La Suède et le COVID-19

Publié par mohican le 21.06.2020
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Avec plus de 500 morts par million d'habitants, la Suède fait partie des Etats les plus touchés par le Covid-19 dans le monde. Malgré sa stratégie de non-confinement, le pays est loin d'atteindre l'immunité collective.

Question posée par le 15/06/2020

 

Bonjour,

Lundi 15 juin, une cérémonie en hommage aux victimes du coronavirus a été célébrée au Parlement suédois, alors que le royaume de 10 millions d’habitants venait de dépasser le nombre de 5 000 décès liés au coronavirus. Un événement rare, rappelle l’agence de presse suédoise TT, puisque seules quatre commémorations avaient été organisées en plus de trente ans dans ce lieu. Elles avaient été consacrées aux 534 Suédois morts lors du tsunami de 2004 en Asie du Sud-est, aux victimes de la catastrophe du ferry MS Estonia en 1994, et aux assassinats du Premier ministre Olof Palme en 1986 et de la ministre des affaires étrangères Anna Lindh en 2003.

500 morts par million d’habitants

Selon les derniers chiffres communiqués par l’agence de santé suédoise, le pays dénombre, au 18 juin, 5 053 décès dus au Covid-19 et 56 043 cas d’infections confirmés. Avec 500 morts par million d’habitants, la Suède fait partie des pays les plus touchés par la pandémie dans le monde (derrière la Belgique, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne, et juste avant la France).

Contrairement à la majorité des pays européens, la Suède n’a pas appliqué de confinement strict. Le gouvernement a simplement émis des recommandations à sa population pour qu’elle respecte des mesures de distanciation sociale, mais divers lieux comme les commerces, les restaurants et les écoles primaires n’ont jamais fermé. Cette approche détonante a souvent fait l’objet de critiques, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. Il est notamment reproché à l’épidémiologiste en chef, Anders Tegnell, de ne pas avoir mesuré la dangerosité du virus.

En charge de la stratégie suédoise, Anders Tegnell a admis début juin que «si nous devions rencontrer à nouveau la même maladie, en connaissant exactement ce que nous savons d’elle aujourd’hui, je pense que nous nous arrangerions pour faire quelque chose qui serait à mi-chemin entre ce que la Suède a fait et ce que le reste du monde a fait». S’il estime que la stratégie suédoise n’est pas entièrement à jeter, il reconnaît notamment qu’elle n’a pas réussi à protéger les personnes âgées, souvent victimes du virus dans les maisons de retraite.

L’immunité collective loin d’être atteinte

Dans un précédent article sur l’immunité collective, CheckNews rapportait que l’ambassadrice de Suède aux Etats-Unis, tout comme l’épidémiologiste en chef, Anders Tegnell, et son prédécesseur, Johan Giesecke, prédisaient, à l’aide de modélisations mathématiques, que l’immunité collective pourrait être atteinte dans la région de Stockholm au cours du mois de mai. L’immunité collective correspond au moment où la circulation du virus commence à ralentir, les deux tiers de la population ayant été infectés et étant immunisés.

Cette prédiction ne s’est pas accomplie. Fin mai, Anders Tegnell reconnaissait auprès de la radio publique américaine NPR à propos de l’immunité collective censée être acquise à Stockholm : «Ça n’arrivera pas.» L’épidémiologiste avait reconnu que le nombre de personnes ayant été contaminées dans le capitale était encore inférieur à 30%.

Quant au reste du pays, il est encore bien en dessous de ce taux. Selon une étude présentée le 18 juin par l’agence de santé suédoise et réalisée à partir de 1 104 prises de sang de neuf régions différentes, seuls 6,1% de la population suédoise présentaient des anticorps contre le virus à la fin du mois de mai, contre 4,7% à la fin du mois d’avril. «La propagation est plus faible que nous le pensions, mais pas beaucoup plus faible», a déclaré Anders Tegnell, lors de la présentation de ces chiffres, reconnaissant ainsi que le pays est encore loin de l’immunité de masse.

Alors que les Suédois s’apprêtent à célébrer Midsommar, l’importante fête du solstice d’été qui a lieu ce week-end, Tegnell a rappelé à ses compatriotes qu’«il est très important cet été et pour Midsommar de garder une distance entre vous. Si vous voyagez, vous devez le faire de manière responsable». Les vacances sont d’ailleurs un sujet d’inquiétude pour les Suédois, puisque en raison de la stratégie suivie, ils ne pourront pas forcément quitter le pays pour leurs congés d’été. Mercredi, le ministère des Affaires étrangères a communiqué la liste des 10 Etats (Belgique, Croatie, France, Grèce, Islande, Italie, Luxembourg, Portugal, Suisse et Espagne), où les Suédois pourront partir à partir du mois de juillet. L’édition suédoise du média anglophone The Local explique que «cette décision n’est pas fondée sur une évaluation de l’épidémie de coronavirus dans ces pays, mais sur le fait que ces pays n’ont pas introduit de restrictions pour les Suédois qui s’y rendent». On notera ainsi que les voisins nordiques de la Suède n’en font pas partie, car ils ont introduit des restrictions, y compris des quarantaines, pour les voyageurs en provenance de Suède.