Mon espion polonais

Publié par Ferdy le 10.02.2012
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Autant dire tout de suite que cela n'a rien d'une confidence. J'étais en train de somnoler à l'instant, lorsque m'est revenu en mémoire un amant que j'avais complètement oublié. Je devais avoir vingt-deux ans environ. C'est dire si l'événement remonte à une époque ancienne. 

Je vivais à Paris, j'ai failli écrire comme tout le monde. Un soir, je marchais dans une rue paisible, dans le quartier de l'Opéra. Une automobile me poursuit. Même naïf, je suis capable de reconnaître une bagnole qui fait dix fois le tour pour me suivre. Dans mon souvenir, je n'étais pas à faire le tapin ce soir-là, je rentrais d'une course ordinaire. Un véhicule comme on n'en produit plus en Europe de l'ouest au moins depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, du genre berline. Une immatriculation diplomatique (CD),j'ai toujours veillé à ce genre de détails, je ne sais pas très bien pourquoi. Il fait un peu frais. Le véhicule enfin s'immobilise et apparaît le visage d'un homme aimable et souriant, encore jeune. Il me propose un bonbon, comme si j'étais en quête de quelque sucrerie.

Son regard et son sourire quand il me le propose... c'est ça qui m'est revenu en mémoire tout à l'heure. J'aurais aussi bien pu le garder pour moi, mais cela m'empêchait alors de dormir.

Rien n'est simple, il faut toujours que ça fabrique sa dose de souvenir.

Car dans le regard de cet homme qui me suivait en bagnole, il y avait toute la bonté du monde. J'acceptai une pastille à la menthe. Presque par distraction. Pourtant l'instant de ce regard fut énorme. Et ce sourire aussi. Et cet accent de l'Est auquel je n'étais pas encore habitué.

Il m'invita à monter dans sa voiture, se proposant de me reconduire chez moi. Pas farouche, je trouvais la situation très plaisante. Sans doute faisait-il déjà un peu froid à Paris cette année-là. J'ai bien sûr oublié son prénom qui n'était sans doute pas le sien.

Il était marié, en poste à l'ambassade de Pologne, c'est tout ce que j'ai pu savoir le concernant. Il m'invita à dîner, dans un restaurant assez chic près de chez moi, puis nous retournâmes vers l'auto dans laquelle nous connûmes une brève jouissance.

Les jours suivants, il me téléphonait mais tombait à chaque fois sur mon mec. Il raccrochait immédiatement. 

Tout dans cette histoire me paraissait étrange, il était clair que j'étais tombé sur un espion, habile et souriant, assez bien foutu je dois dire, et pourtant je crois l'avoir aimé, au moins quelques heures, avec tous ses secrets, ses mensonges, son accent si charmant en français, et sa première approche consistant en une pastille à la menthe,

aussi, je revois son regard clair et son sourire bienveillant, je n'en ai jamais revu de pareil.

Commentaires

Portrait de badiane

comme disait ma mère, coucher avec le cachibi pour une pastille à la menthe, certes qui a des vertus digestives,

hum! une histoire en vaut une autre, ça me rappelle le flirt avec le grand boxeur américain qui s'est assis sur mes genoux dans le métro, alors, qu'il restait de la place, mort de rire avec son grand copain, moi, bon public et pas toujours farouche, je ris aussi face à la mine grise des autres usagers, le plus dur fut de communiquer avec lui en anglais car j'ai le goût des langues seulement au toucher, au goûter, au coucher,

 nous atterissions dans un bar chic pas loin de la place vendôme (et oui, je vivais dans une chambre de bonne mais parfois j'ai eu des heures luxueuses) nous riâmes beaucoup surtout parce-que j'étais grise, ma petite voix m'alerta de partir en douce, cette fois, je prétextais d'aller au wc et escaladais l'escalier en pierre, vite fait, je ne sais pas pourquoi, je n'en profita pas plus ce soir là, c'était un garçon sympathique et beau gosse, un désir de liberté peut-être, plus de métro, pour retourner aux buttes chaumont, ça faisait une trotte, pas grave, j'étais jeune, je devais avoir 22 ans...il n'avait pas un regard clair à la bruno cremer, des yeux noirs et un sourire de tombeur..hum!!