MON EXPERIENCE DU VIH : TEXTE 18

A un moment donné, un peu plus tard, une évidence est montée en moi. Une évidence, je n'ai pas d'autres mots : l'amour que j'éprouvais pour ma mère était d'une nature tout à fait incestueuse.

Ma mère m'avait toujours raconté qu'elle avait quitté mon père au moment de ma naissance. Elle me disait que mon père n'était même pas venu me voir à la maternité, qu'elle était remontée toute seule avec moi sur les bras et que de retour à la maison, elle avait fait ses valises pour retourner chez sa mère.

Plus tard, ma tante m'avait dit que cela ne s'était pas passé comme cela. Elle m'a raconté qu'il n'y avait plus d'eau dans la citerne de la maison de mon père et que pendant quelques temps, j'avais été avec elle et mon oncle. Ce n'est que plus tard que j'ai été placé chez ma grand-mère maternelle.

Or, mes grands-parents ne dormaient plus ensembles. Ils ne se parlaient même pour ainsi dire plus. Et toutes les nuits, jusqu'à l'âge de six ans, j'ai dormi dans le lit de ma grand-mère. Sauf le week-end ! Tous les vendredi soir, après la semaine d'usine, ma mère venait me chercher et me ramenait dans son deux pièces, et je dormais dans son lit.

Et cela a continué.

A six ans, je suis rentré au cours préparatoire, et le soir, à nouveau, je dormais dans le lit de ma mère.

Je ne sais plus à quel âge j'ai eu enfin un lit à moi, mais c'était tard : 7 ou 8 ans.

Il parait que dans certaines cultures, cela ne pose pas de problème, mais à moi, cela m'a posé de gros problèmes.

Alors, découvrant la nature incestueuse de cette relation, je me suis demandé si c'était normal. Oui, c'est normal ! Ouf ! C'est un stade normal du développement de l'enfant, c'est le fameux complexe d'oedipe. En revanche, ce qui est pathologique, c'est de ne pouvoir le résoudre. Pour y parvenir, j'aurais eu besoin d'un père.

Non seulement le mien était absent et en plus, j'ai passé 8 ans de ma vie dans le lit des femmes.

Je n'étais donc pas aidé pour résoudre cet oedipe.