Les sélectionneurs, de Denis Belloc.

Publié par romainparis le 03.02.2011
1 245 lectures

Pour mieux comprendre mon intérêt pour le livre, sublime, de Belloc, un extrait de mon essai "Nageur en eaux troubles" :

"Dans les cours d’histoire, nous étudiâmes la Seconde guerre mondiale. Aucune mention dans les livres ni de la part des professeurs, de la déportation et l’assassinat de milliers d’homosexuels dans les camps de la mort nazie. Changer ou modifier une irréfutable vérité s’appelle du révisionnisme et du négationnisme ! La découvrir bien plus tard me marqua.

Après des recherches, je pris connaissance, avec dégoût, de l’effacement des gays de l’histoire humaine. Réfuter et oublier consciemment la souffrance d’êtres humains représente le pire des mépris et insultes. Sur les milliers d’hommes gays déportés, ceux qui ont survécu furent ensuite condamnés au silence et à l’oubli. Mon coeur est donc recouvert d’un triangle rose exprimant toute ma douleur à l’injustice qui leur a été infligée. Infligée par les barbares et par ceux-là mêmes qui ont condamné la barbarie. Hypocrite Nuremberg, qui vous a effacé comme pour vous dire « vous l’avez méritez » et « vos vies n’ont aucune valeur ». Pierre Seel, Hans Heger… et vous tous jamais revenus, je vous le dis, vos vies n’ont pas été inutiles. Je suis votre enfant, je serais votre souvenir et je transmettrais vos histoires."

 

"Les sélectionneurs" sont, à ma connaissance, le seul ROMAN qui a été écrit sur le sujet des Triangles roses. Il existe de rares témoignages. Je prétends bien connaître le sujet d'une manière littéraire, ai même rencontré Pierre Seel lors de la projection à Paris du documentaire Paragraphe 75 et cet homme me marquât par son humour.

Ainsi, d'après moi, le roman de D.Belloc, écrit en 1998, ne tombe dans aucune commisération, ni victimisation. C'est un récit brut, sans fioritures et qui, d'un point de vue historique, ne semble pas le trahir. L’intérêt de ce livre est aussi d'englober l'ensemble des catégories de déportés et que notre "héros", ou plutôt "héroïne", est allemand. La majorité des déportés au triangle rose furent allemand. 

"Les sélectionneurs" est un chef-d'oeuvre, je regrette de ne pas l'avoir découvert bien avant.