Lucky is here

Je l'ai appellé Lucky parce que son compagnon s'est bêtement noyé dans une cuve de récupération d'eau de pluie. Lucky est trop malin pour ça. C'est un survivant.

Je l'ai entendu ce matin en démarrant l'informatique, la main sur le café au lait. Il se baladait sur le toit et je croyais qu'il ne faisait qu'une pause entre deux chênes, merisiers ou autres acacias.

Mais il est descendu sur la terrasse, sa nouvelle frontière d'où il m'a gentiment nargué, de mammifère à mammifère.

Lui, l'écureuil, rapide, léger de son petit kilo, courant, sautant,volant de branche en branche et ne s'arrêtant qu'un instant pour ses petits cris "à la skippy" quand il me voit.

Moi, l'homme, lent comme ceux de mon espèce, lourd et incapable de voler sans polluer, m'arrêtant souvent pour réfléchir ou faire du feu et incapable de saisir l'appareil photo à temps.

il est vite reparti à ses occupations : l'automne, plus de temps à perdre, trop de liberté.

Tant que Lucky ou son successeur hanteront ce coin de forêt, cette prairie en pente douce, cette vue à des dizaines de kilomètres, je reviendrai ici et je dirai merci.