ma vie en quelques mots.

Publié par Mahoaka le 09.03.2011
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Je transcrit ici une lettre que j'ai écrite "à qui de droit" le 7 décembre 1998.

"La présente pour vous expliquer ma situation afin que vous puissiez prendre une décision favorable suite au certificat médical prolongé que le DR. G. m'a prescrit. Ainsi je vous fait une brère description des évènements les plus marquants de ma vie. Mon père un pharmacien de Montréal, est décédé d'un infarctus du myocarde à 37 ans. J'avais 9 ans. Ma mère était bipolaire, je l'ai su plus tard. Elle est morte à la suite d'un cancer du rein en 1966. Elle avait 40 ans, moi 13 ans et ma soeur 11ans. Nous avons été placées chez des tantes et un an plus tard dans une école de réforme de Laval, simplement parce que nous étions orphelines et que personne ne voulait de nous deux. Quand "ils" ont voulu me séparer de ma soeur pour nous placer dans des foyers nourriciers différents, je me suis sauvée avec elle jusqu'en Californie. J'avais 16 ans. À 17 ans : arrestation et retour à l'école de réforme.

Libérée à 18 ans, j'ai commencé à travailler dans un petit resto de Montréal. Deux ans plus j'étais co-propriétaire de ce resto. Je travaillais 7 jours par semaine de 12 à 16 heures par jour.

A 25 ans, mon resto vendu, je me suis mise à travailler dans des bars où je ne comptais pas mes heures de travail non plus. C'est à cette période que j'ai commencé à boire beaucoup et à renifler de la cocaine.

En 1984 j'ai 31 ans. Depuis un an ma jambe droite est semi-paralysée à cause d'une hernie discale, lombaires 4 et 5, qui coince mon nerf sciatique. De rx en myélographies on refuse de m'opérer car je bois trop. Mon hernie serait dûe au fait que je porte mes lourds cabarets toujours du même côté quand je travaille. Finalement DR. L. me fait une discoïdectomie à l'hôpital F. de Montréal. La chirurgie est réussie.

En 1989 j'arrête toute consommation de substances et volontairenment je fais une thérapie à l'interne d'un mois. Je serai complètement abstinente durant 6 ans.

En 1990 je suis technicienne depuis 2 ans dans un laboratiore de développement de photos. Je me sens mal à l'aise avec tous les produits chimiques que je manipule et j'ai souvent des nausées. Vu que j'ai déjà beaucoup bu mon médecin me prescrit une échographie du foie. C'est une tumeur maligne au rein gauche qu'on me découvre par hasard: un hypernéphrome. Le 25 mai 1990 le Dr. A., urologue, me fait subir une néphrectomie radicale gauche à l'hôpital S.C. de Montréal. Ensuite, je vais bien mais c'est la panique car à tous les 3 mois on me cherche des métastases aux poumons. C'est l'épée de Damoclès...

En 1995, à cause d'une inflammation chronique de l'utérus je subis une hystérectomie-salpinjectomie la l'hôpital H.D. de Montréal. Je me relève bien de l'opération mais en pathogie, lors de l'analyse de mon utérus, c'est un autre cancer qu'on me découvre: un micro-envahisseur de l'endos-col. La chirurgie m'a guérie mais je suis atterrée et mon moral m'a lâché. Je me suis remise à boire encore plus qu'avant, à fumer du canabis et à prendre toutes sortes de médicaments prescrits ou non.

Le 4 novembre 1997 j'ai cessé encore une fois toutes mes comsommations de substances car j'avais peur d'en mourir. Au début de 1998 je suis retournée faire une thérapie à l'interne et c'est là que j'ai appris que j'ai l'hépatite C. Elle est chronique, active mais légère. Malgré mon abattement à cette nouvelle j'essaie de reprendre confiance parce que les enzymes de mon foie sont stables pour le moment. A ce jour, je suis abstinente.

Après ma thérapie, je me suis inscrite à des cours d'horticulture ornementale dans les Laurentides à 70 k. de Montréal. J'ai commencé ce cours avec l'espoir de me créer de nouvelles relations et d'y acquérir de nouvelles connaissances qui pourraient m'orienter vers une nouvelle carrière. Mes résultats d'examens étaient très bons.

Le 6 octobre 1998 je me sentais faible, étourdie et nauséeuse, depuis une semaine et je m'absentais de mes cours. Dans la nuit une forte douleur à l'estomac m'a réveillée et je me suis mise à vomir du sang. Vu que je n'ai pas de téléphone pour appeler l'ambulance (je vis seule et je n'ai pas de voiture) j'ai dû marcher jusqu'à l'hôpital qui heureusement n'est pas loin de chez moi. A l'urgence le lendemain matin, une gastroscopie a démontré que j'ai des ulcères multiples à l'estomac, ce qui a provoqué une hémoragie digestive supérieure qui par la suite m'a causé de l'anémie. Une biopsie m'a rassurée, je n'ai pas un autre cancer ni de bactéries H. Pilori. Bref mon médecin ne sait pas pourquoi j'ai tant d'ulcères digestifs. Après les traitements aux antibiotiques, j'ai repassé une gastroscopie et j'aurai les résultats le 17 décembre prochain.

Aujourd'hui je n'ai que 45 ans mais je me sens vieille, épuisée, fatiguée de tous mes ennuis de santé, usée et insécure. J'en suis au point d'avoir peur de sortir de la maison parce qu'à chaque fois que j'entreprends quelque chose, je tombe malade. Je suis dépressive et très déprimée d'être dans cette situation. Mais c'est ma réalité et le Dr. G., psychiatre qui me connait depuis longtemps, croit que j'ai besoin d'un long laps de temps pour me rétablir autant physiquement que moralement.

Veuillez agréer mes salutations distinguées,"

Mahoaka.

PS. En 1999 il a été prouvé qu'en 1990 lors de l'ablation de mon rein, j'ai reçu une transfusion de sang contaminé au VHC de la Croix Rouge.

http://archives.radio-canada.ca/sante/sante_publique/dossiers/850/

Commentaires

Portrait de maya

tu es très courageuse mahoaka, tu as subi beaucoup d'épreuves...

Ton psychaitre te prescrit-il des aides médicamenteuses pour t'aider à sortir de la situation actuelle ?

Bien à toi,

maya

Portrait de Mahoaka

Mahoaka

Merci pour ton gentil commentaire Maya.

Je ne vois plus mon psychiatre depuis le début des années 2000. J'ai réussi à finir par m'en sortir (+ que -) sans anti-dépresseurs que j'ai essayés mais qui semblaient ne pas avoir d'effet sur moi, sauf de me rendre la bouche sèche ! Aujourd'hui je prends 2 ativans par jour, 1 le matin et 1 au dîner, plus 1 sérax au coucher. Je prends des médicaments pour l'estomac et la haute pression, mais ça n'a rien à voir, n'est-ce pas? Tu sais Maya, je pense que je suis née avec un grand appétit pour le bonheur. Sûr, il s'est usé au fil des épreuves, mais il reste une éteincelle dans mon coeur qui ne s'éteindra qu'avec moi. Et le plus tard possible, j'espère. Porte-toi bien.

Bien à toi et encore merci,

Mahoaka