le public qui écoute avec  crédibilité et conviction que seule les contaminés peuve faire passer voilà ce qui ressort des action que je menne dans les collèges et lycées et ils en redemandent!